Roumanie : le candidat « prorusse » défie les pronostics et arrive en tête

©CreativeCommons
©CreativeCommons

C’est la divine surprise pour la branche la plus souverainiste de la droite roumaine. Alors qu’il n’était crédité que de 8 % des intentions de vote, Călin Georgescu, 62 ans, un candidat qui ne se présente sous le drapeau d’aucun parti mais qui se positionne à droite toute de l’échiquier politique roumain, a recueilli 22,94 % des voix au premier tour de l’élection présidentielle qui s’est tenue ce dimanche. Il devance le Premier ministre social-démocrate Marcel Ciolacu qui a récolté 19,15 % des voix, et la candidate du parti de centre droit (Union sauver la Roumanie), qu’il affrontera au second tour, le 8 décembre prochain : Elena Lasconi, 52 ans, maire d’une petite ville du centre du pays.

Le candidat inattendu qui a su séduire les Roumains

Călin Georgescu vient bousculer tous les pronostics. Il a détrôné le candidat du parti nationaliste Alliance pour l’unité des Roumains, qui était monté dans les sondages jusqu'à 19 % des intentions de vote mais qui n’en a, finalement, réuni que 13,87 %, en quatrième position. À eux deux, ces candidats patriotes rassemblent plus de 35 % des voix, illustrant un tournant majeur sur la scène politique roumaine alors que le pouvoir est détenu par une coalition entre un président de centre droit et un Premier ministre issu de la gauche socialiste.

La percée de Călin Georgescu tient beaucoup à sa présence massive sur le réseau social TikTok, où il a mené une campagne particulièrement active. Avec près de 300.000 abonnés et plus de 3 millions de « j’aime » cumulés sous ses vidéos, le nationaliste a réussi à capter l’intérêt des jeunes générations. Il a imposé ses thématiques souverainistes dans un contexte de méfiance croissante envers le gouvernement en place, sur fond d’inflation endémique. L'envolée des prix a atteint une moyenne impressionnante de 43,4 % par an au cours des trois dernières décennies. Soutien aux agriculteurs roumains, volonté d’augmenter la productivité et de sortir de la dépendance de l’importation, Călin Georgescu n’hésite pas, non plus, à se montrer fervent orthodoxe sur les réseaux sociaux, ce qui n’est pas pour déplaire aux Roumains.

@calingeorgescuoficial

Une politique étrangère qui pourrait bousculer la scène internationale

Qualifié de « prorusse » par un grand nombre de médias, objet d’une procédure pénale pour avoir notamment qualifié de « héros » deux membres du Mouvement légionnaire, parti fasciste créé dans l’entre-deux-guerres, le candidat à la présidence fait souffler un vent de panique chez les défenseurs de l’OTAN et de l’Ukraine. L'Ukraine partage une frontière de 650 kilomètres avec la Roumanie, dont le rôle est souvent qualifié de « vital ». En effet, 5.000 soldats de l’OTAN sont accueillis au sein de ses frontières et les céréales ukrainiennes exportées massivement vers l'Europe transitent par le territoire roumain depuis le début de la guerre. L’actuel gouvernement, qui affiche un soutien inconditionnel à l’Ukraine, voit donc sa position fragilisée par ce candidat bien parti pour emporter l’élection présidentielle. Et qui a clairement annoncé son intention de cesser toute aide à sa voisine.

Călin Georgescu a, par ailleurs, reçu les soutiens de différentes personnalités politiques françaises eurosceptiques, comme François Asselineau ou Florian Philippot. Ce dernier a salué, sur X, la « magnifique claque pour l’UE, pour l’OTAN et les faucons » que constituent les scores du candidat à la présidence de la Roumanie. Pas de quoi rassurer la gauche française traumatisée par la poussée du RN et l'élection de Trump.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 27/11/2024 à 23:05.

Vos commentaires

44 commentaires

  1. La vrai question est de savoir pourquoi, malgré les avertissements de Soljenitsyne, les occidentaux ont réussi à tolérer de tomber dans un système qui les oppresse alors qu’ils avaient exprimés leur refus sans manifester plus de colère.

  2. Suite Le Premier ministre pro-européen Marcel Ciolacu est arrivé en tête du premier tour de la présidentielle en Roumanie, dimanche 24 novembre. Le vote est malgré tout marqué par une percée de l’extrême droite qui pourtant n’est pas assurée de se qualifier au second tour.
    Le dirigeant social-démocrate est crédité de 25 % des suffrages, devant Elena Lasconi (18 %), maire centre-droit d’une petite ville, et deux candidats nationalistes (15 à 16 % chacun), selon des sondages réalisés à la sortie des urnes.

  3. Ouest-France / Publié le 24/11/2024 à 22h19
    « Marcel Ciolacu, le Premier ministre pro-européen, est arrivé en tête du premier tour des élections présidentielles en Roumanie, dimanche 24 novembre. ANDREI PUNGOVSCHI /AFP
    Etonnant, non ?

  4. La Roumanie (le 21 novembre) vient de commander 32 avions de chasse américains F35 ! La France 2ème contributeur au budget de l’UE (env 29 Mds Euros) va donc permettre à la Roumanie d’acheter des avions américains au lieu de Rafale par exemple. La Roumanie encaisse, depuis 2007, les fonds européens (environ 70 Mds euros) et enrichie les USA !!!! Y’a pas 3 ou 4 Mds euros à récupérer là ?? Les cocus comptez-vous !

  5. On peut en tant qu’observateur lambda visualiser la position géographique de la Roumanie avec son voisin ukrainien et les relations de voisinage ne sont certainement pas au beau fixe ; la Roumanie pays de l’UE va être mis au ban des accusés si d’aventure l’arrivée au pouvoir de ce pro-russe , mais surtout nationaliste serait effective.

  6. 35% de votes nationalistes, c’est déjà bien, mais est-ce que ca sera suffisant pour l’emporter au second tour ? Il faudrait que au moins la moitié des « centre-droit » votent pour eux … Surtout avec les magouilles habituelles …

  7. Que la paix revienne. Pour cela il faut reconnaitre le droit vital de la Russie à un accès libre à la Mer Noire. Pour l’instant on veut faire entrer l’Ukraine dans l’Otan et l’UE ce qui de facto reviendrait à organiser un blocus de la Russie en lui supprimant son débouché vital. La Roumanie comprend peut-être mieux que les Français les problèmes de cette région

    • Vous avez résumé le seul objectif de V. Poutine. On veut nous faire oublier que le Dombass et régions avoisinant étaient pro-russes et l’Ukraine y guerroyait depuis 2014 our les « Ukrainiser ». Les habitants auraient demandé au résident russe de les sauver, qui en a profité pour se ménager un couloir vers la Crimée et la mer noire. N’oublions pas non plus les accords de Minsk, non respectés par l’Ukraine. Quant aux petits guerriers de salons de l’UE et le quarteron de généraux en pantoufles qui squattent les plateaux TV, il ferait bon qu’ils se montrent un peu plus équilibrés dans leurs avis.

      • Des généraux retraités qui n’ont plus que les plateaux télé pour nous raconte ce qu’ils estiment, pensent, imaginent. Retraité moi aussi, je ne suis jamais invité par un média de mon petit niveau local, pourtant je me suis occupé de logement, de mobilité, d’urbanisme…et je dis qu’après quelque années en retraite on a perdu le fil, comme ces messieurs de plateau qui ne sont plus aux manettes.

    • Exact et le plus grand responsable de la situation actuelle ce serait les USA via l’OTAN qui aurait organisé ce blocus. Cette position serait totalement irresponsable comme de fournir des armes longue portée ce qui crée un conflit beaucoup plus grave et une menace pour l’ensemble du monde.

Laisser un commentaire

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

Un vert manteau de mosquées

Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois