Roussel = Doriot ? Suite de la guerre de chefs à l’extrême gauche

FABIEN ROUSSEL

Le problème, avec les échanges de propos outranciers, c'est qu'on est obligé de poursuivre la spirale, jusqu'à l'absurde, pour avoir le dernier mot. Ainsi du match qui oppose, depuis plusieurs mois, Jean-Luc Mélenchon à Fabien Roussel, par petites phrases interposées. Chacun chasse un peu sur les terres de l'autre. C'est à qui s'appropriera le mieux l'héritage de la gauche depuis 1917. Roussel, pourtant plus connu pour ses prises de position franchouillardes (à base de steak en barbecue) que pour son analyse fondamentale du marxisme-léninisme et ses compétences en agit-prop, a encouragé ses sympathisants, il y a quelques semaines, à envahir les préfectures pour protester contre l'inflation. Mélenchon avait alors fustigé, avec une rare mauvaise foi, la violence de tels propos - dont il est lui-même pourtant coutumier.

Dernier épisode en date de ce match pour l'appropriation des mânes de Lénine : Sophia Chikirou, une très proche de Jean-Luc Mélenchon, a tenu sur Facebook des propos particulièrement clivants, immédiatement repostés par le Líder Máximo (honoraire) de La France insoumise : « L’Histoire se répète et il y a du Doriot dans Roussel. » Jacques Doriot (1898-1945) était un communiste passé dans le camp des collabos, qui fonda le Parti populaire français (PPF) et combattit sous l'uniforme allemand sur le front de l'Est. C'est « un tout petit peu » outrancier, on en conviendra. Par ailleurs, ce n'est pas très habile, d'un point de vue électoral, de braquer à nouveau les projecteurs de l'opinion publique sur le comportement de l'extrême gauche pendant la Seconde Guerre mondiale. Le Parti communiste, aux ordres de Staline, se montra enthousiaste à l'arrivée des « travailleurs allemands » (on se souvient de cette une de L'Humanité, en juillet 1940, célébrant la fraternisation)... jusqu'à ce que l'URSS lui dise de retourner sa veste. Maurice Thorez, Secrétaire général du PCF et stalinolâtre obscène, passa toute la guerre à Moscou. Il fallut la fiction du « parti des cent mille fusillés », bricolée après-guerre, pour tenter de faire oublier cette ignominie.

Plus profondément, cette première constatation en appelle une autre : avec tout ce que l'on sait aujourd'hui sur l'horreur du communisme, où qu'il ait été appliqué, dans le monde entier (Russie, Cambodge, Corée du Nord, Viêtnam, Cuba et tant d'autres), sur les mensonges, les massacres, les tortures, les famines...il y a encore un Parti communiste en France, toute honte bue. C'est comme si un quelconque abruti créait un Part national-socialiste français en disant qu'il ne faut pas se limiter à l'expérience allemande et qu'il faut en revenir à la doctrine. Vous voyez ça d'ici. Fin de la parenthèse.

Décidément, Jean-Luc Mélenchon - qui, il est vrai, relève de la tradition trotskiste et non stalinienne, et dont aucun des lieutenants n’a, pour l'instant, sauf erreur de notre part, présenté d’excuses ni tenté de minimiser ses propos - ne sait plus quoi faire pour attirer l’attention. Il a beau faire dire que c’était une manière de fustiger le comportement diviseur du communiste, personne n’y croit. Obligé d’en faire des tonnes, par personne interposée, pour exister, il ne se rend probablement pas compte que cette ligne marginalise, à l’inverse, un parti qui ne lui appartient (officiellement) déjà plus. La surenchère n’est pas nécessairement une bonne chose, quand on ne s’appelle pas Sandrine Rousseau (l’influenceuse vegan la plus célèbre du Web). On aimerait une réponse du berger à la bergère : qu’un des seconds couteaux du PCF publie, par exemple, pour critiquer, de la part de Méluche, les complaisances antisémites et homophobes, les tentations totalitaires et l’habitude d’ostraciser quiconque n’est pas d’accord avec lui, un post du genre : « l’Histoire se répète et il y a du Che Guevara chez Mélenchon. » Encore cela ne suffirait-il pas : beaucoup d’électeurs LFI sont trop incultes pour savoir qui était vraiment le Che et se contentent d’arborer un tee-shirt à son effigie.

Ces gauchistes sont rigolos. Il n’y a qu’une seule chose qui soit moins drôle : leur esprit de sérieux pour la défense d’idées aussi criminelles. Esprit de sérieux, idées criminelles : n’y a-t-il pas un petit Doriot en chacun d’eux ?

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

29 commentaires

  1. Quel pitoyable spectacle que celui des politiques de tout bord lorsque ceux-ci se livrent à des joutes verbales afin d’asseoir leur représentativité au sein de leurs mouvements , asseoir leur suprématie comme dans:  » HIGHLANDER », à la fin il ne doit en resté qu’un . on est vraiment dans un autre monde , très loin de ce que fut la politique des débuts de la 5ème république , à des années lumière de ce que la politique était sous le Gle DE GAULLE . Aujourd’hui nous avons ceux que nous méritons

  2. Bien d’accord avec vous : ces gauchistes sont à la fois ridicules d’incohérences et criminels fossoyeurs du pays par leur aveuglement totalitaire

  3. Je ne vois pas pourquoi on s’acharne sur le « grand JACQUES  » lui aussi croyait à une nouvelle Europe , comme Roussel, même une Europe allemande comme aujourd’hui ,hein ! Fabien !

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