[Royaume-Uni] Cancel culture : il faut détruire le petit bonhomme noir !

Le Blackboy de la ville de Stroud. © Brian Robert Marshall, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=13224122
Le Blackboy de la ville de Stroud. © Brian Robert Marshall, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=13224122

Armé d’une batte, Blackboy (« garçon noir ») a longtemps sonné l’heure, sur une cloche dans la ville de Stroud, dans le Gloucestershire, charmant comté du sud de l'Angleterre. Il date de 1774. Suite au mouvement Black Lives Matter en 2020, il a été question de le démonter de son mur et de le mettre au musée avec une pancarte contextuelle. Un « vidéaste racisé » a une meilleure idée : pourquoi ne pas tout simplement détruire Blackboy ?

Une forte pression militante

© Brian Robert Marshall, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=13224122

La vision wokiste interdit de considérer ce garçonnet vêtu d’un pagne comme le souvenir d’une époque révolue où l’exotisme était d’autant plus apprécié qu’il était rare. Il faut y voir une de ces « images humiliantes d'une époque révolue où le Gloucestershire profitait du trafic transatlantique d'esclaves africains ». Ou encore le témoin d’« une époque d’expansion impériale, lorsque les peuples, les plantes, les graines et les animaux asservis ont été transportés partout dans le monde ».

En 2022, une conseillère écologiste de la ville de Stroud, Catherine Braun, déclarait, lors d’un débat sur Blackboy, que le terme woke est « un compliment » démontrant que l’on est « soucieux de justice sociale et raciale et sensible aux sentiments des minorités opprimées ». Le conseil municipal avait admis que démonter le jacquemart était nécessaire pour ne pas heurter les « sensibilités ». Heureusement pour Blackboy, il est doublement protégé. L’édifice est sur la liste de l’English History (l’équivalent de nos Monuments historiques) et n’appartient pas à la ville mais à une copropriété.

Le concept de « non-conservation radicale »

Mais, aux iconoclastes woke, qu’importe la protection patrimoniale et la propriété. Un vidéaste qui a grandi à Stroud, Dan Guthrie, passe à la vitesse supérieure en demandant la destruction du Blackboy. C’est le thème d’une exposition, « Alcôve vide/Personnage pourrissant » (du 8 février au 11 mai) où sont abordées « les fausses représentations de l’anglicité noire (black Britishness) ».

Dan Guthrie propose à Blackboy un destin en forme de « non-conservation radicale ». Autrement dit, le détruire. Ce personnage de jacquemart est l’obsession de Guthrie. Par le passé, il a co-écrit un long article sur la question. Blackboy y est décrit comme « objet racialisé complexe », représentatif d’une « des formes d’art décoratif racistes ». Seul « le racisme rural des années 1970 » expliquerait « l’incapacité à reconnaître l'iconographie raciste de cette horloge ».

Envoyons les wokistes aux pelotes

La consultation de 2021 faite sur l’avenir de Blackboy s’était soldée par ce résultat : 80 % pour le déplacement, 20 % pour le statu quo. Un résultat à tempérer, puisque les 1.600 votants ne représentent qu’à peine 12 % de la population totale de la ville. La question n’a pas mobilisé les foules, mais la ville de Stroud est obsédée par ces questions. Ces temps-ci se déroule une consultation intitulée « Égalité, Diversité, Inclusion, Équité et Appartenance ». Et qui a reçu le prix Inclusivité & Diversité 2022, délivré par le conseil municipal ? Dan Guthrie

À l’époque de la consultation municipale, la députée conservatrice de Stroud, Siobhan Baillie, avait dit craindre « qu'une certaine minorité de personnes aux voix fortes aient un désir inextinguible de trouver constamment des sujets d’indignation ». Hélas, sa défense était malhabile, voir lâche, car axée sur la compréhension de « la colère suscitée par le racisme ». Blackboy est utile « pour refléter le cheminement de notre pays vers l'égalité aux XXe et XXIe siècles », disait-elle encore. Elle donnait raison à la vision wokiste d’un Blackboy raciste et à un progressisme fantasmé. Or, le patrimoine et l’Histoire ne se défendent pas avec des concessions. C’est en envoyant aux pelotes les wokistes qu’il faut combattre leurs exigences de vandales.

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Samuel Martin
Journaliste

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