Royaume-Uni : les travaillistes mènent une politique… d’extrême droite !

Exit Rishy Sunak, le Premier ministre conservateur britannique, voici Keir Starmer, Premier ministre travailliste en fonction. Mais on peut être de gauche et lutter contre l’immigration. L’arrivée récente des travaillistes au Royaume-Uni n’a pas mis fin aux expulsions d’illégaux ou laissé place à une politique de régularisation massive. Bien au contraire. À peine devenue ministre de l’Intérieur, Yvette Cooper a annoncé des mesures fermes pour lutter contre le trafic d’êtres humains et les périlleuses traversées de la Manche. Au Sun, le ministre déclare : « Nous avons demandé à la police de l'immigration d'intensifier ses opérations au cours de l'été, en mettant l'accent sur les employeurs qui alimentent le commerce des gangs criminels en exploitant et en facilitant le travail illégal ici, au Royaume-Uni. » Chose promise, chose due : le gouvernement vient de procéder aux premières expulsions de migrants vers le Vietnam et le Timor oriental - pays d’origine des illégaux - après des descentes de police dans des stations de lavage et des salons de beauté. « Ceux qui n’ont pas le droit de se trouver dans le pays sont rapidement expulsés », martèle le ministre.

L'extrême gauche est furieuse

À gauche comme à droite, la politique migratoire du gouvernement de Keir Starmer essuie une pluie de critiques. Si la droite dénonce l’abandon du « projet Rwanda » qui prévoyait l’expulsion de tous les demandeurs d’asile - indistinctement de leurs nationalités - vers le Rwanda, l’extrême gauche dénonce quant à elle un traitement inhumain des migrants. Sur X, le Peace and Justice Project du controversé Jeremy Corbyn - exclu du Parti travailliste après des allégations antisémites - dénonce l’interview d’Yvette Cooper dans le Sun et demande : « Au lieu de cela, ils devraient construire un système de migration basé sur des itinéraires sûrs, des soins et de la dignité. »

Just days into government, Labour are boasting about their new immigration enforcement and deportation push in a tabloid that thrives on dividing our communities.

Instead, they should be building a migration system based on safe routes, care and dignity.https://t.co/yglNX6m6qK

— Peace & Justice Project (@corbyn_project) July 21, 2024

Sur les réseaux sociaux les éléments les plus radicaux de la gauche anglaise vitupèrent contre le gouvernement Labour. Sur X, toujours, le « groupe radical de la diaspora juive » Jewdas - considéré comme étant d’extrême gauche et antisioniste - va même jusqu'à caractériser les actions du gouvernement de « Gestapo » alors même que 52 % des sujets de Charles III souhaitent une réduction du nombre de migrants.

Une détermination indubitable

Avec l’abandon du projet Rwanda, une nouvelle politique migratoire se dessine. Mais laquelle ? Contacté par BV, Maximilien Nagy, journaliste franco-britannique, suit de près la situation politique du pays. « L’efficacité du projet Rwanda n’a jamais pu être mesurée, explique-t-il, d’autant que Rishi Sunak, bien que déterminé à le mettre en place, n’en était pas un grand défenseur », analyse le spécialiste. « La lutte contre les trafiquants d’êtres humains et les mafias va-t-elle empêcher l’arrivée de nouveaux migrants ? C’est peu probable », estime-t-il.

Cependant, il est indubitable que les travaillistes vont « se montrer déterminés et fermes sur la question migratoire qui est une des trois priorités des Britanniques aujourd’hui », analyse Maximilien Nagy. D'autant que « le sujet de l’immigration n’est pas un sujet aussi idéologique qu’en France, poursuit-il. Par principe, il n’y a pas une opposition à des restrictions sur l’immigration au Royaume-Uni. » Deux conditions essentielles pour l'efficacité d'une politique d'immigration efficace à long terme.

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