Royaume-Uni : une pétition d’artistes pour réclamer… la messe en latin !

messe

Certes, ce n’est pas l’info du siècle, ni même de la semaine. Mais tout de même... Pendant que nos chers « artistes » appellent à faire barrage, d’autres artistes, outre-Manche, réclament... le maintien de la liturgie traditionnelle romaine. Imaginez ça en France !

En effet, des rumeurs ont circulé, ces derniers temps, sur les réseaux sociaux au sujet d’un possible nouveau tour de vis de Rome, désireuse de restreindre l’usage du rite de saint Pie V, pour ne pas dire plus. Des rumeurs plus ou moins démenties, mais il ne faut jamais sous-estimer la capacité de duplicité des fonctionnaires de la Curie. Face à ces bruits de couloir, au Royaume-Uni où l’Église catholique est loin d’être majoritaire, des personnalités du monde de la culture, britanniques pour la plupart, mais aussi des politiques conservateurs (majoritairement) mais aussi travaillistes, des journalistes, un ancien commandant en chef de la Royal Air Force, chevalier de la Jarretière, etc., ont signé dans The Times une lettre à l'éditeur (petite tribune) intitulée « Latin Mass at risk ». Les curieux pourront consulter plus bas une partie de cette liste avec le curriculum vitae succinct de ces personnalités. Ils constateront que l’on n’y trouve aucun rappeur appelant à éviscérer le roi ou à violer la reine Camilla dans son carrosse. Question d’éducation, sans doute.

Cette tribune fait écho à un appel au pape Paul VI, publié en 1971 dans ces mêmes colonnes du Times, lancé par des artistes et écrivains catholiques et non catholiques, dont Agatha Christie, Graham Green ou encore Yehudi Menuhin (excusez du peu) pour autoriser le maintien de la messe en latin en Angleterre et au pays de Galles. Le rite traditionnel, pour ces artistes, appartenait à la culture universelle car il avait inspiré poètes, philosophes, musiciens, architectes, peintres, sculpteurs dans tous les pays et à toute les époques. Un argument qui aurait dû « interpeller » une Église post-conciliaire si avide d’universalisme…

Les signataires d’aujourd’hui, comme ceux de 1971, ne sont pas tous catholiques, ne sont pas tous croyants et qualifient leur démarche d’apolitique et d’œcuménique. Ils implorent le Saint-Siège de reconsidérer ces restrictions d’accès à ce qu’ils estiment être un trésor, une véritable « cathédrale gestuelle et textuelle ». La perspective d’un bannissement de la messe traditionnelle est, selon eux, douloureuse et déroutante alors même que le nombre de jeunes catholiques, dont la foi a été nourrie par la liturgie traditionnelle, est croissant. Il n’est d'ailleurs pas anodin que cet appel émane d’artistes (véritables). Mais l’Église catholique, le pape et ses évêques sont-ils encore sensibles à cet argument du beau, de la beauté ? On peut se poser légitimement la question, lorsqu'on considère ne serait-ce que les horreurs vestimentaires liturgiques qui sont souvent imposées à notre vue.

Pour couronner le tout, l’une des signataires de cette tribune n'est autre que Son Altesse Royale la princesse Michael de Kent, épouse du prince Michael de Kent, cousin germain de la reine Élisabeth. Née catholique et autrichienne, elle eut pour directeur spirituel le très traditionaliste abbé Jean-Marie Charles-Roux (1914-2014), frère d’Edmonde et, donc, beau-frère du très socialiste et huguenot Gaston Defferre. L’abbé Charles-Roux avait écrit à Paul VI pour conserver le droit de dire la messe traditionnelle : « Saint-Père, soit vous me permettez de célébrer l’ancienne messe, soit je quitte la prêtrise et j’épouse la première jolie fille que je rencontre. » Le pape lui aurait répondu : « Je n'ai pas interdit la messe tridentine, mais n'ai fait qu'offrir une alternative. » On imagine que la princesse Michael de Kent et les signataires de cette tribune attendent du pape François qu’il offre une alternative…

 

Quelques signataires de cette « Lettre à l'éditeur » : le compositeur Lord Berkeley of Knighton, les sopranos Sophie Bevan, Kiri Te Kanawa et Felicity Lott, le chanteur Ian Bostridge, la pianiste Imogen Cooper, la décoratrice Nina Campbell, la chef d’orchestre Jane Glover, l’acteur et réalisateur Lord Fellowes of West Stafford, la romancière Antonia Fraser, l’actrice Susan Hampshire, qui fut jadis l’épouse du réalisateur Pierre Granier-Deferre, l’acteur Thomas Holland, le pianiste Stephen Hough, le violoncelliste Steven Isserlis, l’actrice Bianca Jagger, ancienne épouse de Mick Jagger, le pianiste germano-russe Igor Levit, Lord Lloyd-Webber, qui n'est autre que le compositeur de la célébre chanson Memory, interprétée par Barbra Streisand, le compositeur James MacMillan, Lord Moore of Etchingham, ancien rédacteur en chef du Daily Telegraph, les pianistes Mishka Rushdie Momen et Mitsuko Uchida, le pianiste et chef d’orchestre András Schiff, le styliste Paul Smith, Lord Stirrup, ancien commandant supérieur de la Royal Air Force, le compositeur Ryan Wigglesworth...

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

34 commentaires

  1. La traditionnelle messe en latin , outre sa beauté, avait le mérite d’être entendue et surtout comprise dans le monde entier. Maintenant c’est la tour de Babel. Les traductions en outre sont sinon laides parfois ridicules et j’en veux pour exemple le désuet mot «  entrailles » utilisé pour la prière à la Vierge. Les chants en latin ont un charme que la traduction n’a pas . L’Eglise n’a pas changé ce qui aurait dû l’être…comme la place des femmes dns le culte , mais elle a changé des détails qui ont fait déserter bien des fidèles.

    • Le terme entrailles » était déjà utilisé lorsque j’étais enfant (j’ai 73 ans).si la messe était en latin, nous disions nos prières en français, notamment les pénitences après confessions.

  2. Bien que fervent Catholique, soumis à l’autorité du Saint Père, je ne vois aucun obstacle à la célébration de la Messe suivent le Rite Ancien… à conditions que les célébrants et les fidèles concélèbrent avec l’Evêque et les paroissiens du Diocèse et reconnaissent le Primat du Pape. Ces conditions remplies rien ne s’oppose à la célébration selon le Rite traditionnel.

  3. Bien qu’envahie, elle aussi à cause d’une politique laxiste , l’Angleterre conserve une élégance et une dignité qui ont disparu chez nous. Un triste constat de plus.

  4. Ayant été membre d’une chorale, et l’ayant chanté, le « Stabat Mater » ne prend tout son sens que lors d’une célébration. Si cette célébration devenait soiumise à autorisation, il ne resterait plus qu’à ranger les chants et les hymnes pour les réserver à un auditoire confidentiel

  5.  » Mais l’Église catholique, le pape et ses évêques sont-ils encore sensibles à cet argument du beau, de la beauté ? » Peut-être, mais ils n’en peuvent mai, car les mains liées par les directives franc-maçonnes.

  6. La messe en latin devrait être restaurée en France
    Tout le cérémonial mistique et la magie de la communion entre croyants seraient rétablis et y mettre plus de chants , mais laisser la lecture des textes en Français !

    • Ils pourraient alors lire en latin la Declaratio de Benoît XVI, le Code de Droit Canonique et la Constitution Universi Dominici Gregis et comprendre ce qu’il se passe depuis 2013.

  7. Avoir supprimer la messe en latin au motif que les fidèles ne comprenaient pas le latin est aussi méprisant que de prétendre que dans les gares on croise des gens qui ne sont rien !

  8. Mais… la messe dite de Paul VI est également en latin, alors destinée en particulier aux assemblées comportant des personnes aux langues diverses.
    La volonté du pape, semble-t-il, est d’encourager l’unité de l’Église. En effet, la où la messe de Pie V est célébrée, on constate une sorte de séparation de facto entre les « tradis » et les autres. Les premiers constituent alors en fait une sorte de paroisse séparée dans la paroisse d’accueil, refusant de facto de se mêler aux autres puisque, pour beaucoup (des uns comme des autres), la messe dominicale constitue l’essentiel de leur action religieuse paroissiale. Cette séparation est un appauvrissement de l’Église, qui n’a vraiment pas besoin de ça…
    Par ailleurs, le chant grégorien n’est pas réservé au rite de Pie V, heureusement !

  9. En restaurant la messe en latin, les églises seraient plus fréquentées, et ce serait un acte de résistance à l’islam.

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