Rumeurs : le retour de la Grande Peur
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Ainsi donc, après l'épidémie viendrait la Grande Peur. La populace haineuse mettrait le pays à feu et à sang. Les grandes épidémies ont, en effet, été suivies de disette dues à l'abandon des cultures, au chômage des journaliers.
Il est peut-être des érudits dans le renseignement français (eh oui). Les services disposent de beaucoup de temps, ces jours-ci. Tous les policiers et gendarmes ne traquent pas, drones et hélicoptères à l'appui, les mauvais Français qui trichent avec les dérogations de sortie. Il faut occuper ces centaines de fonctionnaires et militaires. Les services doivent, en ces temps de guerre, montrer qu'ils sont l'arme au pied, prêts à affronter un autre ennemi invisible ; il n'y a pas que le coronavirus.
Les James Bond du RT et de la RI auraient actionné leurs sources (au fait, quel motif, sur l'attestation de sortie dérogatoire ?). Donc, des collectifs d'ultras se constitueraient dans les quartiers, les immeubles. Dans les cités, il y en a déjà depuis longtemps. Dans les immeubles, c'est plus curieux, je n'ai pas rencontré plus d'un de mes voisins par jour de confinement. Ce serait l'Union sacrée du jaune au noir en passant par le rouge. Des complots sont ourdis derrière ces façades d'immeuble aux volets fermés, des groupes de combat se constituent.
Comment en arrive-t-on à de telles âneries ? Je pense qu'il ne s'agit que d'une compilation des blogs et autres réseaux sociaux. Internet peut alimenter toutes les synthèses ministérielles à longueur d'année. C'est le réservoir, le déversoir de toutes les revendications, des haines, des vexations, des vengeances et rancœurs et, bien sûr, des appels au Grand Soir. Une aubaine pour les têtes pensantes du renseignement qui tiennent là matière à conforter leur bon ministre connu pour sa finesse de réflexion et d'analyse et qui ne rêve que plaies, bosses et castagne. Tout ministre de l'Intérieur aime à entendre ces noires prédictions qui le confortent dans son rôle de père Fouettard. Les services de renseignement savent se faire aimer en flattant le pouvoir. Ils le font partout et depuis longtemps, Graham Greene nous l'a conté avec délices.
La réalité est moins légère, rappelons-nous l'énorme intox des services américains en Irak. En France et à petite échelle, la nôtre, rappelons Manuel Valls qui voyait la main de l'extrême droite autonomiste bretonne derrière la mouvement des bonnets rouges et le directeur du RI qui dénonçait, dans la presse bien-pensante du moment, la montée du fascisme (le FN, à l'époque), oubliant de se préoccuper de l'extrême gauche dans les rangs de laquelle tant de ministres PS avaient fait leurs armes.
Ces informations, sans doute mal recoupées, ou pas du tout en raison du contexte sanitaire, ne peuvent que faire les choux gras de journalistes en mal d'inspiration et de politiques en situation délicate.
Il y aura, sans doute, des mouvements sociaux, beaucoup de personnes modestes se sentiront oubliées ou abandonnées, ce ne sera pas toutefois une réplique de la Grande Peur de 1789. Décidément, les bouteillons ne passent pas de mode.
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