Sabotage SNCF : ils avaient anticipé, disent-ils…

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Dans quelle fratrie, à table, n’a-t-on pas fait cette plaisanterie éculée ?

« Tu peux me passer le sel ? - Oui, je peux.
- Bah alors, tu me le passes ! (Exaspéré)
- Tu ne m’as pas demandé de te le passer, tu m’as simplement demandé si je pouvais le faire. »

Ainsi en est-il du gouvernement démissionnaire - l’adjectif leur va comme une moufle - macroniste. On lui a demandé d’anticiper. Pas d’agir pour contrer ce qu’il a anticipé, vous comprenez ? C’est, en tout cas, ce que semble vouloir nous faire comprendre le ministre des Sports. D’après Amélie Oudéa-Castera, interrogée au sujet du sabotage de la SNCF, le gouvernement n’a rien à se reprocher : il avait tout « anticipé », imaginé toutes les menaces possibles, qu’elle énumère, en commençant par celles d’extrême droite - ah, ces fameuses menaces d’extrême droite. Mais l’anticipation sans l’action n’a aucun intérêt. Qu’a-t-il fait pour le prévenir ? Rien. Ou en tout cas rien de suffisamment efficace pour l'empêcher. Donc se prévaloir, pour sa défense, de l’avoir « anticipé », est se moquer du monde. À moins qu’Oudéa-Castéra ne trouve également « bon enfant », comme l’envahissement de la pelouse du terrain de foot par les supporters du Maroc, le sabotage très organisé qui a paralysé une bonne partie du trafic ferroviaire et, avec lui, nombre de Français partant en vacances ?

Démissionnaire

Pour être démissionnaire, ce gouvernement l’est. Au sens propre, depuis quelques jours, mais au figuré, depuis des années. Il a baissé les bras. Renoncé.

Baissé les bras face à l’insécurité dans notre pays. Si la France n’était pas coincée entre l’enclume du terrorisme et le marteau de la délinquance ordinaire, il n’aurait pas été besoin de monter une usine à gaz entre QR code, grillages et quadrillage policier omniprésent dans les rues parisiennes pour tenter de mettre hors d’état de nuire, dans l’espace des JO, les individus malveillants qui gambadent dans nos rues le reste du temps, en toute impunité, mêlés à Monsieur et Madame Tout-le-Monde, faute d’avoir été coffrés par la Justice.

Les forces de l’ordre, tout occupées à cette tâche titanesque et n’ayant pas le don d’ubiquité, ont-elles laissé des trous dans la raquette « renseignement » ? En tout cas, Gabriel Attal « reconnaît que l’opération a été préparée, coordonnée, que des points névralgiques ont été ciblés, ce qui montre une forme de connaissance du réseau pour savoir où frapper ». Bref, rien de spontané qui n’aurait pu être évité.

Baissé les bras face à l’extrême gauche, dont on détourne le regard, pour laquelle on a toujours fait montre d’une indulgence coupable quand on dissout, les unes derrières les autres, les officines d’extrême droite, dont on sait démanteler les réseaux, étouffer dans l’œuf les actions violentes. Car si rien n’est encore revendiqué ni confirmé à cette heure - certains évoquent une piste étrangère -, des soupçons majeurs se portent sur l’extrême gauche, non seulement en raison du modus operandi - ciblage de la SNCF, sabotage incendiaire -, mais parce qu'au collectif « Saccage 2024 », qui a pour objet, depuis 2020, « d’entrer en résistance face aux saccages écologiques et sociaux » que provoquent les JO, sont venues se rajouter, ces derniers mois, de nombreuses organisations appelant aux actions de désobéissance civile : Extinction Rebellion, Youth for Climate, Dernière Rénovation…

Attention, danger 

À toutes les autres insécurités (physique, sanitaire, culturelle…) vient dont de se rajouter l’insécurité ferroviaire : errer dans une gare bondée en traînant sa valise sans savoir comment on ira du point A au point B, averti par un SMS laconique que le train réservé ne roulera finalement pas, pour des raisons indépendantes de la volonté de la SNCF.

Un gouvernement démissionnaire devrait être en train de préparer ses cartons, penser à se recaser et, surtout, avoir passé la main. Qu’il reste en place, bras ballants, un pied à l’intérieur, un pied à l’extérieur, déjà la tête ailleurs, met la France en danger. Sur tous les plans.

Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

60 commentaires

  1. Pour un sabotage sur un train c’est douze balles pour les auteurs comme pour tous les autres actes de terrorisme .

  2. Ces sabotages des liaisons électroniques relatives au fonctionnement des trains,rappellent ces sabotages occasionnés il y a quelques années par des anarchistes qui posaient des ferrures sur les caténaires,de telle sorte que les pantographes des motrices arrachaient les câbles d’alimentation.Les surveillances et les investigations avaient permis de mettre en cause des mouvements d’extrême gauche,constitués d’une jeunesse issue de familles aisées.Ca fait penser aux blacks-bloc d’aujourd’hui.

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