Saint-Édouard vendue sur leboncoin : la lente agonie de nos églises

Ces derniers jours, l'église Saint-Édouard de Lens (Pas-de-Calais) faisait parler d’elle à cause de l’annonce déroutante découverte sur le site de vente en ligne leboncoin, postée le 26 février, proposant « une maison de 4 pièces », « idéalement située » et « offrant de multiples possibilités ». La raison avancée pour justifier cette vente était l’absence de messe depuis un an. Classée aux Monuments historiques et située sur un site inscrit à l'UNESCO, l'église ne pourra faire l'objet d'aucune modification, bien que le maire de Lens ait déclaré, au micro de BFM TV, avoir sollicité une aide du ministère de la Culture pour la transformer en lieu culturel, un destin partagé par de nombreuses églises en France.
Salles de sport, brasseries, mosquées : les nouvelles vies de nos églises
Ce samedi 1er mars, les habitants de la ville de Bischheim faisaient leurs adieux à l'église du Christ-Roi, lors de la célébration d'une dernière messe avant la cessation de toute activité religieuse. Cet édifice du Bas-Rhin, construit dans les années 1970, n’a pas résisté aux difficultés financières et à l’érosion du nombre de fidèles, rapportaient, en février, les Dernières Nouvelles d’Alsace. Après sa désacralisation, le bâtiment, racheté par la commune, ouvrira ses portes à un groupe scolaire et aux associations locales. Une page qui se tourne, comme pour tant d'autres églises et chapelles catholiques en France.
On se souvient de la chapelle de la Charité, à Caen, dont la transformation en... salle de sport Basic-Fit, en 2020, avait fait couler de l'encre. Désacralisée et vendue pour un euro symbolique en 2014, cette chapelle du milieu du XXe siècle avait fini par arborer la célèbre façade orange et noire de l’enseigne sportive. Plus récemment, l’église Saint-Nicaise de Rouen a, elle aussi, perdu son âme religieuse en devenant une brasserie. Ce sublime édifice du XVIe siècle, en partie rebâti dans les années 1930, était en sommeil depuis 2002. Après un appel à projet en 2019, c’est l’idée d’une « église-brasserie » qui avait retenu l’attention de la municipalité, avec l’enthousiasme, selon le fondateur du « Ragnar », des habitants.
Un autre phénomène se trouve être celui du rachat des églises catholiques en manque d’activités par des communautés protestantes comme l’église Saint-Charles, à Bar-le-Duc, cédée en 2023 à des évangéliques après sa désacralisation en 2022. À Rennes, Fécamp, Cambrai ou encore Angoulême, la chapelle des Carmes, celle du Sacré-Cœur, l’église Saint-Jean ou encore Sainte-Bernadette ont connu le même sort, entre 2015 et 2024, passant du culte catholique au culte protestant, parfois après de nombreuses années d’inoccupation.
Pire étant probablement la vente, ou le prêt par des municipalités, de notre patrimoine bâti catholique à des communautés musulmanes y établissant mosquées ou salles de prière. Depuis 1981 c’est le cas de la mosquée de Graulhet, dans le Tarn. L’église Saint-Jean, de style roman, avait été cédée par les prêtres aux musulmans de la ville qui cherchaient un lieu de culte, alors qu’elle était inoccupée et déjà désacralisée. À Clermont-Ferrand, c’est la chapelle Saint-Joseph qui avait été prêtée pendant 33 ans à une communauté musulmane avant d’être rendue, en 2011, aux sœurs de Saint-Joseph.
Pour prévenir ces dérives, Tribune chrétienne a lancé, ce 4 mars, une pétition nationale pour dénoncer la transformation des églises en lieux de divertissement et exiger des garanties légales pour préserver leur vocation sacrée.
De moins en moins d'églises pour de plus en plus de mosquées
Si l’Église affirme que les chiffres de désacralisation restent stables, selon ses dernières données, ils n’en demeurent pas moins inquiétants car ils révèlent une accélération du phénomène. En effet, d’après l’enquête des États généraux du patrimoine religieux menée de septembre 2023 à décembre 2024, en plus d'un siècle (entre 1905 et 2015), on a désacralisé seulement 137 édifices cultuels diocésains (propriété des associations diocésaines), alors qu'en moins de dix ans (de 2015 à 2023), on en a désacralisé 274. De même, on a plus désaffecté d'édifices religieux communaux (propriété des communes) entre 2015 et 2023 (186) qu'entre 1905 et 2015 (140).
Par ailleurs, ces mêmes États généraux du patrimoine religieux ont comptabilisé 16 églises en construction, tandis que 72 ont été démolies depuis l’an 2000. Cette tendance prend une autre dimension lorsqu’on la compare à la croissance des mosquées et des salles de prière musulmane en France. En novembre, BV dressait une carte des lieux de culte musulman en France, en dénombrant 2.600, un chiffre confirmé la semaine dernière par le ministère de l'Intérieur, avec une moyenne de 150 nouveaux lieux ouverts chaque année, selon le média africain Le 360. Une croissance spectaculaire, puisque leur nombre aurait été multiplié par 24 depuis 1970, et qui laisse deviner le chemin emprunté par la spiritualité dans notre pays...

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31 commentaires
Faut-il détruire ou bien conserver ces églises et chapelles ,au cas ou ?
Madame Dati a proposé un droit d’entrée pour les touristes à Notre-Dame,cet argent permettrait d’entretenir l’ensemble de notre patrimoine religieux ,l’idée n’est sans doute pas à rejeter d’un revers de main car le jeu en vaut la chandelle .
Les évêques pour leur part tiennent des Etats Généraux du Patrimoine,et comme d’habitude cela n’aboutit à rien ,ils sont absolument incapables de gérer la crise héritée des années 70.
Ne pas faire de vagues,vivre au rythme de la société contemporaine,entretenir le dialogue interreligieux même si ce dialogue est à sens unique,voilà leurs uniques préoccupations ,comme celles du vieux pape actuel .
Demandons-nous ce que nous allons transmettre ,et si nous n’avons pas là un devoir sacré,transmettre l’Evangile ,transmettre la foi qui nous vient de nos ancêtres ,transmettre un magnifique héritage culturel qui parlent de nos racines profondes,transmettre un patrimoine qui parle également et qui dit notre histoire sur deux millénaires .
Dans ma ville de 30000 habitants il y en a deux en vente, elles sont sur un site immobilier bien connu des amateurs de châteaux, manoirs etc, etc…
C’est évident, c’est « en marche ». ça se passe sur le long temps, 1,2 ou 3 siècles. ça fait un demi siècle que ça a vraiment commencé.
Avec le wokisme lgbT, le discours de Macron Chef d’Etat en la Cathédrale NTDP et la Liturgie pas respectée le jour de l’Immaculée Conception, La Catholique millénaire a été remplacée…Ce sont des Temples qui vont remplacer, des Temples pour y mêler les 3 Monothéistes…
J’ajoute à la liste des églises « transformées » en « espaces de loisir » ou autres, l’église Sainte-Rita, dans le 15ème arrondissement de Paris, rue François Bonvin : une salle d’escalade avec possibilité de restauration sur place ! Attristant, douloureux…
C’est un peu la faute des chrétiens, moi le premier qui bien qu’élevé dans la religion catholique ne mets que très rarement les pieds dans une Eglise, et la plupart du temps pour la visiter…
Le second responsable serait le clergé dont les célébrations n’ont pas évolué et peuvent engendrer chez certains un ennui profond lors de la messe !
Faire réfléchir, interpeller serait peut-être aussi le rôle de l’Eglise et la messe le parfait moment.
Bref plus de chrétiens dans les Eglises et bientôt plus d’Eglises, ça me semble aussi simple que ça.
Encore faudrait-il bénficier d’un clergé – et d’un pape – catholiques.
Il faut prier pour les vocations, demander à Dieu qu’ll libère le trône de Saint Pierre et qu’Il inspire les vrais cardinaux (ceux d’avant Bergoglio) dans l’élection d’un vrai Pape fort dans sa foi. Si les séminaires n’avaient pas été politisés nous n’en serions pas là.
Exact, mais j’irai encore plus loin que vous, Ainsi si Jean XXIII n’avait pas eu des « visions modernistes quelques peu loufoques » et si Vatican II n’avait pas existé, nous n’en serions pas là. Espérons que le prochain successeur au pape actuel François, totalement iconoclaste, remettra toute l’Eglise à l’endroit et lui fera reprendra son chemin éternel pastoral.
Jeau XXIII était un ancien prètre-ouvrier, donc pollué par le marxisme. Quant au prochain pape, Fatima l’a prédit : Il se nommera Pierre II et sera le dernier de l’Eglise avant sa disparition.
à Bernard GUILHON
Il me semble qu’il y a une petite confusion,je ne suis pas un admirateur de Jean XXIII,cependant ce pape né au XIX° siècle n’a jamais été un prêtre ouvrier,cela n’existait pas alors,élu pape il a autorisé de nouveau le mouvement des prêtres ouvriers alors que le Vénérable pape Pie XII avait mis un terme à l’expérience.
Giuseppe Roncali ,futur Jean XXIII, a mené une carrière ecclésiastique classique,secrétaire de son évêque,enseignant au grand-séminaire de son diocèse,poste à Rome ,nonciatures apostoliques dans différents pays,Nonce en poste à Paris ou il reçut la barrette de cardinal des mains du président Vincent Auriol ,nommé patriarche de Venise puis élu pape à l’automne 1958.
Quant à Fatima ,il me semble que ces prédictions sont à interpréter sagement ,il me semble d’ailleurs qu’il y a là une confusion avec les « prophéties »de Saint-Malachie concernant le prétendu dernier pape ,ces « prophéties » n’ont jamais été reconnues par l’Eglise,même avant Vatican II.
Les cardinaux conservent leur libre-arbitre lors de l’élection d’un nouveau Souverain-Pontife ,sans quoi ils se contenteraient de trouver un nom dans une prétendue prophétie,cela gagnerait du temps.
à Domipa
Je ne suis pas un admirateur du dernier concile oecuménique ,cependant une crise existait avant la convocation de ce dernier, Mgr Lefebvre en parlait à ses séminaristes ,des réformes s’imposaient, mais certainement pas la révolution provoquée par les Pères conciliaires ,et l’anarchie qui l’a suivi,aussi bien dans le clergé que chez certains fidèles.
Ma paroisse compte 21clochers pour 14000 habitants, un seul lieu de culte où environ 110 paroissiens se réunissent pour une seule messe le dimanche; trois prêtres diocésains (un africain et deux malgaches) se relaient pour assurer les offices. Vous m’expliquerez comment justifier le coûteux entretien de bâtiments vides à l’année (à part quelques mariages et/ou funérailles à la demande des familles); si les églises étaient totalement à la charge financière des diocèses, le problème aurait sans doute été réglé depuis longtemps, hélas! Et ne vous méprenez pas sur mon propos: je suis catholique pratiquant et participant au fonctionnement de ma paroisse…
En tant que faire parti du peuple premier Français, puisque terme devenu a jour nous concernant comme ailleurs, bien que je sois athées je suis très attaché aux bâtiments anciens, particulièrement par leur destinations également leurs architectures, alors quant la construction de ces mosquées, puisque il semble en grande actualité, auront une architecture comparable on pourra commencer a penser a leur validité dans les implantions.