Saint-Glinglin : les petits commerçants de centre-ville organisent la résistance !
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C’est une vision de cauchemar issue d’une série télé américaine avec zones pavillonnaires s’étendant à l’infini et centres commerciaux pour seul horizon. Le paradis des Desperate Housewives qui, malheureusement, est en passe de devenir un quotidien de plus en plus répandu.
En même temps, comme dirait l’autre, les cœurs de ville sont en passe de ressembler à des cimetières, avec des commerces mettant la clef sous la porte les uns après les autres et des rues qui, de facto, se trouvent en voie de désertification, tandis qu’on refuserait presque du monde dans les supermarchés. Certains édiles tentent, depuis longtemps, d’inverser la tendance, souvent en facilitant la vie des automobilistes : un bête disque pour zone bleue rapporte, certes, moins d’argent aux municipalités que des parcmètres ; mais, bon an mal an, c’est souvent un bon début en matière de vie de quartier.
Même à Paris, la tendance semble se confirmer. Ainsi, à en croire Le Parisien :« Deux tiers des boutiques parisiennes ont vu leur chiffre d’affaires baisser d’au moins 30 % pendant les mois de novembre et décembre. » Bien sûr, d’un point de vue conjoncturel, il y a eu l’effet gilets jaunes. Il n’empêche que, structurellement, ces petits commerçants souffrent de la concurrence, pas toujours loyale, des grandes enseignes qui n’en finissent de multiplier les périodes de soldes.
Du côté des commerçants, on remarque cette initiative baptisée "Journée de la Saint-Glinglin", fête qui devrait avoir lieu tous les 20 mars, soit trois jours avant celle de la Saint-Victorien, saint patron de la profession. Toujours selon le même quotidien, Raphaël Palti, patron d’Altavia, agence spécialisée dans la publicité et la communication commerciale pour le marché du commerce de détail : « La Saint-Glinglin sera d’abord une fête populaire inspirée des foires d’antan, ces moments de partages entre marchands et clients indissociables de bonne humeur et de convivialité. »
Il est un fait qu’en matière de « convivialité », ce n’est pas forcément à la grande distribution qu'on pense en premier. En revanche, est-il besoin d’une énième journée de ceci ou de cela pour redécouvrir l’eau humide ? Ou se rendre compte que, pour faire ses emplettes, on trouvera toujours meilleur et souvent moins cher au marché du centre-ville qu’au supermarché des périphéries ? Et que ces lieux à l’ancienne présentent, de plus, un indéniable petit supplément d’âme.
« Et qu’est-ce qu’elle veut, la p’tite dame, comme poisson ? » « Goûtez donc mes fruits ! Vous m’en direz des nouvelles… » « Qu’est-ce qu’on peut faire pour le monsieur ? » « Et les petits, au fait, ça grandit bien ? » Et toutes ces sortes de minuscules bonheurs, a priori anodins, mais qui ont le don de transformer la corvée des courses en chouette moment. D’aucuns prétendront que ces hangars hideux dans lesquels on trouve de tout sont plus pratiques et vous font perdre moins de temps.
Plus « pratiques » ? Mais plus « pratiques » pour faire quoi ? Pour gagner du temps ? Mais du temps qui sera employé à quoi ? On remarquera, d’ailleurs, que les géants de la grande distribution, eux aussi, ne cessent d’innover avec ces caisses sans caissières. Là aussi, il paraît que c’est plus « pratique ». Plus « pratique », surtout, pour économiser un salaire. Quant au temps gagné, on ne peut même plus l’employer à complimenter la jolie caissière sur son sourire tout aussi joli.
En même temps, une fois de plus, et toujours à propos de tendances, il paraîtrait que cette grande distribution pourrait bientôt être en perte de vitesse et que les marchés traditionnels reprendraient, contre toute attente, quelques couleurs. En politique comme ailleurs, le désespoir serait donc sottise absolue. On le savait déjà. Il est plutôt réconfortant que l’adage de Charles Maurras, chantre du roi et de ces petites patries que sont nos villages, puisse de temps à autre se vérifier, quel que soit le domaine concerné.
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