Saint Joseph, patron des migrants ?
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Il existe une fâcheuse tendance, au sein du clergé libéral, à cautionner au moyen de la Bible la politique migratoire incontrôlée… ainsi, les récits évangéliques relatant les conditions de la naissance de Jésus puis de sa fuite en Égypte sont-ils régulièrement invoqués pour faire de Marie et de Joseph les saints patrons des migrants d’aujourd’hui. Pourtant, la lecture honnête de ces textes montre une tout autre réalité.
Commençons, actualité oblige, par le récit de Noël ; l’évangile de saint Luc nous apprend que Joseph, artisan installé à Nazareth en Galilée, et descendant de la prestigieuse tribu de David, doit quitter sa terre quelques jours avant l’accouchement de son épouse, non pas de sa propre volonté mais par la volonté de l’empereur Auguste, qui a ordonné le recensement de ses sujets dans le lieu d’origine de leurs ancêtres, en l’occurrence Bethléem, non loin de Jérusalem : force est de constater que ce déplacement de la Galilée vers la Judée ressemble bien davantage à une remigration qu’à une émigration.
En revanche, il est exact que, quelque temps plus tard, Joseph, Marie et Jésus émigrent en Égypte et y vivent en étrangers plusieurs années. Cela oblige-t-il les fervents chrétiens à accueillir à bras ouverts tous les candidats à l’immigration ? Revenons-en aux textes : l’évangile de Matthieu chapitre 2 verset 13 à 15 lu lors de la messe matinale de ce 24 décembre 2019 précise que la fuite en Égypte a été rendue nécessaire par la cruauté du roi Hérode, collaborateur de Rome, qui a entrepris de faire assassiner tous les jeunes enfants de la région de Bethléem afin de se débarrasser de ce « roi des Juifs » dont les prophéties avaient annoncé la naissance.
De toute évidence, les migrations de la Sainte Famille n’ont aucun rapport avec la grande masse des migrations actuelles. Saint Joseph ne cherche pas un travail et encore moins un système social permettant de vivre sans travailler, il quitte un travail et une terre agréable parce qu’il n’a pas le choix. Il ne quitte pas une vie de célibataire dans l’espoir de se marier à une étrangère, il ne laisse pas sa famille au pays dans l’espoir de trouver un eldorado, il prend sa famille avec lui pour la mettre à l’abri dans le pays voisin le plus proche, et sitôt que les conditions le permettent – la mort d’Hérode, en l’occurrence -, il retourne dans son pays.
Alors, certes, on peut légitimement faire de saint Joseph le patron des déplacés et des réfugiés politiques, mais en aucun cas on ne saurait s’appuyer sur les récits de l’enfance de Jésus pour faire de la Sainte Famille l’emblème et la justification des politiques de déracinement, d’exploitation et de chaos migratoires. Que ces textes encouragent les chrétiens d’Occident à accueillir à bras ouverts les chrétiens d’Orient ou d’autres minorités – voire des majorités - persécutées est une très bonne chose, mais qu’ils soient utilisés pour justifier l’accueil de leurs bourreaux est pour le moins étrange, un peu comme si les Égyptiens avaient – par souci d’éviter toute discrimination - accueilli de la même manière Jésus et les sicaires d’Hérode !
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