Le Salon beige gagne en cassation : désespérer de la justice n’est pas obligatoire !

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Il arrive qu’une décision de justice satisfasse le spectateur lambda d’un pouvoir régalien en perdition. Le Salon beige, influent blog d’information catholique, avait juxtaposé deux clichés : un de 1942, présentant un jardin public où était affiché « Réservé aux enfants, interdit aux juifs », et un de 2013, où un gardien expulsait manu militari du jardin du Luxembourg un paisible porteur de sweat-shirt arborant le logo de la Manif pour tous. Titre et sous-titre : le retour de la bête immonde, les heures les plus sombres de notre histoire. Le blog a été condamné en première instance et en appel pour diffamation envers le gardien. Bonne nouvelle pour Le Salon beige : la Cour de cassation a cassé ce jugement. Désespérer de la justice n’est pas obligatoire.

Aimer ou pas ce photomontage, c’est une affaire de goût. Personnellement, je ne l’aime pas. Mais il est tout de même ahurissant que l’appareil de l’État, dans un pays qui affiche comme premier mot de sa devise « Liberté », se scandalise d’une telle parution. Le seul scandale était qu’en 2013, un gardien use de son pouvoir de coercition contre une personne parce que son vêtement, qui n’outrageait pas les mœurs, avait l’heur de déplaire, à lui ou à ses chefs.

Autre anecdote : lorsque madame Christiane Taubira a démissionné, des Sentinelles ont veillé place Vendôme, plus nombreuses que d’habitude, pour « fêter » ce départ tant attendu. Deux personnes veillaient à proximité. L’une portait un sweat-shirt de la Manif pour tous, l’autre un bonnet rouge, soit le signe de ralliement de manifestants ayant commis quelques violences et atteintes aux biens publics. La seule qui a écopé d’un contrôle d’identité ce soir-là ne portait pas de bonnet mais une capuche… Étonnant, non ?

Des serviteurs de l’État sont prompts à oublier le bien commun, le service du public et de la nation. Certains préfèrent écouter et promouvoir les idéologies qui polluent notre époque et ils peuvent, parfois, se livrer à des forfaitures (si cette qualification juridique existait encore). La Manif pour tous et ses divers partisans (Veilleurs, Mères veilleuses, Sentinelles, etc.) ont été les victimes d’un pouvoir dévoyé servi par des agents qui n’ont pas pu ou su, pour nombre d’entre eux, résister à des injonctions illégales. L’État de droit est devenu, avec leur complicité, un État de passe-droit. Il y a peu de chance qu’il ait structurellement changé, et – soit par faiblesse, soit par dépendance, soit par conviction – il se trouvera encore demain des relais à tous les niveaux pour exécuter des ordres iniques et arbitraires, en marge de la légalité s’il le faut.

Il faut donc plus que tout louer, remercier et encourager les fonctionnaires intègres, les serviteurs de l’État mus par le seul souci du bien commun et de l’intérêt de la nation dans le respect des personnes, et se réjouir de chaque bonne nouvelle. Ils seront indispensables pour rebâtir un État et une démocratie qui soient dignes de ce nom.

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