Samuel Lafont : « Il est facile de choquer l’opinion publique avec des lycéens interpellés »
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Partout en France, des lycées se sont mis en grève en parallèle du mouvement social des gilets jaunes. L'image des lycéens interpellés à Mantes-la-Jolie, et agenouillés, a particulièrement ému l'opinion.
Pour Boulevard Voltaire, Samuel Lafont analyse la manière dont la gauche exerce une véritable mainmise dans les lycées.
En marge de la mobilisation des gilets jaunes, des dizaines de lycées se sont mis en grève.
Y a-t-il vraiment un soutien des lycéens envers le combat des gilets jaunes ?
Je ne pense pas que cette mobilisation dans les lycées soit un soutien particulier au mouvement des gilets jaunes. Comme dans d’autres mouvements sociaux, les leaders de la gauche lycéenne profitent qu’il y a un mouvement social pour mettre les lycéens dans la rue. C’est notamment le cas de l’UNEL, le mouvement le plus à gauche chez les lycéens et dont on a beaucoup entendu parler.
Il est plus facile de mettre des lycéens dans la rue lorsqu’il y a déjà d’autres personnes dans la rue.
Par ailleurs, les forces de l’ordre ont plus de mal à répondre puisqu’elles sont déjà occupées. Ils cherchent finalement à, je cite, ‘’bordéliser le tout’’ sans qu’il puisse y avoir de réponse en face.
La scène de Mantes-la-Jolie a plus frappé l’opinion qu’aucune action des gilets jaunes…
Il y a en effet deux enjeux pour les lycées. Le premier est de rajouter du monde dans la rue. L’autre est d’arriver à obtenir des images qui choquent une partie de l’opinion publique. C’est assez facile avec les lycéens, surtout lorsqu’on ne garde qu’une partie des vidéos.
Je rappelle qu’une partie des lycéens de Mantes-la-Jolie était armée, notamment de bâtons, de battes de baseball et de gaz lacrymogène, et était en train de tout détruire.
Ce type d’images permettent de mettre la pression sur le gouvernement.
S’il s’agit parfois d’avancer sur tel ou tel sujet, la question de fond est bien de recruter et de faire parler de soi. Et on voit bien aujourd’hui que les mouvements de gauche font parler d’eux auprès des lycéens. Ils pourront donc recruter. C’est une méthode utilisée de façon classique par l’UNEF dans les universités.
Comment se fait-il que la gauche soit la seule à occuper le terrain politique auprès des lycéens ?
La gauche n’est pas tout à fait seule dans les lycées. L’UNI lycée (la branche lycée de l’Union Nationale Interuniversitaire) par exemple, qui est un mouvement de droite, intervient dans les lycées.
Au-delà du fait que la gauche est implantée depuis plus longtemps dans les lycées, il est plus facile de recruter et d’intéresser les lycéens avec de bons sentiments en utilisant leur naïveté.
De plus, les militants lycéens sont formés à la dure. Ils connaissent déjà toutes les techniques pour gagner les élections et faire parler d’eux dans les conseils. Quand on les voit, on dirait déjà de véritables petits membres du Parti Socialiste ou de la France Insoumise. Ils connaissent tous les rouages.
Ils en viennent par exemple à bloquer le lycée le matin avec quelques personnes puisque peu de personnes osent s’y opposer. Les lycéens sont obligés de sortir ou ne peuvent pas entrer. Ensuite, ils font passer leur cortège devant les autres lycées de la ville avec l’intention de rassembler le plus de monde possible. Et les racailles en profitent pour se joindre au cortège et mettre le bazar, détruire et mettre le feu.
Pourquoi ces mouvements sont-ils présents le plus souvent dans les lycées des grandes villes ?
La principale raison est que les principaux mouvements politiques sont justement dans les grandes villes. Il est plus facile de recruter des responsables ou des militants dans les grandes villes, là où les mouvements sont déjà installés. Les mouvements politiques de gauche dans les lycées ont déjà leurs membres et n’ont pas besoin d’en recruter de nouveaux pour agir rapidement.
C’est là également qu’on peut voir de façon générale les plus grandes mobilisations dans la rue.
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