Sans les retraités, Emmanuel Macron ne serait pas au second tour
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Quel paradoxe ! Le candidat le plus jeune, qui promettait le « nouveau monde », a été porté, dans cette présidentielle… par les Français les plus âgés.
41 % des plus de 70 ans ont voté pour lui, 30 % des plus de 60 ans. « Si les plus de 65 ans n’avaient pas participé à l’élection, note sur Twitter le jeune journaliste Ariel Guez, qui aime manier les chiffres, on aurait un second tour Le Pen versus Mélenchon. » Et d’insister un peu plus loin : « C’est pas pour casser l’ambiance dès le matin, mais je sais pas si vous vous rendez compte à quel point Macron ne tient que par les retraités (69 % pour lui). »
Si les 65 ans + n'avaient pas participé à l'élection, on aurait un second tour Le Pen vs Mélenchon pic.twitter.com/iADgia0B7d
— Ariel Guez (@Ariel_Guez) April 10, 2022
Ce sont donc encore les boomers qui font les rois, et il assez logique qu’Emmanuel Macron leur plaise : du verbe, de la prestance, un costume bien taillé, un discours européiste - l’Europe de la paix est un rêve de boomer né sur les décombres de deux guerres fratricides -, la hauteur d’un technocrate, gage pour eux de sérieux, de compétence et de modernité. Car oui, près de cinquante ans plus tard, la révolution technocratique, ce coup d’État des exécutants promus soudain dirigeants sous le règne de Giscard d'Estaing, comme l'avait expliqué en son temps Marie-France Garaud, leur semble toujours « moderne ». Puis, il n'y a rien d’inconvenant dans le discours d’Emmanuel Macron : on n’aborde aucun sujet qui fâche, ou alors on l'élude par des circonlocutions, comme autour de la table dominicale des bonnes familles dans les années 50 quand on recevait le curé.
Biberonnés au libéralisme dans une Europe fondée sur le commerce (la Communauté européenne du charbon et de l'acier) et, dès l'origine, convertie au capitalisme anglo-saxon, ils ne voient pas en quoi le mondialisme serait un problème. Anciens combattants de Mai 68 - leur seule guerre -, ils trouvent mille vertus à la société libertaire qui les a affranchis d’une éducation jugée trop stricte. Ils sont l’acmé du ruban de Möbius libéralo-libertaire tel que théorisé par Michéa dans Le Complexe d'Orphée (Climats).
Comme le libéralisme s’accommode assez mal du social, ils acquiescent, pour se donner un air de gauche et éclairé (pléonasme), au sociétal. Tiens, déjà Emmanuel Macron promet, par la voix de Richard Ferrand, l’euthanasie pour le prochain quinquennat. Alliant l’utile - une main-d’œuvre bon marché pour les entreprises - à l’agréable - le sentiment d’être bon et charitable avec les pauvres, à l’instar de l’abbé Pierre -, l’immigration sous toutes ses formes a leurs faveurs. Puis l’Église, qu’ils fréquentent parfois encore un peu les y encourage. Il sont, du reste, la première récolte de Vatican II. Rajoutons que pour cette génération née entre la Deuxième Guerre mondiale et la guerre d’Algérie, le complexe du colonisateur est un point sensible. Celui du collaborateur aussi. La reductio ad hitlerum les touche et les trouble. Comme les accusations de « racisme ».
Pourquoi voudraient-ils changer quoi que ce soit ? Emmanuel Macron a bien raison de vouloir imposer aux jeunots une retraite à 65 ans quand eux l’ont prise cinq ans plus tôt. Quant à l’insécurité, ayant bénéficié des Trente Glorieuses, de la méritocratie, d'un système social florissant et de l’inflation du franc, jadis, pour acquérir leur patrimoine, ils ne la voient que d'assez loin, coulant des jours paisibles dans des quartiers cossus dont la cote immobilière tient lieu de frontière prohibitive.
Bien sûr, ce portrait brossé à gros traits est forcément réducteur et caricatural. Et surtout bien injuste, car évidemment, tous les boomers ne votent pas Emmanuel Macron. Nombre d'entre eux se jugent d'ailleurs perdants de la mondialisation : perdants matériels - leur pauvre pension ne leur permet pas de vivre - ou perdants culturels, d’un bien qui se dissout dans un grand tout, d’une France qu’ils s’attristent et s’inquiètent de ne pouvoir léguer à leurs petits-enfants.
Charge à ces derniers de convertir leurs contemporains - fratrie, cousins, amis. Il leur reste moins de quinze jours pour cela.
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192 commentaires
Entièrement d’accord avec l’amie Gabrielle, son analyse est confirmée par mon coiffeur ( salon de quartier ou se côtoient des jeunes pour la barbe ,les secrétaires car le salon reçoit sans RV et les « vieux « habitants du coin) qui a fait ce constat catastrophique pour l’avenir de notre beau pays . Les retraités ont leur avenir dans le dos et ils ne pensent qu’à leur petit confort sans s’inquiéter du devenir de leur petits enfants. Pour info je suis âgée de 83 ans et acharnée en politique
Je crois plutôt qu’ils sont convaincus de bien faire pour l’avenir de leurs petits-enfants. Ce qui est en cause, c’est leur crédulité: il ne peut vient pas a l’idée de remettre en cause les paroles de l’acteur de théâtre qui nous sert de président.
Et pourtant ce sont bien les retraités qui par comparaison peuvent mieux constater le déclin de notre pays principalement par les changements de têtes progressifs car le grand remplacement a débuté il y a longtemps. Il est vrai que la vieillesse s’accompagne souvent de cécité. Mais moi au moins je porte des lunettes pour continuer à observer les dérives croissantes auxquelles nous sommes soumis
Les retraités, dites-vous. Peut-être certains, oui. Mais une fois de plus les vrais et seuls responsables sont les journalistes, les instituts de sondage et les média qui ont voté pour Macron à la quasi-unanimité et ont imposé leur choix à une population désemparée par leurs mensonges, leurs dénigrements, leur parti-pris et leur agressivité. La soit-disant « liberté de la presse » a atteint ses limites et il va falloir un jour proche y mettre bon ordre .
La presse obéit à ceux qui la financent…Il suffit de voir le retournement d’un Pascal Praud sur Cnews, passé de supporter de Z à adversaire lorsque les « sondages » ont montré la montée de Zemmour.
Mme Cluzel, je suppose que vous faites allusion à ces retraités aisés( voire très aisés) qui filent des jours heureux à la mer ou à la montagne( en France ou à l’étranger-au Portugal, Maroc, par exemple) et se baladent en troupes dans de luxueux camping-cars, quand ils ne se prélassent pas sur les ponts des immenses paquebots de Costa-croisières ou Royal Caribbean.
Oui, ceux là n’ont pas été gênés quand leur idole, en 2017, a augmenté la CSG des retraités !
Ils ne représentent tout de même pas « les retraités » dans leur ensemble, c’est une minorité qui a eu un renfort dans d’autres catégories actives, elles, en tout cas ceux que j’ai vu entrain de faire la pubblicité pour Macron étaient tout sauf des retraités, mais avaient tout du jeune bourgeois BCBG…des bobos pur jus.
Les retraités du secteur public ont une situation enviable. On comprend qu’ils votent pour Emmanuel Macron qui les épargnera.
Tout est dit : Pourquoi voudraient-ils changer quoi que ce soit ? Emmanuel Macron a bien raison de vouloir imposer aux jeunots une retraite à 65 ans quand eux l’ont prise cinq ans plus tôt.
Emmanuel Macron : « J’augmente la CSG d’1,7 point » et les retraités votent pour lui. C’est vrai la sénilité frappe les plus âgés ! Après les élections présidentielles, il appliquera les 10 % sur les pensions pour financer tous les milliards distribués pour sa réélection.
Je dirais comme Claude, j’ai 77 ans, mais je ne suis pas de la tranche des 65 ans et +, Dieu m’en garde !
Il ne serait pas non plus au deuxième tour sans les immigrés musulmans qui ont préféré voter Macron , vote utile, plutôt que Mélenchon, Macron et Mélenchon , ces deux là se partagent le même électorat, qui va basculer chez Macron au deuxième tour.
Je suis un vieux boomer de 78 ans. J’ai voté Eric Zemmour. Je ne me reconnais pas dans cet article qui me blesse. La photo qui accompagne l’article renforce l’image de ces salauds de retraités qui profitent honteusement de leur énorme retraite ! Désolant.
Je fais partie des 59% de retraités ( la majorité, quand même), n’ayant jamais voté pour ce freluquet dispendieux !
Quels retraités, ceux qui s’enrichissent en dormant dans leur nid en or des grandes villes, ceux qui jouissent devant leur portefeuille boursier psalmodiant flat tax ! flat tax ! en sautant comme des cabris, ceux qui ont donné des centaines de milliers d’euros à leurs enfants sans payer de droits et qui espèrent faire mieux, ceux qui voyagent, ceux qui sont des optimistes fiscaux.
Je crains malheureusement madame Cluzel que vous n’ayez raison; alors j’en appelle à tous les électeurs pour qu’ils comprennent que celui qui a fait plonger la France par une gestion calamiteuse durant cinq ans, qui n’a pas respecté les plans pandémiques mis au point par le professeur Perrone mais qui a privé de liberté les citoyens, qui impose un injection dangereuse, qui gouverne par la peur ne doit pas rester au commande de la France.
La fin de votre article me rassure. D entendre et de lire partout que les « vieux » ont voté,Macron me mets hors de moi. J’ai 77 ans et je n’ai jamais voté pour ce bonimenteur. Cessez de nous faire passer pour des séniles et des profiteurs. L expérience de notre vie passée nous permets certainement d avoir un meilleur jugement que de nombreux « jeunes »
A 83 ans, je connais bien sûr des retraités tels que vous les dépeignez, chère Gabrielle, mais rassurez vous : j’ai voté MLP il y a cinq ans, Zemmour dimanche dernier et je déposerai un bulletin Marine dans l’urne le 24.
Je ne pense pas être le seul retraité dans ce cas… et impossible n’est pas français, non ?