[SANTE] Capsule Sarco pour mourir dignement : on n’arrête pas le progrès !

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Capture d'écran X

Lundi 23 septembre, dans une forêt suisse, le corps d'une Américaine de 64 ans a été retrouvé inanimé, enfermé dans une capsule d'assistance au suicide, le « Sarco », invention « d'une association de défense des droits de l'homme et d'aide au suicide », « The Last Resort ». Plusieurs personnes ont été placées en garde à vue pour « incitation et aide au suicide » et le ministre de l'Intérieur helvétique, Élisabeth Baume-Schneider, a publiquement dénoncé l'illégalité du procédé pour des motifs surprenants qui n'ont en aucun cas à voir avec la dignité humaine : « non-conformité aux exigences concernant le droit à la sécurité des produits » et « incompatibilité avec le but de la loi sur les produits chimiques ». De quoi s'inquiéter de la métamorphose d'un pays qui pratique l'euthanasie depuis plus de 80 ans.

Le projet Sarco : mourir d'azote

En l'espèce, le « Sarco » tel que présenté par les concepteurs de « The Last Resort » ressemble à un petit sarcophage dans lequel le client s'allonge pour se payer une mort « choisie, paisible et digne » puisque, sur simple pression d'un bouton et après avoir répondu aux « questions posées par la machine », « la personne perd conscience et meurt quelques minutes plus tard », étouffée par libération d'azote (pour la modique somme de 18 francs suisses [environ 19 euros], le prix du gaz). C'est « l'avenir de la mort », est-il précisé, car l'objet « d'une grande beauté esthétique », de couleur violette, « celle de la dignité » (sic), « est transportable dans un lieu extérieur choisi : par exemple, la forêt, la plage ou les montagnes ». Cerise sur le gâteau, le Sarco duplicable à l'infini « pour les personnes âgées de plus de 50 ans et saines d'esprit » qui pourront en commander un plan 3D à « The Last Resort » pour 15.000 euros. Une paille, comparé à la générosité de ses créateurs qui y ont investi 650.000 euros.

Ou comment se faire du beurre sur le malheur d'autrui

Un projet « sociétal » peu glamour qui s'inscrit dans la suite logique d'une législation ultra permissive. En Suisse, les suicides assistés non considérés comme des actes médicaux sont autorisés, à l'exception de ceux « poussés par des mobiles égoïstes ». Il semblerait que cela profite un peu trop bien aux associations militantes (censées être à but non lucratif) qui « accompagnent » les clients, étant entendu que le coût du suicide, en Suisse, oscille entre quelques centaines (pour les adhérents aux associations) et un millier d'euros (plus onéreux pour les étrangers). Au point d'attirer l'attention des autorités comme Exit, dans le viseur de la Justice depuis qu'elle a triplé son bilan depuis 2012 (jusqu'à 39 millions de francs en 2019). Le marché est en pleine expansion. Car en Suisse, à l'instar de la Belgique, le nombre d'euthanasies pratiquées a augmenté de 9,85 % en 2022 ; et le Québec, avec 17 % de plus, connaît une recrudescence des suicides assistés. Ils représentaient 2 % des décès, en 2021. L'envie de mourir contagieuse et le pays devenu tristement attractif pour les étrangers.

S'ajoutent à cela des cas, emblématiques, qui défraient la chronique : en 2022, deux sœurs américaines de 49 et 54 ans qui ne souffraient d'aucune pathologie mais se disaient « fatiguées de la vie » ont obtenu d'être doublement euthanasiées. Et l'année suivante, c'est un malade du cancer qui a miraculeusement échappé au suicide assisté programmé à son insu.

En Suisse, certaines voix dans les milieux médicaux s'inquiètent. Bertrand Kiefer, rédacteur en chef de la Revue médicale suisse, tente d'alerter les autorités : « Si le nombre de suicides assistés augmente, le véritable danger serait d’installer une culture allant dans ce sens. Nous devons éviter que les personnes qui n’optent pas pour ce choix subissent une pression en intégrant le discours qu’avec l’âge, on devient inutile. »

Une expérience pleine d'enseignement pour la France, qui s'apprête à reprendre les discussions parlementaires sur la fin de vie, selon les vœux du nouveau ministre de la Santé Geneviève Darieussecq qui a annoncé vouloir « terminer le travail » interrompu par la dissolution. Sous les pressions, à n'en pas douter, de députés qui ne veulent rien lâcher (Olivier Falorni et Yaël Braun-Pivet, entre autres) et de l'omniprésente ADMD (Association d'aide à mourir dans la dignité) couplée avec l'appétit des Mutuelles (dénoncé dans ces colonnes). Au risque d'aboutir, un jour, à la mise sur le marché d'un Sarco « à la française » ?

Sabine de Villeroché
Sabine de Villeroché
Journaliste à BV, ancienne avocate au barreau de Paris

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