[SANTÉ] Dépistage de la drépanocytose pour tous : sommes-nous grand remplacés ?

@Max MBAKOP/Wikimédia Commons
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Presque en catimini (qui en a réellement entendu parler ?), la direction générale de la Santé (DGS) a annoncé généraliser le dépistage de la drépanocytose pour tous les nouveau-nés à compter de ce 1er novembre 2024. Une décision prise pour l'ensemble de la population au sujet d'une maladie qui pourtant touche de manière quasi-exclusive la population d’origine africaine et nous renvoie inéluctablement à cette question : sommes-nous à ce point grand remplacés ?

La drépanocytose, cette maladie « quasi inconnue chez des personnes issues du reste de l’Europe »

La drépanocytose est une maladie héréditaire du sang aux conséquences potentiellement graves pour l'enfant à partir de son troisième mois puisque responsable « d'anémies, infections bactériennes, accidents vasculaires occlusifs, hémolyse pouvant mettre en jeu son pronostic vital ou cérébral ». D'où l'intérêt de la détecter le plus tôt possible dans l'optique de prévention des infections et d'information des parents sur la conduite à tenir.

C'est l'un des nombreux effets positifs des progrès de la recherche et de la médecine : nous ne sommes plus au XVIIIe siècle où la mortalité infantile faisait partie du quotidien des Français, lorsque près de trois nouveau-nés sur dix mouraient dans leur première année. La vaccination contre la variole d'abord et toutes les autres avancées scientifiques nous ont fait basculer dans un monde où l'espérance de vie n'est plus la même. Seule ombre au tableau une étude, publiée en juin 2023, révélait que le taux de mortalité infantile en France est, depuis 2015, redevenu supérieur à la moyenne européenne. La hausse est particulièrement inquiétante en Outre-mer et en Seine Saint-Denis. Entre autres causes : la précarité des femmes et leur volonté, plus répandue qu'ailleurs de poursuivre une grossesse quelle que soit la pathologie détectée de l'enfant qu'elles attendent.

En l'occurrence, la drépanocytose est une maladie particulière qui ne menace pas tous les nouveau-nés puisque, selon les indications du très officiel ministère de la Santé, « particulièrement fréquente chez les personnes d’origine africaine, antillaise et certaines parties du sub continent indien, (la maladie est) beaucoup plus rare chez les personnes originaires du Proche-Orient, du pourtour méditerranéen et quasi inconnue chez des personnes issues du reste de l’Europe ». Comment expliquer dans ces conditions l'obligation d'en généraliser le dépistage pour tous ?

« La maladie qui agite l'extrême-droite »

C'est un vieux serpent de mer : en 2014 déjà Le Monde accusait l'extrême droite - « coupable d'un racisme qui ne s'assume pas » - d'instrumentaliser la maladie pour « faire la preuve de l'invasion des immigrés ».

En cause, « des sites, blogues et innombrables commentaires sur les réseaux sociaux » à l'instar d'un certain site FdeSouche qui, jusqu'en 2016 et en l'absence de statistiques ethniques interdites, levait  « une partie du voile sur les modifications en profondeur de la population française » en publiant chaque année, les chiffres du rapport annuel de l’AFDPHE (Agence Française pour le Dépistage et la Prévention des Handicaps de l’Enfant) sur le nombre de dépistages à la drépanocytose des nouveau-nés. Des chiffres en constante augmentation et visualisables sous forme de carte de France qui nous apprenaient que les taux de dépistage de la drépanocytose sont passés de 31,50 % des bébés en 2010 à 39,9 % en 2016 pour la France métropolitaine et soulignaient les disparités criantes selon les régions : seulement 9,10 % des nouveau-nés en Bretagne dépistés pour 73,56 % d'entre eux en Île-de-France et 56,35 % en PACA la même année.

 

 

Un travail d'analyse significatif interrompu en 2016, année de la suppression de cette AFDPHE, seul organisme à publier les chiffres. Depuis, indéniablement, à en croire cet appel de professionnels de santé, associations de parents, élus et Haute Autorité de Santé « à faire de la drépanocytose la grande cause nationale de 2022 », la maladie a indéniablement progressé puisque «  entre 2009 et 2019, le nombre de nouveau-nés testés positifs à la drépanocytose a augmenté de 45%, passant de 314 cas par an à 482. Près de 80% d’entre eux sont nés en métropole, et pour une grande partie d’entre eux en Île-de-France qui est aujourd’hui la région qui concentre le plus de malades ». 

Une incidence à croiser avec les statistiques de l'INSEE sur l'ICF (indice conjoncturel de fécondité) variable selon que les mères sont nées à l'étranger (2,3 en 2021) ou en France (1,9) et selon lesquelles « Les femmes immigrées ont en moyenne 0,49 enfant de plus que les femmes sans ascendance migratoire directe ».

Généraliser pour noyer le poisson ?

Mais cela n'explique pas tout. Tous les nouveau-nés depuis ce 1er novembre ne sont pas pour autant issus de deux parents d'origine extra européenne. Alors pourquoi dépister tout le monde ? Pour « noyer le poisson » en ensevelissant un peu plus les chiffres du grand remplacement qui est un fantasme comme chacun sait ? Et comment ne pas penser à cette nouvelle dépense pour des tests inutiles alors que les Français, priés de se serrer la ceinture, devront payer plus pour se soigner ?

Sabine de Villeroché
Sabine de Villeroché
Journaliste à BV, ancienne avocate au barreau de Paris

Vos commentaires

10 commentaires

  1. Heureusement surprise que les nouveau-nés soient bien orthographiés, j’en découvre un qui est passé à l’as ! (… seulement 9,10 % des nouveaux nés en Bretagne… : lire des nouveau-nés). Cela mis à part, je pense moi aussi que le Grand-Remplacement a démarré et que nous, Français, aurons disparu dans bien moins de temps que nous pourrions le croire. C’est une vraie réalité et pas un sentiment ni une sensation.

  2. Le grand remplacement est une réalité.
    61% des Français pensent que le « Grand remplacement » va se produire, 67% s’en inquiètent.

    Michel Onfray : « Y a-t-il un Grand remplacement ? L’ONU dit “oui”, la démographie dit “oui”, les indigénistes disent “oui” et quand Renaud Camus dit “oui”, on répond “non, c’est un fasciste” » .

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