[SANTE ET POLITIQUE] Études de médecine, une omelette ratée aux deux bouts…

© GFreihalter/Wikimedia Commons
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Les effets de la réforme des études de médecine de 2020 commencent à se faire sentir, formant une région injustement oubliée de l’Absurdistan dans lequel nous sommes contraints de vivre. Même à l’aide de l’intelligence artificielle, résumer l’usine à gaz concoctée par les ministère de la Santé et de l’Enseignement serait au-delà de toute force humaine.

 

Pénurie d'internes en vue

 

Nous savons déjà qu’en fin d’études, il manquera, cet été, 10 % d'internes à la promotion 2024, puisque 660 candidats de 5e année ont préféré redoubler plutôt qu’essuyer les plâtres de la nouvelle épreuve orale, super casse-gueule puisque pouvant porter sur n’importe quoi. Pour ceux qui s’y sont risqués, 240 éliminés. Total, 900 de chute.

Et au seuil de ces nouvelles prisons du Piranèse que sont les études médicales, ce n’est pas mieux : en première année, le redoublement est désormais interdit. Pourquoi pas, mais selon les facultés, on y réserve entre un et deux tiers des places aux redoublants de l’ancien système. Ainsi, même avec des notes supérieures à celles d’un redoublant, un « primant » se verra recalé !

Heureusement, nos génies pédagogistes ont tout prévu, puisqu’en plus des études strictement médicales, les premières années d’aujourd’hui sont obligées de commencer une licence - dite mineure - dans une autre matière (droit, économie, gestion, etc.). Une fois réussie (au bout de trois ans, quand même), les recalés pourront passer en deuxième de médecine (de même s’ils ont obtenu un diplôme d’infirmier.)

 

Un cursus universitaire complexe

 

Le hic, c’est que les places en licence ne sont pas infinies. À l'université de Nîmes-Montpellier, par exemple, la faculté de droit ne peut accueillir en deuxième année que 35 élèves en provenance de médecine, pour 150 inscrits. En clair, la déviation est aussi bouchée que la route principale, conséquence logique mais inavouée du « bac pour tous et toutes », puisqu’il faut bien prononcer un jour ou l’autre le mot honni de sélection...

Et tandis que la machine à empêcher les jeunes Français d’apprendre à soigner tourne à plein régime, 2.500 médecins étrangers à diplôme hors-UE travaillent dans nos hôpitaux, bien que recalés à l’EVC (examen de vérification de connaissance), pourtant obligatoire depuis le 1er janvier, grâce à un très finaud « contrat de praticien associé à caractère temporaire » inventé tout exprès !

On ne s’étonnera donc pas que de nombreux étudiants français continuent à postuler pour des études de santé en Roumanie ou en Espagne, à condition de pouvoir y consacrer une centaine de milliers d’euros.

Les études gratuites à la française, c’est bien beau, mais elles commencent - même au collège et au lycée - à confirmer l’aphorisme de Robert Heinlein (auteur de Starship Troopers) : « Tout ce qui est gratuit vaut le prix que vous l’avez payé. »

Richard Hanlet
Richard Hanlet
Médecin en retraite, expert honoraire près la Cour d'appel de Versailles

Vos commentaires

31 commentaires

  1. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué dans un pays où l’on marche sur la tête, où le bon sens et le pragmatisme font cruellement défaut aux  » brillants énarques  » qui prétendent gouverner !

  2. Autrement dit, les fichus dirigeants de ce fichu pays veulent faire mourir les Francais, mais pour eux il faut l’Hôpital Américain et autres lieux selects. Ils ont besoin d’être internés en prison de haute sécurité pour cesser d’être nuisibles, et leur conjoint également.

  3. Ce sont le Président Macron, l’ex Ministre de la Santé Olivier Veran, l’ex Porte parole du Gouvernement, Gabriel Attal, les Médias et les journaliste qui ont suivie la politique Gouvernemental, ainsi que la communauté médical qui ont suivie comme des Toutou, la Politique de la Grande Réssignalisation de Georges Sorros, Bil Gates et de Claude Schwab ! Qui sont responsable de Grand Merdier Sanitaire ! Si on avait suivie ce que préconisait le Professeur Luc Montagner de l’Institut Pasteur, du Professeur Didier Raoult de l’IHU de Marseille et du Professeur Christian Peronne Patron du Centre Hospitalier de Garche les Gonesse ! On n’en serrait pas la aujourd’hui, avec des morts en lien direct avec le Vaccin ARN Messager Pfizer ! Hervé de Néoules !

    • Bien dit, mais j’ai vécu le commencement de la suppression des médecins par un numerus clausus draconien dans les années 1980 en fac de médecine, et Macron était à peine né ! Il y avait déjà la volonté de supprimer le recrutement de médecins, et à l’époque, c’était en faisant redoubler la première année de médecine, quasi éliminatoire. Les méthodes changent, mais l’objectif demeure …

      • Le triomphe du syllogisme : Moins de médecins = moins de dépenses = moins de déficit Sécu. Et comme tout syllogisme, ça nous revient en pleine figure.

  4. Il serait bon de rappeler qu’il fut une époque, pas si lointaine, où après six années d’études, les médecins généralistes étaient d’une compétence remarquable, et en nombre suffisant. Le numerus clausus et la réformite aigüe nous ont conduits à la catastrophique situation actuelle, et je doute que l’arrivée de praticiens étrangers aux diplômes parfois invérifiables puisse y remédier…

  5. Il serait temps de supprimer tout ce qui gravite autour des études, et de façon générale, autour de la santé. Laissons les praticiens, ceux qui sont réellement sur le terrain, décider et organiser notre système de soins et les formations des soignants. Supprimons tous ces fonctionnaires parasites qui, non seulement n’apportent rien,.mais qui sèment la pagaille en imposant leurs mesures complètement déconnectées de la réalité. Cela nous apportera des services beaucoup plus compétitifs mais nous permettra de réduire notre déficit budgétaire abyssal. Arrêtons la gabegie pour le bien des soignants, des patients et des contribuables.

    • Le numerus clausus a oublié l’augmentation de la population française et son vieillissement, des progrès fantastiques des diagnostics et des traitements plus chers responsables d’un accroissement des dépenses médicales pour tous les patients malades.
      En plus,la sécurité sociale voudrait payer moins cher les médicaments dont on a besoin et les industriels des génériques, chinois hindous ou israéliens préfèrent vendre aux mieux payants, d’où la pénurie de médicaments en France. Misère.
      35% de salaires non médicaux en France dans les hôpitaux, 10 à 15% en Allemagne, cherchez l’erreur. Ces administratifs se multiplient alors que l’informatique est censée réduire les postes et le temps de travail. Un chirurgien ou un cardiologue interventionnel par exemple ont un temps de travail incompressible. Augmentons le nombre d’étudiants en médecine et dans 15 ans tout ira mieux et baissons le nombre de fonctionnaires non médicaux des Hôpitaux.

  6. Quand les études de médecine sont faites sérieusement (comme de mon temps!) la première année demande énormément de travail, impossible de rajouter une deuxième matière, ce qui ne ferait que rendre encore plus « infaisable » sérieusement la 1ère année.

  7. Les études de médecine sont gratuites ou presque. Pourquoi ne pas les rendre en partie payante ou contre obligation de s’installer et travailler entre 2 et 5 ans dans les zones médicales désertées de métropole et DOM TOM.

    • Beaucoup d’étudiants sont déjà obligés de travailler pour pouvoir faire un ou deux repas par jour et payer leur logement quand les parents ne peuvent les aider beaucoup financièrement. Il ne faudrait pas rajouter une sélection favorisant ceux qui peuvent « payer ». Ils ont beaucoup de mérite nos « jeunes ».

      • Il faut dire que certains étudient qui ont des bourses pourrait vu que l’état donc nous ) puise venir pendant au moins trois ans dans les zones rural ou les médecins comme dans mon villages arrive a 80 ans et travail encore

      • Jalousie mon cher Andy, jalousie. Le futur ministre de la santé va devoir tout revoir : études, installations, hôpital. Il y a du travail…

  8. Tout ça est la résultante d’un état qui pensait que moins il y a de médecins moins cela coûte cher à la sécu et d’un ordre professionnel dont les membres ne voulaient pas de concurrents. Quant à la première année de médecine peut-être faut-il faire une sélection avant de manière à ne pas amener les étudiants dans le mur. Il y a des pays ou pour s’inscrire dans une discipline très pointue et difficile il faut une autorisation préalable pour limiter les échecs

    • « Il y a des pays ou pour s’inscrire dans une discipline très pointue et difficile il faut une autorisation préalable pour limiter les échecs ». Ça a existé en France, et ça s’appelait le baccalauréat…

      • Oui, et il faut revoir tous ce qui est apprentissage tout simplement. Pas besoin d’un « bac » mais d’une bonne formation professionnelle et générale avec possibilité dans un deuxième temps de compléter la formation par de la connaissance comptable et administrative si l’élève le souhaite et en est capable. « Il n’y a pas de sots métiers, il n’y a que de sottes gens » dit un proverbe.

      • C’est tout autre chose, les élèves ont le bac international, un bachelo et continuent pour le master en biologie par exemple et il y a une spécialité où les profs doivent donner une dispense pour y avoir accès, ce n’est pas du même niveau

  9. Un concours qui ne rime a rien .
    Alors qu’il suffisait de laisser le système antérieur .
    Et de juste mettre les moyens pour augmenter les places au concours .
    Quand on voit des étudiants brillants éliminés pour 1 ou 4 points en dessous

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