[SANTE ET POLITIQUE] Les bonnes intentions de M Barnier, à suivre donc

captureX
captureX

Michel Barnier n'a pas fait d'annonce particulièrement innovante en matière de santé lors de son discours de politique générale à l'Assemblée nationale ; il a cependant signalé qu'il fallait s'attaquer aux « deux immenses défis que sont le fonctionnement de l'hôpital et la lutte contre les déserts médicaux », il faudra cependant attendre le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) qui doit être prochainement déposé au Parlement pour en savoir davantage sur les mesures envisagées.

Un « programme Hippocrate » pour les déserts médicaux

En ce qui concerne les déserts médicaux qui continuent à progresser, malheureusement, dans notre pays, Michel Barnier annonce la mise en place d'un plan appelé le « programme Hippocrate » qui vise à inciter les jeunes médecins à se rendre dans les territoires peu dotés en professionnels de santé. On ne peut savoir aujourd'hui s'il s'agira d'une énième incitation à l'installation ou d'une véritable innovation. Cependant ce programme semble exclure tout obligation d'installation dans des zones défavorisées. Pour les inciter à venir dans ces zones, on pourrait envisager de créer des contrats de 3 ou 5 ans pour des médecins salariés, dans des cabinets ou centre de santé situés dans des zones défavorisées, ce qui permettrait peut-être d'avoir davantage de médecins volontaires pour ce type de pratique que pour une installation (le plus souvent à vie) dans un secteur défavorisé.

Pour pallier le manque de médecins, Michel Barnier veut aussi amplifier l'effort engagé dans leur formation pour augmenter leur nombre, et favoriser l'emploi des médecins retraités (va-t-on alors les exonérer définitivement de toute cotisation retraite à partir du moment où ils font un cumul emploi-retraite pour rendre service à la société ?).

Infirmiers, pharmaciens et kinésithérapeutes à la rescousse ; santé mentale grande cause nationale

Pour favoriser la prise en charge des malades face à cette pénurie de médecins, le Premier ministre affirme vouloir aussi favoriser le rôle des infirmiers, des pharmaciens, et des kinésithérapeutes, afin d’étendre leurs compétences pour favoriser l'accès aux soins des malades. Il compte aussi s'attaquer à la santé mentale pour en faire une grande cause nationale de l'année 2025, comme il veut investir dans la prévention en intensifiant le dépistage, le développement du sport santé, et en essayant de limiter les comportements à risques ; mais rien de bien précis sur tous ces sujets si ce ne sont de bonnes intentions.

Moins de paperasse et des sujets tabous

Il a également évoqué la paperasse qui encombre notre système de santé dont il souhaite une simplification, et la suppression des formalités administratives qui pèsent sur les soignants pour redonner « du sens (à leur action) et gagner du temps médical ». Faisait-il allusion au fonctionnement des hôpitaux, et envisagerait-il sérieusement de « dégraisser le mammouth » ? Car comme le rappelle l'Institut de recherche économique et fiscale (IREF) qui cite l'OCDE, les hôpitaux français sont composés de 34 % de personnel administratif contre 25 % environ en Italie et en Allemagne où les hôpitaux ne marchent pas plus mal que chez nous et même parfois mieux.

Quid également du contrôle de l'usage des cartes vitales et de la CMU, ainsi que de l'AME (aide médicale d'Etat réservée aux étrangers en situation irrégulière) qui en toute logique devrait être réservée aux actes médicaux absolument nécessaires ou urgents, et non à des prestations  de confort ?

Mais il s'agit là de sujets tabous dont on ne peut discuter calmement, chiffres en main, sans heurter les associations de bien-pensance qui refusent de voir des évidences, au nom du respect de je ne sais quelle éthique suicidaire. Quelle mesures Michel Barnier pourra-t-il prendre pour mener à bien toutes ces déclarations de bonnes intentions ? Pour l'instant aucune mesure précise n'est envisagée et on peut craindre que le Premier ministre ne se heurte à la lourdeur de l'administration et au poids des lobbies qui encombrent le paysage sanitaire pour les mettre en œuvre.

Dr. Jacques Michel Lacroix
Dr. Jacques Michel Lacroix
Médecin - Médecin urgentiste et généraliste

Vos commentaires

Un commentaire

  1. Il y a de l’argent pour l’Ukraine , la Chine , l’Algérie et j’en passe , il y a la fraude à la carte vitale , le tourisme médical , l’AME distribué à tout va et effectivement le personnel administratif trop nombreux . Et pendant ce temps des gens meurent aux urgences , les français attendent parfois un an et plus pour un rendez vous chez un professionnel de santé . S’il commençait donc par faire un grand ménage dans tout ça ce serait un bon début .

Laisser un commentaire

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois