[SANTE ET POLITIQUE] Quand le cannabis se retire, il en reste plein de traces

fumeur cannabis

Alors que l’Allemagne vient de légaliser le cannabis et que le cancer de la drogue ronge la France, les méfaits épigénétiques du cannabis redoublent ses dangers. En effet, si, dans la chanson de C. Jérôme, « Quand la mer se retire/Il ne reste plus rien », il n’en va pas de même avec le cannabis, dont le déversement s’apparente à la marée noire de l’Amoco Cadiz. Le shit, ce n’est pas la mer (ça se traduit autrement, comme l’a rappelé opportunément le ministre de l’Intérieur). Quand le cannabis se retire, il laisse chez son consommateur des empreintes aux conséquences nombreuses qui, pour certaines, peuvent être graves.

Le tétrahydrocannabinol/THC du cannabis s’attarde longtemps dans l’organisme, conséquence de sa solubilité dans les lipides, dont le cerveau est particulièrement riche. Le THC d’un « joint » (résine de cannabis égrenée dans du tabac) ou d’un « pétard » (fait du chanvre indien lui-même) perdure à des concentrations décroissantes durant une semaine, alors que chez un consommateur, régulier il se prolonge plus de deux mois après l’arrêt complet de toute consommation.

Le milieu carcéral particulièrement touché

Il vient d’être révélé aux uns et confirmé aux autres (dont nous sommes) que les prisons françaises sont des super discounts de drogues ; de cannabis en particulier, qu’un tiers environ des détenus consommeraient librement. Dans l’atmosphère débilitante de ces prisons, des détenus qui ne le consommaient pas avant leur détention vont alors s’y adonner. Ils seront rendus à la liberté plus détériorés qu’ils ne l’étaient à l’entrée ; on est très loin de la rédemption promise par l’exécution de la peine ! Quand la peine cesse, l’addiction demeure…

Des effets à très long terme 

Pendant le très long temps de séjour du THC dans l’organisme de ses consommateurs, la drogue peut imprimer des modifications épigénétiques. Elles correspondent au « tagage » (au tatouage) de certains gènes, qui modifie très durablement leur expression. Si leur génotype n’est pas affecté, leur phénotype peut l’être. Qui plus est, ils pourront transmettre à leur descendance ces gènes dont l’expression est modifiée. Ainsi, les enfants qui n’auront jamais consommé cette drogue devront assumer l’héritage de leurs parents cannabinophiles sans avoir la possibilité d’y renoncer.

Ces modifications épigénétiques peuvent induire chez le consommateur lui-même des perturbations de sa maturation cérébrale (qui se déroule entre 12 et 24 ans), des déficits cognitifs, avec une baisse irréversible de son quotient intellectuel, une crétinisation, une humeur dépressive, une anxiété, une vulnérabilité à la schizophrénie ou la décompensation d’une schizophrénie latente, une appétence redoublée pour d’autres drogues (cocaïne, morphiniques)…

Ce mécanisme épigénétique opérant également chez une femme enceinte comportera, pour l’enfant à naitre, des risques de malformations, de mort subite, de retard de son développement psychomoteur, d’hyperactivité avec déficit de l’attention, de vulnérabilité aux toxicomanies, de déficit immunitaire.

Le consommateur de cannabis présente sur ses spermatozoïdes des modifications épigénétiques du gène codant la protéine GLAP2. Cette protéine synaptique est impliquée dans la plasticité neuronale ; on trouve ses altérations dans la schizophrénie, l’autisme, les troubles de l’humeur. Cette information majeure doit être connue de ceux qui ont des projets génésiques afin qu’ils épargnent à leur progéniture les troubles graves qu’ils pourraient leur transmettre.

Ces effets épigénétiques du THC devraient être la première des préoccupations de ceux qui glosent sur la légalisation du cannabis. Hélas, soit ils n’y comprennent rien, soit ils feignent de l’ignorer. Érigeons en un impératif catégorique le devoir de les informer.

Jean Costentin
Jean Costentin
Docteur en médecine

Vos commentaires

17 commentaires

  1. Comme si les « Tabagiques » ou les « Alcooliques » , ayant consommé des Produits « licites » donc , qui s’arrêtent de fumer et de boire , ne sont pas affectés par des modifications épigénétiques aux conséquences très graves , souvent irréversibles ? Avec ses sempiternels propos de « Sachant » , nonobstant avec persistance les « échecs TOTAUX et ABSOLUS que sont la Prohibition-Répression » , le Docteur Costentin devient , malgré lui , le meilleur « Influenceur » de toute la filière commerciale « en exonération de TVA » des drogues en général et du cannabis en particulier !

  2. Cher Jean, peut être m’a tu oublié mais nous avons pas mal communiqué quand je travaillais dans un certain service de pharmacologie. J’ai suivi ta carrière et je t’admire toujours autant. Merci pour ton article, j’espère qu’il sera entendu en haut lieu. JPB.
    Très cordialement

  3. Comme ce sont des actes volontaires il faut que la sécu ne rembourse pas les dégâts et conséquences liés à la consommation des drogues. Ce n’est pas plus compliqué il n’y a pas de raisons que les autres payent pour eux.

  4. Heureux de retrouver une de vos chroniques. Et si ce prosélytisme vis à vis du cannabis était voulu par les classes dirigeantes afin de soumettre plus aisément les populations. Il fut un temps ou l’éducation et l’instruction avait pour objet émanciper les masses. On assiste au mouvement inverse.

  5. Toujours très juste le docteur Costentin…Incroyable que la plupart des gens nE comprennent pas .En tant que neuro psy j’ai vu un bon nombre de jeunes devenir schizophrène.

  6. Les premiers coupables des conséquences délinquantes et criminelles du trafic des drogues sont les consommateurs. Si les grossistes internationaux de la distribution doivent être broyés par la justice, les consommateurs de base doivent aussi être sanctionnés au portefeuille. Cela dit, dans un monde occidental qui a perdu sa boussole, ses repères et ses valeurs, la tentation est grande de croire aux paradis artificiels. Mais Camus ne disait-il pas « un homme, ça s’empêche »

  7. Preuve que la consommation de cannabis est d’abord un problème de santé publique, et de distribution illégale d’un produit nocif. Qui devrait évidemment être contrôlé par l’État. Comme le tabac et l’alcool. Commençons par cela plutôt qu’entretenir éternellement des polémiques stériles et moralisatrices.

  8. Le cannabis et autres saloperies sont sponsorisés par le système capitaliste apatride pour détruire la réflexion et rendre fou ou totalement amorphe et dépendant. Les arrestations de caïds ne sont que de la communication. On capture 500 kgs et il y en 5 tonnes qui passent . Immigration et drogue sont les deux moteurs de la destruction du monde ancien au profit du système.

  9. La consommation de cannabis provoque « une baisse irréversible de son quotient intellectuel, une crétinisation, une humeur dépressive, une anxiété, une vulnérabilité à la schizophrénie ou la décompensation d’une schizophrénie latente ».
    Je connais quelqu’un de célèbre qui prend de la cocaïne et qui subit les mêmes effets qu’avec le cannabis.

  10. C’est évident que consommer du cannabis cause des méfaits. Mais une fois qu’on a dit ça, on fait quoi ? La France a une des législations les plus répressives, mais est aussi un des plus gros consommateurs par habitant. Ce qui tends à montrer que la politique suivie depuis toujours ne marche pas. Et quand une politique ne marche pas, le bon sens voudrait qu’on en essaye une autre, non ? Donc bien sûr personne n’a la solution miracle, mais avancer avec pragmatisme plutôt qu’avec dogmatisme produit en général de meilleurs résultats, même en ces temps de « post-vérité » dans lequel les faits n’ont plus aucune importance.

  11. La consommation du petit joint est considérée comme cool , par rapport à l’alcool sauf que le hashich à l’origine, c’était la drogue des assassins . Pas très cool .
    J’ai connu dans ma famille le cas d’une personne qui a commencé par le petit joint et à fini à l’héroïne . Il en est mort à 36 ans .Le parcours somme toute assez fréquent de celui qui débute par quelque chose qui dans certains milieux est presque recommandé pour finir dans le trash.

  12. Alors que la lutte contre le tabac a fait l’objet depuis de très longues années de campagnes qui ont eu des résultats quant à la baisse de sa consommation, aucun gouvernement n’a jamais entrepris rien de tel contre un produit qui agit sur le cerveau. J’avoue m’interroger sur les raisons de cette non volonté de lutter contre ce fléau. Incompétence ? Insouciance ? Corruption ? Crétinisme macroniste ? Tout ça à la fois ?

  13. Sans compter le rétrécissement du champ visuel et le ralentissement des réflexes.
    D’où risque d’accident en conduisant

  14. Expérience familliale..Mon beau fils dcd a 39 ans d’un cancer..intoxiqué depuis son adolescence au canabis,était devenu squizophrene autour de 20 ans  » grâce » à cette drogue..fumer tue.. en plus le canabis rend fou…mais peut être, après le covid et la loi fin de vie,une depenalisation du canabis, ne soit pas la façon de se debarasser d’une partie de la population .

  15. Effectivement, les prisons sont des « eldorados » pour les dealers, les détenus qui rentrent non toxicomanes en ressortent généralement consommateurs. Les dealers font du bizenes et fidèlisent des clients pour l’extérieur, certains personnels ferment les yeux pour leur tranquilité, mais chut la paix sociale avant tout.
    Mais le shit relève de l’antiquité, maintenant c’est la « blanche ».
    Quant aux effets à long terme, il suffit de voir le comportement de certaines catégories de population (les cas psy) pour se rendre compte des ravages de l’atavisme de la consommation de shit pendant des dizaines de siècles ! Pas besoin d’être toubib pour s’en rendre compte.

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