[Santé] L’hospitalisation privée est en crise !

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L'annonce par le ministre de la Santé de revaloriser de 4,3 % le budget destiné aux hôpitaux publics alors que la part destinée aux hôpitaux privés et aux cliniques ne sera que de 0,3 % a déclenché une vive réaction de la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP), qui demande à ses adhérents - soit, environ, 1.030 établissements de soins où exercent plus de 200.000 professionnels de santé dont, 40 000 médecins libéraux -, de cesser toute activité du 3 au 5 juin, sauf pour certaines activités vitales comme la dialyse, la radiothérapie, la chimiothérapie ou la maternité, par exemple.

Santé publique contre santé privée

Des représentants de l'hospitalisation publique n'ont pas tardé à réagir et publient, dans Le Monde du 19 mai, une tribune aux accents lyriques où ils rappellent le rôle tenu par l'hospitalisation publique en France, se défendant d'être sur-administrés (reproche qui leur est souvent fait) et devant faire face, eux aussi, à des difficultés financières de plus en plus importantes. Contrairement à l'hospitalisation publique, l'hospitalisation privée a pu bénéficier, grâce à la crise engendrée par le Covid-19, d'indemnisations importantes, comme le souligne l’hebdomadaire Marianne du 17 mai 2024, dans un article consacré à ce sujet.

Cependant, la FHP affirme que, depuis, la situation s'est nettement dégradée et que la part d'hôpitaux privés en déficit est passée de 25 à 40 %, entre 2021 et 2023, et risque d'atteindre 60 % en 2024, ce qui pourrait amener des fermetures d'établissements. En cause, l'inflation galopante et l'augmentation des charges, des dépenses d'énergie entre autres. La FHP rappelle également que les hôpitaux et cliniques privés représentent 35 % de l'activité hospitalière mais seulement 18 % des dépenses d'assurance maladie.

Les raisons de la grève

Ce mouvement de grève a des chances d'être largement suivi et il est soutenu par les syndicats de médecins libéraux dont beaucoup, surtout parmi les spécialistes, travaillent dans le secteur de l'hospitalisation privée.

Ces problèmes ne datent pas d'hier, et aux problèmes purement financiers s'ajoutent souvent dans les discussions, des arguments dogmatiques ou sociétaux. Les tenants de l'hospitalisation publique, se drapant dans une attitude vertueuse, accusent la partie adverse de ne privilégier que l'aspect rentable de leur activité. S'il est vrai que les dépassements d'honoraires, parfois justifiés mais aussi parfois excessifs, pratiqués dans l'hospitalisation privée ne plaident pas à son avantage, il faut reconnaître que l'hospitalisation privée est moins onéreuse, pour la collectivité, que l’activité hospitalière publique et qu'elle représente environ un tiers de l'activité hospitalière. Si les négociations ne débouchent pas sur une décision acceptable et rapide pour les établissements privés et si un certain nombre d'entre eux sont obligés de fermer faute de financement suffisant, les hôpitaux publics, déjà saturés et en manque de personnel, ne pourraient pas assumer l'afflux de malades qui s'ensuivrait. Cruel dilemme pour nos décideurs !

Dr. Jacques Michel Lacroix
Dr. Jacques Michel Lacroix
Médecin - Médecin urgentiste et généraliste

Vos commentaires

10 commentaires

  1. Mon cher confrère,

    Un accord a été trouvé et la grève est annulée par de nombreux établissements (tous?).
    Par ailleurs j’aimerais apporter quelques éléments de réponse à votre lecteur J-Normandie. D’une part dans certains établissements privés on pratique de la chirurgie très lourde, cardiaque, thoracique, carcinologique lourde. Par ailleurs la chirurgie est une chose, mais les patients que l’on opère en sont une autre. Et je peux vous assurer que la clinique dans laquelle je pratique l’anesthésie les patients sont extrêmement lourds ! En outre dans les établissements privés que j’ai fréquentés, les plages horaires du fonctionnement du bloc opératoire s’étalent au moins jusques 18h. Ce n’est pas le cas dans les hôpitaux que j’ai connus. Autre exemple j’ai fréquenté des cliniques dans lesquelles un ophtalmologiste opère 20 cataractes entre 8h et 13h. Et des hôpitaux où l’en opère 5 dans la journée…
    Voici quelques arguments véridiques qui permettent de trouver un début de réponse à la question : pourquoi le public coute-t-il plus cher que le privé ?

  2.  » La FHP rappelle également que les hôpitaux et cliniques privés représentent 35 % de l’activité hospitalière mais seulement 18 % des dépenses d’assurance maladie. » Comment se peut-il? Il suffit de rapprocher 18 et 35 pour constater que l’Assurance Maladie rembourse les mêmes actes à – 50 % pour le privé. Y a bon!

  3. Et dire que nous avons cotisé ( et pas qu’un peu) toute notre vie pour nous retrouver
    sans médecin, sans médicament, et bientôt sans hôpital.
    Mais où donc a bien pu passer tout cet argent!

  4. j’aimerais comprendre :  » l’hospitalisation privée coûte X % à la SS mais représente Y % de l’activité ».
    la vraie question est « de quels actes parle-t-on » : il n’y a pas de commune mesure entre une lourde opération cardiaque de 7 heures et une « bête » opération de la hanche.
    il faut comparer ce qui est comparable, et non « des choux et des carottes » !

  5. Entre un soin en clinique et un en Hôpital public (j’y ai travaillé entant que pH, je sais!), il y a malheureusement une marge, due non pas aux soignants dans leur majorité , mais aux moyens qui ne sont pas donnés. Nous en sommes revenus aux hospices d’autrefois.
    Il est clair que, justement parce que j’y ai travaillé, je préférerai en cas de besoin aller en clinique (ce, selon leur réputation de bouche à oreille). Oui c’est plus cher, mais je préférerai me priver d’autre chose pour pour payer la différence.

  6. On se demande le pourquoi d’une telle inégalité de traitement alors que l’objet et le même et le secteur de la santé en crise d’autant que la pratique y est plus économique pour le contribuable ?

  7. Rappel : l’abréviation du mot « docteur » s’écrit « Dr » sans aucun point puisque le « r » est bien la dernière lettre du mot.

  8. Après avoir saboté l’hôpital public il faut bien s’en prendre au privé . Laisser encore deux ans Macron à la tête de ce pays et nous sommes foutus .

    • Mais aussi l’instruction publique, les finances publiques et le service public de l’information… Donnez le désert à des technocrates , 5 ans après ils importerons du sable !

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