[SANTÉ] Médecin agressé à Drancy : 3 semaines de TIG

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En novembre dernier, le Dr Oulmekki était violemment frappé dans son cabinet de Drancy (93) par un patient de 22 ans qu’il suivait depuis longtemps. Multi-fractures ouvertes des os du nez, et ce, pour un problème de remboursement de la part de la Sécurité sociale !

Trois semaine de travaux d'intérêt général et 2.000 euros d'amende pour l'agresseur, la double peine pour la victime

À l’audience de jeudi dernier, l’agresseur « ne s’est pas excusé. Il a passé son temps à rigoler pendant le procès. C’est la double peine pour moi », a témoigné le médecin. Et même triple, avec un verdict qui laisse pantois : trois semaines de travaux d’intérêt général, 2.000 euros d’amende et le plus terrible, pour ce citoyen modèle, un an d’inéligibilité. Il ne manque que la cellule de soutien psychologique pour l’aider à supporter la sévérité de ce verdict, paraît-il rendu « au nom du peuple français ». Qui affirmerait sans rire que c’est le cas, ici, et que le statut de victime de ce confrère a été reconnu ? Que le docteur Oulmekki en a eu pour ses impôts ?

J’ai été, il y a près de dix ans, le premier référent sécurité de mon ordre départemental, mission créée devant la montée en puissance de la délinquance dans les cabinets médicaux. Ses causes se résumaient alors par quatre « R » : rapine, refus, retard, reproche. Il y avait des coups de poing sur les bureaux pour des refus de certificat de complaisance, d’arrêt de travail, de prescription de drogue, ou des vols de tampons, d’ordonnanciers ou d’espèces quand la secrétaire ou le médecin avaient le dos tourné. Mais on était loin, encore, des agressions physiques et autres incidents qui, selon l'Ordre des médecins, ont augmenté de 27 % en 2023. On mesure le chemin parcouru en quelques années.

Médecins et magistrats : des degrés de responsabilités bien différents

Cette affaire est l’occasion de comparer le risque en responsabilité du médecin et du magistrat. Celui-là l’engage par chacune des cents signatures qu’il appose quotidiennement, et par chaque geste technique qu’il effectue, devant les juridictions pénales, civiles et ordinales. Une simple lettre suffit.

La responsabilité du magistrat, en cas de faute personnelle se rattachant au service public de la Justice, ne peut être engagée, elle, que sur l’action récursoire de l’État, exercée devant une chambre civile de la Cour de cassation. Le croirez-vous ? Celle-ci n’a jamais été exercée sous la Ve République. Aucun magistrat français n’a donc commis de faute personnelle depuis 1958 ! Ce doit être bien agréable, une profession où on s’endort chaque soir « du sommeil du juste »...

Tant que, comme on le voit si souvent, une atteinte physique ne sera pas plus sévèrement sanctionnée qu’une atteinte aux biens, on restera dans la nouvelle Justice née après 1968, avec l’École nationale de la magistrature et l’influence déterminante du syndicat éponyme connu pour son « mur des c... »

On attend avec impatience de savoir si le parquet fera appel de ce jugement, puisque la victime, elle, n’a pas ce droit.

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Richard Hanlet
Médecin en retraite, expert honoraire près la Cour d'appel de Versailles

Vos commentaires

27 commentaires

  1. La vie militaire avait du (très) bon. Le « Règlement de Discipline Générale » prévoyait le « tarif » pour toutes les fautes commettables. Il suffisait de se conformer au barème. Il y avait surement des injustices, mais elle étaient les même pour tous.

  2. Si par malheur, le parquet ne faisait pas appel, il se rendrait complice de cette décision incompréhensible. Déjà, percuter et traîner un policier sur plusieurs mètres n’avait coûté que 35 heures de Travaux d’Intérêt Général au coupable… A ce prix là, peu de chance que cela dissuade la récidive. Le laxisme judiciaire décrédibilise la justice.

  3. Franchement de quoi ce médecin se plaint-il ? Oublie-t-il que son nez a percuté le crâne de ce malheureux jeune homme ? Ce toubib s’en tire bien. La « justice » ne lui a pas infligé d’amende et ne l’a pas contraint à indemniser ce pauvre voyou si sympathique. Personnellement, si j’avais été à la place du juge j’aurai collé un an ferme à ce praticien qui a osé porté plainte contre son agresseur ! Mais qu’il n’y revienne pas ! Non mais des fois !… :)

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