[SANTÉ] Pénurie d’internes en médecine : la faute à une énième réforme

médecin

En septième année d'études, les internes représentent 40 % des acteurs médicaux des hôpitaux. Et on sait que ces établissements ont pour la plupart atteint, voire dépassé, le seuil de saturation. Or, tandis que l'on se gargarise d'avoir desserré - à vrai dire faiblement - l'étau du numerus clausus, il manquera, cet été, 10 % d'internes à la promotion 2024, En cause, une énième réforme des études médicales qui s'applique pour la première fois cette année.

Elle succède aux vingt ans du système de l'épreuve classante nationale (ECN), un « concours » de fin de 6e année un peu particulier, puisque tout le monde était reçu. Mieux, encore, que le bac ! L'essentiel était seulement d'être bien placé, puisque le premier avait le choix entre tous les postes - et, donc, dans la spécialité qu'il souhaitait -, alors que les derniers n'avaient droit qu'aux restes.

Éléments nouveaux de la récente réforme, l'introduction d'une épreuve orale, l'ECOS, qui se déroulera en mai, et d'une note éliminatoire à l'écrit d'octobre 2023. Résultat de ce dernier : 240 éliminés.

900 internes ont choisi de… redoubler

Mais si le redoublement peut être une pénible sanction, il peut être aussi un choix délibéré. Et c'est celui qu'ont fait 660 étudiants de 5e année, de nature méfiante et peu désireux d'essuyer les plâtres de la réforme. Plutôt « attendre et voir » qu'appartenir à la « génération crash-test ». Au total, 900 internes de chute.

Aucune inquiétude du côté du représentant des doyens de facultés de médecine : « L'année suivante, on aura une vague haute », dit-il en ajoutant que, par ailleurs, il y aura possibilité pour les hôpitaux de « lisser » un peu l'accident de 2024, puisque l'internat dure au minimum quatre ans. Et ce, même pour les généralistes, depuis que François Braun (éphémère ministre de la Santé) a ajouté un an aux trois qui suffisaient antérieurement ; mais… c'était un engagement présidentiel d'Emmanuel Macron en 2022 ! Allez dire, après ça, que le Président ne tient pas ses promesses…

En tout cas, ce n'est certainement pas grâce à ces réformes que nous pourrons nous passer, demain, du recours aux médecins étrangers ni du transfert de tâches médicales aux paramédicaux.

Richard Hanlet
Richard Hanlet
Médecin en retraite, expert honoraire près la Cour d'appel de Versailles

Vos commentaires

24 commentaires

  1. L’Internat DES HÔPITAUX, concours sur volontariat que l’on passait entre la 5° et7° année d’études (En moyenne 10% d’une promotion devenait interne). Il avait été créé par Bonaparte. Il a duré près de 200 ans et a contribué à faire de la Médecine française une des meilleures du monde. Il formait l’excellence des médecins, mais les autres médecins non-internes étaient aussi très bien formés. L’Interne DES HÔPITAUX était le 1° maillon de la chaine de soins des CHU et n’était plus un étudiant.
    Cet Internat a persisté jusque dans le milieu des années 1990
    Puis , au nom de la soi-disant uniformisation de l’Europe ( Merci Mme Simone Veil et successeurs) , le gouvernement a cru bon,en même temps que la création du numérus clausus, de le remplacer par ce faux concours classant pour généralistes et spécialistes où tout le monde était reçu devenant ainsi tous des Internes  » EN MEDECINE » et non plus « DES HÔPITAUX ». Sous ce changement sémantique se cache une dégradation considérable de la fonction : les Internes sont restés de simples ETUDIANTS avec une formation bien moindre et des responsabilités presque nulles. ( celle des anciens EXTERNES d’autrefois).
    Les réformes se succédèrent à un rythme accéléré dont on ne saisi ni le sens ni le but mais dont les résultats sont de pire en pire en pire dans le contexte général d’une dégradation profonde et continue depuis 30 ans de la qualité de la Médecine française, soumettant ces pauvres étudiants tout au long de leurs études à des angoisses existentielles.
    Dr J J Gros
    Ancien Secrètaire Général de l’Inter-Syndicat National des Internes des Hôpitaux de Villes de Faculté

  2. Dans l’état ou est la médecine en France elle n’attire plus les jeunes médecins, ni les rémunérations, par rapport à ce qu’ils peuvent gagner à l’étranger dans la profession, ou même en France dans d’autres secteurs d’activités à études comparables, ni les conditions de travail, surtout en milieu hospitalier, ni certains patients de plus en plus nombreux, que je ne nommerai pas, mais qui se comportent impunément comme des voyous, tout ceci aboutit hélas à ce que nous voyons et qui n’est pas près de s’arranger. Si nous n’avions pas les « médecins » étrangers, l’hôpital public peut fermer ses portes. Mais pour les français, tant qu’il y aura des vacances tout ira bien.

  3. Je préfère un médecin qui a réussi un concours ou son examen qu’un médecin qui réusi parce que tout le monde passe. Lorsque je voyais passer des prescriptions d’internes (et de jeunes médecins) à l »hôpital, j’étais horrifiée. Le mot d’ordre était d’ailleurs de faire hyper attention avant de valider la prescription et de rencontrer le prescripteur pour explications!
    Parce que les contre indications, les effets secondaires, les interactions médicamenteuses, les médicaments réservés aux XX ou aux XY, aux adultes…. c’est passé aux oubliettes! Soit trous de mémoires, soit pas appris à la fac, soit considérés comme inintéressant? .. Et je vous passe les « fôtes d’aurtografe », genre une « cuiller à cafer a midi et au couché » (je n’exagère pas, c’est du vécu!).. Et je suis en retraite depuis 7 ans. J’imagine que c’est pie maintenant. peut être ai-je tort?

  4. On en est arrivé au point où certains médecins tuent ou estropient leurs malades, on l’a vu avec ceux qui ont bêtement vacciné avec Pfizer. Alors avec ceux qui ont des « diplômes » d’ailleurs… on a du souci à se faire. Il y a bien des solutions, celle d’être riche (cliniques privées) ou de ne pas tomber malade. Mais ce n’est pas à la portée de tout le monde…

  5. Cela coûte beaucoup moins cher de faire venir un médecin étranger que de former un étudiant pendant 10 à 12 ans
    C’est tout.

    • Et exporter nos malades à l’étranger coûterait encore moins cher à la sécurité sociale … ce que certains pays ont fort bien compris en laissant venir leurs ressortissants en France.

  6. « mieux encore que le Bac » dites-vous ? Mais les étudiants sans culture mais nantis de quelques connaissances physico -chimiques et nourris aux QCM sans formation étiologique feront les Médecins de demain qui n’osent même plus rédiger une ordonnance de peur de l’orthographe à y respecter et préfèrent interroger les Labos pour tout patient sur tout sujet.

  7. Les médecins étrangers qui viennent suppléer au manque d’internes dans notre système hospitalier, ca me fait penser aux céréales ukrainiennes ou aux importations du Mercosur, est-ce bien fabriqué avec les mêmes standards que ce que nous exigeons de nos propres produits ?…

    • Bonne question. Les études de Médecine dans le bloc soviétique étaient à portée de toute personne sachant lire et écrire. On commençait Brancardier et poursuivait par Infirmier puis médecin de proche-en-proche. Cette curieuse façon de faire produisait de redoutables praticiens. J’en ai connu en Algérie en 70. Les patients les fuyaient et alimentaient la queue des clients de l’Hôpital français d’Alger, mais dans le bled ils n’avaient guère le choix.

    • On est bien obligé de s’en contenter. De toutes les façons, il suffit de savoir taper sur un ordinateur….

  8. Mettez ces facs en bord de mer avec logement gratuit pour eux il y aura un trop plein de candidats. Cette République est devenu un ramassis de fainéants gauchistes et de sales prétentieux qui avant de commencer dans la vie veulent autant de biens que ceux qui ont trimé toute une vie entière. C’est un enseignement venu de 68 il suffit de regarder le comportement de
    la grande majorité des retraités de l’enseignement et des services publics en général qui ont tous à leur manière appauvri le pays France mais prétentieux et détenteurs du savoir universel et ne déplaise aux féministes les pires sont les femmes qui n’ont plus aucun respect envers les autres avec un savoir devenu universel dans tous les domaines. c’est un constat même si ce n’est pas une généralité mais suffisant pour polluer le pays tout entier. La baisse de la natalité, les femmes isolées qui coûtent fortune au pays n’en sont que des conséquences

  9. Déjà avant que je me mette en disponibilité des hôpitaux, il était difficile de trouver des internes en chirurgie, les meilleurs visaient radiologie ou ophtalmologie, comme me l’avait dit un de mes étudiants , avec cette spécialité (ophtalmo), à 5 heures je serai au golf, pas possible avec la chirurgie et ses urgences. Il est certain que l’hôpital sur administré , n’est pas sorti de l’auberge.

  10. Les futurs médecins privilégient les spécialités qui sont rémunératrice comme l’ophtalmo ou la chirurgie esthétique , la médecine traditionnel est totalement délaisser alors que c’est un secteur en crise.
    Avant de ce spécialisé , il devrait être obligatoire de faire 5ans de médecine générale en cabinet de ville ou a la campagne.

  11. A force de tout détruire voilà ou nous mène ces réformes . Nous ne devons accepter des étrangers que s’ils ont le même niveau d’études . Puis on supprime le tourisme médical , on vire les fraudeurs , cela fera tout ça de patients en moins à soigner et de grosses économies .

  12. Il suffit de lire le JO pour voir que presque tous les jours des cohortes de médecins étrangers sont autorisés à venir en France au détriment des habitants de ces pays ! Pendant ce temps, des étudiants français qui souhaiteraient devenir médecin y sont interdit à cause du numérus clausus « clanique » du corps médical qui prive les français d’un systéme médical performant ! Suppression du numérus clausus

    • Oui, il faut supprimer le numérus clausus, mais il ne faut pas, parallèlement, diminuer la qualité des examens de passage et laisser tous les étudiants avoir leur diplôme, quelles que soient leurs compétences et leurs connaissances..

  13. Le numerus clausus a été remonté il y a 3 ou 4 ans, mais vu la durée des études de médecine, il faut attendre encore 3 ou 4 ans pour en voir les effets…

    • Et pour cause, il est prévu dans le plan « France 2030 » que l’intelligence artificielle remplacera les médecins généralistes et de gros moyens de subventions sont déployés pour organiser ce changement.
      Notre médecin de famille, bientôt remplacé par une machine, une vraie source d’inquiétude et de désolation !

    • et un français encore plus discutable….mélangeant le nom des médicaments et obligeant les pharmacies à beaucoup de vérifications.

      • Sans compter la difficulté (différence de culture) de certains d’admettre que le patient ait son mot à dire sur le traitement et refuser par exemple un médicament qu’il sait lui être allergène par exemple, quelle volée de bois vert me suis je prise !

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