[SANTÉ] Prix sciences et santé de L’Express : la résistance à Trump

À ce point de conformisme et de correction politique, on s’étonne.
©Prolineserver/Wikimedia Commons
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L’Express vient de révéler les gagnants de son prix "Sciences et Santé", deuxième du genre, et l’incipit révèle que la sélection des "nominés" -comme on dit pour les César -, a eu peu à voir avec celle des prix Nobel scientifiques : « Plus que jamais, la science doit être défendue. Les premières actions de Donald Trump aux États-Unis ont de quoi inquiéter (...) La censure des travaux liés au genre ou au changement climatique et, plus généralement, les coupes dans les budgets alloués aux chercheurs vont mettre à mal la santé publique et la lutte contre les effets du réchauffement (...) Cette attaque en règle contre le monde scientifique est surtout une attaque contre la démocratie. » Galilée contre Lyssenko, on va voir ce qu’on va voir !

Le "nutri-score" à l'honneur

Le Grand Prix a été attribué à Venkatraman Ramakrishnan, un Américain (dont on espère qu’il n’est pas trumpiste...) qui a fait l’année dernière une découverte révolutionnaire : « Bien manger, bien dormir et faire de l'exercice sont plus efficaces que n'importe quel médicament anti-âge sur le marché ». Mais il a fait plus, heureusement, puisqu’il a présidé la Royal Society de 2005 à 2009 et fut co-lauréat du prix Nobel de chimie pour ses travaux sur le ribosome, dont il est un spécialiste mondial incontesté. Ce légitime coup de chapeau vers le lointain expédié, L’Express s’est tourné vers des gloires plus nationales.

On ne sait pas s’ils avaient été "nominés", comme on dit à Cannes, mais les éminents universitaires que sont Emmanuelle Hénin, Xavier-Laurent Salvador et Pierre Vermeren n’ont pas été retenus. Leur ouvrage « Face à l’obscurantisme woke » répondait pourtant à l’urgence de se prémunir contre cette dérive.

Mais le journal a préféré donner son « prix de la Prévention » à Serge Hercberg et Mathilde Touvier, pour leur combat en faveur de la santé publique à travers le Nutri-Score... Or s’il est un mètre étalon de la fausse bonne idée, c’est bien cet étiquetage censé renseigner les gueux sur ce qu’il est bon de consommer. Les frites, par exemple, qui ont la meilleure note (A). Normal, puisque dans leur sachet surgelé elles n’ont encore vu ni huile, ni sel, ni la sauce samouraï chère à la famille Tuche. Le Nutri-Score fait également fi des additifs, conservateurs ou perturbateurs endocriniens, permettant ainsi à un soda sucré "de base" de faire passer sa note de E à B en remplaçant le sucre par des édulcorants chimiques. Ces défauts sont si évidents que ce 14 mars précisément, le gouvernement a publié un arrêté censé améliorer les critères de notation du Nutri-score.

A la pointe de la bataille contre Didier Raoult

Le prix de la « Défense de la Science » a été, lui, attribué à un certain professeur Mathieu Molimard. Selon L’Express, le titre de gloire de ce champion de ball-trap sur ambulance, c’est d’avoir été « à la pointe de la bataille contre Didier Raoult pendant la pandémie. Il est devenu, depuis, l’une des figures de la lutte contre les fausses informations médicales ».

À ce point de conformisme et de correction politique, on s’étonne que les héritiers de J.J. Servan-Schreiber et Françoise Giroud n’aient pas récompensé le Planning familial pour son militantisme, afin que les mineurs déboussolés puissent bénéficier de bloqueurs de puberté sans l’accord de leur parent. Ou un de ses psychiatres qui se contentent d’un "auto-diagnostic" pour les recommander (ce qui, il est vrai, économise de longues heures d’analyse...). Ou pourquoi pas, ces confrères qui finissent par les prescrire ?

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Richard Hanlet
Médecin en retraite, expert honoraire près la Cour d'appel de Versailles

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