Santé, visas, regroupement familial… à quand la fin du privilège algérien ?

drapeau algérien

Louis de Torcy évoquait, ici même, la semaine dernière, la question de l'accord franco-algérien de 1968. Un sujet de taille qui n'a pas fini de révéler toutes ses facettes. Et c’est la parole d’un homme de terrain, celle de Xavier Driencourt, celui qui, durant sept longues années, a occupé le poste prestigieux d’ambassadeur de France en Algérie, qui mérite d'être entendue. Du reste, on écoutera ou réécoutera avec intérêt l'entretien que ce grand serviteur de l'État avait donné à BV, il y a bientôt deux ans.

Interrogé, vendredi dernier, par Le Figaro, l'ex-diplomate a levé le voile sur les incroyables privilèges accordés par la France à une certaine caste algérienne. Il cite une correspondance datant de 2007 entre les ministres des Affaires étrangères des deux pays, Bernard Kouchner et Mourad Medelci, qui exempte de visas tous les détenteurs algériens de passeports diplomatiques. « Or, en Algérie, les passeports diplomatiques sont diffusés très largement à toute la nomenclature algérienne : les diplomates, mais aussi les militaires, les politiques, leurs familles… Ils ont des passeports diplomatiques à vie !, explique Xavier Driencourt. Toute la nomenclature algérienne peut venir en France sans visa, avec un simple passeport diplomatique, pour se faire soigner et faire leurs affaires. »

Conscient des enjeux actuels, le diplomate ne s’en tient pas au simple constat, mais se veut aussi force de proposition. Il suggère, ainsi, d’utiliser les largesses de l’État français comme moyen de pression dans certains dossiers. « Si on voulait envoyer un signal au système algérien, on commencerait par dénoncer cet accord, glisse-t-il. Le ministre des Affaires étrangères peut le faire sans même l’autorisation du président de la République… » À bon entendeur !

Un privilège aussi ancien qu’extravagant

Cet avantage accordé à une certaine élite est symptomatique de l’attitude française à l’égard de l’ensemble de la population algérienne. Une générosité XXL induite par les accords du 27 décembre 1968 qui comprennent de nombreuses dispositions dérogatoires, très avantageuses y compris par rapport aux accords conclus avec d’autres pays comme le Maroc ou la Tunisie : regroupement familial accéléré, conditions d’intégration dans la société française assouplies, visas étudiants généreusement attribués, régularisation des clandestins facilitée… Alors que l’Algérie s’est rapidement assise sur les rares devoirs qui lui avaient été fixés par les accords d’Évian, la France continue d’arroser d’aides et de privilèges exorbitants son ancienne colonie.

C’est en réalité dès l’indépendance, en 1962, que la France s’est crue tenue d’accéder aux demandes les plus extravagantes de l’État maghrébin. Des aides financières massives et régulières ont été versées à l’Algérie après l’indépendance, pour un total de 8 milliards de nouveaux francs, rien que pour la période 1962-1969. Une générosité qui ne s’est, hélas, jamais démentie.

Aujourd’hui, ce qu’il n’est pas exagéré de nommer le « privilège algérien » continue de produire ses effets. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : près de 18 % de l’ensemble des titres de séjour sont détenus par des Algériens (devant le Maroc et la Tunisie), plus de 40 % des Algériens de plus de 15 ans vivant en France sont chômeurs ou inactifs (soit trois fois plus que les Français) ; 50 % des ménages immigrés d’origine algérienne en France vivent en HLM (soit presque quatre fois plus que les ménages non immigrés).

En résumé, les Algériens sont sous-contributeurs à la richesse nationale mais sur-consommateurs de différents dispositifs de solidarité mis en place par notre si généreux pays. Stop ou encore ?

Jean Kast
Jean Kast
Journaliste indépendant, culture et société

Vos commentaires

58 commentaires

  1. ON va attendre encore un bon moment avant qu’un Ministre courageux mette fin à ces accords qui n’ont plus lieu d’être et qui permettent la venue de gens qui n’ont rien à faire ici et encore moins percevoir des aides ; lesquelles nous ruinent.

  2. Tout est clair, mais où lira-t-on (hormis ici) que  » plus de 40 % des Algériens de plus de 15 ans vivant en France sont chômeurs ou inactifs (soit trois fois plus que les Français) ; 50 % des ménages immigrés d’origine algérienne en France vivent en HLM (soit presque quatre fois plus que les ménages non immigrés). » ?

  3. Puis-je simplement me permettre une correction?
    L’Algérie n’était plus une colonie mais 3 ou même 4 départements de la « République »(dont on parle tant et tant en toute occasion!) et que le président de l’époque a abandonné malgré l’interdiction qui en était faite dans la sacro-sainte constitution et sa préservation de l’intégrité du territoire.
    L’Histoire, la vraie, jugera …

  4. Je n’ai jamais compris qu’à partir de 1962 époque où on a été viré d’Algérie , nous avons accueilli sur notre sol des Algériens comme si rien ne s’était passé
    Ils voulaient l’indépendance , ils l’avaient qu’ils se débrouillent !! On voit le résultat de notre « grand coeur » !!

  5. Finalement, la France pays fière de sa révolution semble être le pays où les privilèges sont les plus nombreux et les plus récurrents :
    – privilèges parmi les salariés, qu’ils exercent dans le privé ou dans la fonction publique leurs « avantages » ne sont pas du tout les mêmes
    – privilèges accordés à certains étrangers et tout particulièrement aux Algériens
    – privilèges offerts à ceux qui vivent d’aides sociales et dont ne bénéficient pas ceux qui travaillent ou ont travaillé et cotisé : petites retraites soumises à impôts sur le revenu ce qui n’est pas le cas concernant le minimum vieillesse par exemple. D’ailleurs aucune aide sociale n’est comptabilisée dans les revenus
    – privilèges de notre caste pléthorique d’élus : avantages en nature non soumis à l’impôt sur le revenu, mode de calcul des retraites, privilèges à vie pour certains élus et privilèges à plusieurs millions par mois pour les anciens présidents (dans quel pays civilisé et démocratique de tels privilèges existent-ils ?)
    – « gratuité » des séjours en prison pour les criminels et séjours en maison de retraité facturés à plusieurs milliers d’euros par mois
    – etc.
    Finalement, il serait grand temps que nos grands « historiens » qui savent si bien réécrire notre histoire, suppriment d’urgence les mensonges concernant la révolution et étalés dans les livres d’histoire. Ils ne sont plus à une « fake » près …

  6. Normal quand on écoute l’Hymne National algérien :
    « Ô France ! Le temps des palabres est révolu. Nous l’avons clos comme on ferme un livre. Ô France ! Voici venu le jour où il te faut rendre des comptes. Prépare-toi ! Voici notre réponse. Le verdict, notre révolution le rendra. Car nous avons décidé que l’Algérie vivra. Soyez-en témoin ! »

  7. Il est grand temps de déchirer les accords d’Evian.
    Ils sont une honte pour la jeunesse française qui doit supporter leur coût pharaonique.
    Un peu de courage de la part de Barnier, lui qui n’en manquait pas « en paroles » lors de la primaire de la droite LR de 2021.

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