Sarah Palin, chute d’une icône américaine…

SARAH PALIN

Sans certaines figures foutraques, au caractère aussi imprévisible qu’emporté, la vie politique serait parfois bien morne. C’est vrai pour la France, mais aussi pour les USA, avec Donald Trump bien sûr, ou Sarah Palin, il va sans dire. En effet, cet ancien gouverneur de l’Alaska, État traditionnellement républicain depuis un demi-siècle, vient-il d’échouer à regagner ce poste qu’elle occupa de 2006 à 2009, à quelques semaines des fameuses élections de midterm, celles du mi-mandat présidentiel, qui se dérouleront le 8 novembre prochain.

Sarah Palin n’est pas exactement madame tout le monde. Mère de cinq enfants, catholique de naissance, elle se convertit tôt au protestantisme, mais évoluant toujours dans le mouvement des « chrétiens post-confessionnels ». Nous ne sommes donc pas exactement chez le regretté philosophe Gustave Thibon.

Plus sérieusement, en 2008, John McCain, candidat républicain, l’enrôle dans son ticket présidentiel face à un certain Barack Obama. À cette occasion, la pétroleuse fait feu de tout bois. Elle est contre l’avortement et pour la chasse, milite pour la NRA, puissante association pro-armes et se fait bénir, la même année, par le pasteur Thomas Muthee, afin d’être protégée de « la sorcellerie ». Crainte d’être maraboutée par les suppôts du prochain président ? L’histoire ne le dit pas.

Opposée à la sauvegarde des ours polaires (ce qui lui vaut les foudres d’une autre dame tout aussi agitée, Brigitte Bardot), elle est également favorable à ce que les loups d’Alaska puissent être chassés par des chasseurs sachant chasser en avion. Bref, si Sarah Palin coche de nombreuses cases, ce ne sont pas forcément les bonnes ; médiatiquement s’entend. Et pourtant, les médias, elle en connaît un rayon de bicyclette, même si après l’échec de John McCain à l’élection suprême, sa carrière politique accuse un sérieux coup de mou.

Qu’importe, à l’instar de Donald Trump, son futur mentor, elle se lance, en 2010, dans les émissions de télé-réalité en participant à « Dancing with the Stars » (« Danse avec les stars », en French), avant d’avoir droit à son propre show, « Amazing America » ; soit l’occasion de promouvoir la liberté d’expression et la lutte contre le politiquement correct.

Logique, pour cette tête de gondole des manifestations du Tea Party, nébuleuse activiste très en pointe de 2008 à 2010, contre le premier mandat de Barack Obama. Là encore, du boire et du manger dans ce populisme d’outre-Atlantique, surtout lorsque financé par les frères Charles et David Koch, milliardaires libertariens de stricte observance, prônant la suppression du FBI, de la CIA et des écoles publiques, mais favorables à la légalisation de la drogue et du mariage homosexuel…

Peu importe, la pétulante Sarah Palin se jette à corps perdu dans ces combats parfois contradictoires. À propos de corps, le sien intéresse de plus en plus l’industrie cinématographique d’alors ; celle de la pornographie, précisons. Une actrice de cinéma X, Lisa Ann, son quasi-sosie, interprète même son rôle dans une pochade érotico-politique dont quelques extraits tournent encore sur Internet. Puis, consécration suprême, en 2008, le réalisateur Cezar Capone lui fait miroiter deux millions de dollars pour tourner un film pornographique, avec bonus de deux cent mille dollars si son mari accepte de donner de sa personne lors du tournage. Sans grande surprise, cette proposition est restée lettre morte.

Après ses déboires électoraux, Sarah Palin pourra toujours se consoler en passant une bonne soirée bière et pizza devant Iron Sky (2012), sympathique film d’anticipation tourné par Timo Vuorensola, dans lequel la fort gironde Stephanie Paul, son portrait craché au physique comme au mental, incarne une présidente américaine partie en guerre contre des nazis planqués depuis 1945 sur la face cachée de la Lune.

Comme disait Oscar Wilde et d’autres esprits taquins, les USA demeurent le seul pays au monde à être directement passé de la barbarie à la décadence sans avoir jamais connu la civilisation.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

11 commentaires

  1. Oscar Wilde avait certainement ses raisons d’écrire cela. Ce qui m’inquiète, c’est que l’Europe copie cette culture dominante et se soumette totalement à la politique américaine décadente.

  2. Oscar Wilde avait trouvé la formule . Les USA sont capables de tous les excès alors que la France est le pays de l’équilibre (de moins en moins) .

  3. Une des femmes les plus antipathiques que je connaisse et pas seulement parce que je ne partage aucune de ses « valeurs ». Les USA nous offrent, hélas, de temps en temps, une de ces caricatures qu’il vaut mieux ni voir, ni entendre. Deux ou trois chez nous mériteraient, avec un petit effort, le même ostracisme.

  4. La citation à la fin de votre article résume à elle seule ce que vous avez écrit plus haut . Tout ce que l’on pourrait souhaiter à l’Europe ce serait de ne pas faire l’inverse après avoir été un phare civilisationnel dans le monde ! Et il ne faudra visiblement pas compter sur les EU pour nous sauver de la barbarie ,une nouvelle fois ! Entre ses républicains loufoques et ses démocrates wokes !

  5. Portrait un peu facile.
    « Mère de cinq enfants, » dont un trisomique : ç’aurait été embêtant de le préciser ?

    « catholique de naissance, elle se convertit tôt au protestantisme, mais évoluant toujours dans le mouvement des « chrétiens post-confessionnels » ».

    « MAIS évoluant toujours …. »
    DONC ??? On attend votre explication,votre conclusion, Monsieur Gauthier.

    • Je ne vois pas, dans le contexte de cet article, l’intérêt de préciser qu’un de ses enfants est trisomique, sinon pour y ajouter une pointe de voyeurisme !
      Quant à votre seconde remarque, eh bien vous même devriez remarquer que monsieur Gauthier ne s’attache qu’à la réalité des faits, quant aux spéculations il vous laisse libre de spéculer, on aime beaucoup ça en France, il serait dommage de s’en priver !

      • Les faits , ça se sélectionne !
        mais mère de 5 enfants, dont un trisomique, ça ne cadre pas avec son terme de « pétroleuse ».

         » Nous ne sommes donc pas exactement chez le regretté philosophe Gustave Thibon. »
        je subodore que N.gauthier serait bien en peine de nous citer, au pied-levé, 5 titres de Gustave Thibon …

  6. La dernière phrase est lapidaire, et sans doute pas fausse. Ce sont ces gens qui influent le plus sur le monde . Inquiétant !

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