[Satire à vue] Des présidentielles sans Poutou… À quoi bon ?

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Les tristes nouvelles se succèdent. Après le décès de la reine d'Angleterre, le monde politique est endeuillé par le départ de Philippe Poutou vers un autre secteur d'activité. Au terme d'un règne sans partage sur trois élections présidentielles, le roi de la lutte anticapitaliste a fait part à l'ensemble des médias de son abdication. Très ému par cette annonce, Stéphane Bern a sobrement déclaré : « Bon débarras ! » De toutes parts, les témoignages de sympathie affluent. « On ne le regrettera pas », « Depuis le temps qu'on attendait qu'il se casse »... La plupart des figures qui comptent sont venues écrire un mot sur le registre disposé au bas de l'immeuble où siège le NPA.

Au chômage depuis trois ans après vingt passés en tant qu'ouvrier chez Ford, le souverain syndicaliste a dû se rendre à l'évidence : « J'étais complètement grillé dans l'industrie. » La disparition de Philippe Poutou dans un barbecue allumé par Sandrine Rousseau est le scénario privilégié par les enquêteurs. Mais déjà, l'homme redouté par les DRH renaît de ses cendres et fait savoir qu'il est ouvert à toutes propositions. Contacté par Emmanuel Macron pour achever EDF, il refuse l'offre alléchante pour perpétuer son combat au sein de la société de distribution de films Urban Distribution. Titulaire d'un CDI, la nouvelle recrue aura pour mission de promouvoir des films consacrés à « la lutte contre le racisme, l'homophobie, les injustices sociales, les abus de pouvoir et la corruption ». L'originalité des deux premières causes ébouriffe la rédaction de Libération et le staff du Festival de Cannes. Mais où vont-ils chercher des thèmes aussi inattendus ?

À l'inverse, dès la dépêche mise en ligne, les exploitants de salles ont tiré les rideaux de fer et dressé des barrages préventifs. Tout long-métrage (moyen ou même très court) promu par Philippe Poutou sera impitoyablement refoulé vers la MJC la plus proche. Les directeurs de ces établissements comptent sur la célébrité du personnage pour compenser le ronronnement des films qu'il présente. La promesse d'un selfie, un dîner, une soirée dansante avec Poutou peut réunir 1 % de ses anciens électeurs devant les écrans.

Pour ses premier pas dans la profession, le regretté pilier des présidentielles aura la lourde tâche de promouvoir le film Black is Beltza II: Ainhoa. À la question de la caissière du multiplexe « Quel film, s'il vous plaît ? », la direction prévoit 95 % d'incapacité à prononcer le titre. Le Huffington Post précise qu'il s'agit d'un « film d’animation pour adulte sur la fin de la guerre froide et la répression policière espagnole face à des activistes basques ». Deux obstacles pour le prix d'un seul. Kad Merad se frotte les mains. Son appel à baisser le prix des places a été entendu.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 16/09/2022 à 17:58.
Jany Leroy
Jany Leroy
Chroniqueur à BVoltaire, auteur pour la télévision (Stéphane Collaro, Bêbête show, Jean-Luc Delarue...)

Vos commentaires

16 commentaires

  1. Ah ! il s’intégrait si bien au paysage notre vieux révolutionnaire d’Epinal. On va le regretter un peu comme on regrette le fauteuil de notre vieux grand-père ou un livre d’images de notre enfance.

  2. Reviens Philippe Poutou s’il te plaît ! Comment une élection, surtout présidentielle pourra-t-elle se dérouler sans ta charismatique présence ?

  3. Quand je pense qu’on a écarté Asselineau au profit de Poutou et Artaud à la dernière présidentielle. ces deux comiques coincés dans les errements idéologiques du XXe siècle. Encore une manip pourrie de Bayrou … Asselineau, mème s’il n’est pas complètement ma tasse de thé, avait tout de même un autre envergure que les deux autres, et pouvait élever le débat !

  4. Hilarant!
    Poutou a trouvé le filon avec le cinéma woke- anti blancs- anti occident- pro LGBT……Bon vent à lui et surtout qu’il ne revienne pas !

  5. La mascarade continue
    Aujourd’hui, la reconversion de Poutou dans une entreprise de distribution de films.
    Quelque chose me dit que l’argent du contribuable, va, une fois encore, être sollicité d’une manière ou d’une autre.
    Pourquoi se gêner ….

  6. Merci pour ce morceau d’anthologie, c’est un film à montrer à tout le monde !
    Ah Poutou !
    La version mâle de Arlette Laguiller !
    Lui aussi, il fait un p’tit poutou à ses potes syndiqués, puis s’en va se faire un autre film de sa vie !
    Un titre qui irait bien au résumé de cette vie : « Comment vivre sur la bête ? »
    Et Dieu sait qu’il y en a bien d’autres en France généreuse avec les utopies, et leur porte-voix !

    • Oh la, je vous trouve insultant vis à vis d’Arlette Laguillier ! Elle au moins elle était sincère, je suis nettement moins sûr pour Poutou !

      • Chacun est libre de penser ce qu’il veut, ça s’appelle « la démocratie », au cas où vous l’auriez oublié !
        Arlette Laguiller a profité du système français comme tous les autres !
        Et elle est partie avec une retraite consistante, que bien des communistes lui envient !
        Désolé de vous décevoir !

  7. Dommage ! Il était drôle , la vie politique sera bien moins amusante dorénavant. Avant nous avions Georges Marchais qui nous faisait bien rire, mais c’était une autre pointure… Georges ! Si tu nous regardes ! Regrets !

Commentaires fermés.

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