[Satire à vue] Ferrand et Mélenchon : des valeurs communes et diamétralement opposées

Richard Ferrand

Dès le soir du premier tour de l'élection présidentielle, Richard Ferrand traçait des cœurs sur les urnes à l'attention de son ex-collègue du PS : « À mon Mélenchon », « À mon grand fou du 9.3 », le tout transpercé de flèches dirigées vers l'ogresse de droite. À eux deux, ils pouvaient bouter la méchante hors du jeu électoral, la réduire à néant. Un bon 0 % ferait les pieds à cette insolente qui osait affronter le saint Graal élyséen. Au micro de LCP, le 10 avril, le prétendant dévoilait la flamme d'insoumission qui brûlait en lui : « Moi qui suis un homme de gauche, moi qui connaîs bien la gauche... » Lui qui connaissait personnellement le coiffeur de Raquel Garrido enchaînait : « Je sais très bien que nous avons des idées différentes mais des valeurs communes. » Rien ne pourrait plus arrêter cet élan d'amour d'un gauchiste mou vers un gauchiste pur et dur. Sur une alliance inspirée des matelas semi-fermes, l'électeur pourrait s'endormir comme un bébé et voter les yeux fermés pour Macron multispire.

Hélas, il en est des stratégies politiques comme du célèbre conte de Grimm : aux douze coups de minuit du premier tour des législatives, le carrosse LFI se transforma en citrouille. Le courtisé de la veille avait mené sa campagne tambour battant et menaçait maintenant d'envahir l'Assemblée nationale. Comment dormir sur le même matelas si le partenaire tire sur les draps ? Dans une volte-face éblouissante, Richard Ferrand se lève et déclare à la cantonade : « Nous sommes, pour ce second tour, face à un choix de valeurs et de projets diamétralement opposés » (Ouest-France, le 12 juin).

À cette rupture consommée vient se joindre la voix de Christophe Castaner. Une alliance Ferrand-Tamplan se dessine. Après avoir flatté jadis l'électorat du mauvais coucheur, l'ex-ministre de l'Intérieur tance vertement ce nouvel ennemi : « Jean-Luc Mélenchon créé le désordre » (BFM TV, 11 avril). Le philosophe de la Macronie tire la leçon de cette irruption de la NUPES dans le jeu de quilles macronien : « L’ambiguïté, elle n’est pas chez nous, elle est chez LFI. » Toujours droits, toujours animés par une même conviction : faire barrage à tout ce qui bouge.

« Macron veut déconstruire l'identité française, Mélenchon veut la détruire. Macron prend son temps, Mélenchon est pressé », déclarait Éric Zemmour, au soir du premier tour. Les dupes de la NUPES sont l'enjeu de ce théâtre de faux-semblants.

Jany Leroy
Jany Leroy
Chroniqueur à BVoltaire, auteur pour la télévision (Stéphane Collaro, Bêbête show, Jean-Luc Delarue...)

Vos commentaires

14 commentaires

  1. Ces deux là ont plusieurs valeurs communes, comme le mensonge et l’acharnement à détruire le pays.

  2. Les électeurs de la NUPES sont des gens simple(t)s qui croient que demain, on rasera gratis.
    Somme toute, ils sont 25%, mais avec plus de 50% d’abstention, ils représentent moins de 12,5% des inscrits.
    D’ailleurs, avec une explosion de l’abstention prévisible au 2nd tour, quelle légitimité aura cette Assemblée nationale légalement (?!?) élue ?

  3. Où sont passées les casseroles que Ferrand trainait à ses basques ????Et l’argent des « Mutuelles de Bretagne » ?????
    Mon Dieu !! beaucoup trop de français ont la mémoire courte , pour reconduire toujours les mêmes à se servir au lieu de servir la France .

  4. « Quand le Vent change de sens, la Girouette tourne ». Paraphrase d’E. Faure.
    Au temps des éoliennes, ce sera bien pire !

  5. Cette gauche du centre a son extrême est totalement pourrie.
    Ceux qui lui font confiance (25% des inscrits )…sont stupides et souvent illettrés!

  6. Pour les non-initiés (comme moi): allez voir sur Wikipédia de quoi est composée la NUPES; vous voyez 15 paris politiques qui vont de l’extrême-gauche à la gauche centriste… C’est donc là un château de cartes, dont le meneur de jeu semble être J-L MELANCHON (à voir pour combien de temps), et qui ne doit sa stabilité qu’à une absolue immobilité des composantes; au moindre mouvement d’une des cartes, ou du moindre courant d’air = tout s’écroule. Mais qu’importe, après tout, le but est atteint!

  7. C’est une nouvelle fois le Z qui voyait juste et le disait avec talent . L’union affairiste Ferrand-Tanplan, comme vous dites, ressemble à celles que l’on a bien connues dans les précédentes républiques aussi publiques que les latrines de ces temps.

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