[Satire à vue] Fini la rigolade, Dupond-Moretti dégaine son flyer 

Dupont-Moretti

Ça barde, en haut lieu ! Emmanuel Macron fait appel à l'artillerie lourde. Ces événements qui ont enflammé la France ne se reproduiront plus. Le char Dupond-Moretti est envoyé sur le front de la riposte. Son premier tir s'annonce redoutable. Une pluie de flyers va s'abattre sur les juridictions susceptibles de receler en leur sein les parents de dangereux incendiaires. Commissariats et gendarmerie se préparent également à recevoir cette arme fatale sur laquelle figure le rappel des trois responsabilités qui incombent aux mamans et papas. Stratégie réglée au millimètre. Après « déficelage » des ballots de papier par un spécialiste rompu aux manipulations délicates, chaque tract sera remis en main propre aux personnes concernées... ou envoyé par La Poste. Ou distribué dans la rue. Secret-défense oblige. Le moyen de transmission des flyers aux intéressés n'a pas été dévoilé au grand public.

L'efficacité de l'opération n'est plus à démontrer. À réception de ce communiqué gouvernemental, les parents le placent sur la table de la cuisine afin qu'il reçoive les épluchures de pommes de terre. Cette première utilité les interpelle. Alors qu'ils œuvrent à la préparation du repas, ils aperçoivent quelques phrases rédigées avec application par les établissements Dupond et Moretti. « Lorsque votre enfant vole, abîme ou détruit quelque chose […] c’est vous, parents, qui serez condamnés à payer les réparations. » Un rire parcourt l'étage de l'immeuble. Papa est en prison et maman est insolvable. Responsabilité pénale « en cas de manquement aux obligations parentales » bla-bla-bla... Et la litanie continue. « S'ils n'interviennent pas pour s'opposer à une sortie du domicile qui pourrait être dangereuse pour la santé ou le sécurité de l'enfant... »

« Tu me feras penser à confisquer la kalachnikov du petit », dit la maîtresse de maison à son aîné. Une prise de conscience s'amorce dans les esprits. Les armes et bidons d'essence sont désormais placés sous la garde des plus grands. En 6e, le sens des responsabilités s'éveille. Par suite d'une remise dans la poubelle jaune du tract en question, les adultes n'ont pas l'occasion de lire la suite mais les frites sont cuites à point. Que se serait-il passé sans l'intervention inopinée du ministre de la Justice ? Les parents n'osent y penser. Les enfants auraient mis à sac l'appartement, incendié la friteuse, dévasté la cuisinière.

Au terme de cette féroce opération de sensibilisation, les instances de gauche redoutent une escalade dans la répression. Des négociations seraient en cours pour que le gouvernement ne succombe pas à la tentation du Numéro Vert. « Ah non, pas ça ! » a crié Jean-Luc Mélenchon. Où se cacheraient les parents pour passer les appels ? Dans quel sous-sol humide les retrouverions-nous en train de converser avec un préposé ?

Depuis ce jour, la question « ça veut dire quoi, flyer ? » résonne dans les écoles maternelles encore debout. L'introduction à l'anglais honore le ministre. Des demandes pour qu'il envoie un feedback sous forme de newspaper affluent au ministère. Les déficeleurs de ballots de papier sont sur les dents.

Jany Leroy
Jany Leroy
Chroniqueur à BVoltaire, auteur pour la télévision (Stéphane Collaro, Bêbête show, Jean-Luc Delarue...)

Vos commentaires

42 commentaires

  1. Mince, ça c’est arrêté. Plus rien à voler. Attendons déjà la fin de la vente , puis la reconstitution des stocks, et rebelote. Elle est pas belle la vie !

  2. Tout un cirque mûrement réfléchi, totalement inutile car sans effet prévisible. Il serait si simple de réduire une allocation, celle du logement par exemple, de 20% à la première condamnation aussi insignifiante soit-elle, de 40% à la première récidive, de 60% à la deuxième , pour en venir à la supprimer totalement à la troisième. Et réattribuer progressivement cette allocation après par exemple, un an de bonne tenue.

  3. Pauvre France qui n’a plus que des flyers pour se défendre et surtout une cocotte en papier nommée Dupond Moretti ministre de l’injustice.

  4. Curieux de savoir à quel tarif le cabinet McKinsey a facturé cette « brillante » idée …

  5. Envoyer un « flyer » (en bon français), à des gens qui sont incapables de lire, voire de comprendre un document de la CAF, semble en effet une idée géniale à la Dupond-Moretti…
    À moins que ce ne soit une idée à quelques centaines de milliers d’euros à la McKinsey, qui sait ?

  6. En effet ça risque d’être sanglant! Pour bien s’imprégner du côté désuet de la chose, il est bon de mettre en perspective cet article avec celui de Marc Baudriller hier: lunaire.

  7. Un ministre de la justice, aux multiples mises en examen, il n’y a que dans les républiques bananières, dont nous sommes désormais, que nous pouvons le goûter.

    Un repris de justice, plutôt; toujours repris de justesse.

  8. Parler pour ne rien dire et ne rien dire pour parler sont les deux principes majeurs et rigoureux de tous ceux qui feraient mieux de la fermer avant de l’ouvrir ! (Pierre Dac)

  9. Malgré la tristesse et désolation des événements qui se succèdent, c’est toujours un grand bonheur que de vous lire Mr Leroy. Je savoure chacun de vos articles . C’est peut-être la seule chose qui me fasse rire à gorge déployée en ce moment. Même si le rire est un peu jaune parce que sous couvert d’ironie , vous êtes dans le tristement réel . Merci à vous pour ces moments de joie.

  10. La non réaction du gouvernement est consternante. Après avoir assisté au concert d’Elton John, notre président s’est prêté au jeu des selfies sur l’étape pyrénéenne du tour de France, on croit rêver !
    En fait, Macron n’a aucune idée de ce qu’il doit faire. Sa sidération est sidérante !
    Tel un piètre joueur d’échecs, il n’a jamais le moindre coup d’avance. Voilà plus de 6 années qu’il ne fait que subir les évènements. Sa seule réponse est le carnet de chèques à hauteur de 100 milliards par an.

  11. On pourrait déjà apprendre aux parents à lire le français. Ce serait un bon début, mais ça risque de prendre du temps.

  12. Une fois de plus, Jany Leroy est excellent et constamment drôle. Pertinent et impertinent. Je plains sincèrement les cibles de ses saillies. Si elles ne rient pas d’elles-mêmes devant tant de talent, qui tient autant de l’humour que de l’analyse, alors elles doivent pleurer de honte…

  13. Ce serait risible si la situation n’était aussi grave. Pourtant, nous savons qu’ « ils » savent. McKinsey doit phosphorer pour trouver une porte de sortie sans remettre en cause un instant la doctrine progressiste. Le Gouvernement paraît totalement dépassé par les évènements et des réponses qu’il est incapable d’imaginer.

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