[SATIRE A VUE] Les crèches de Lucéram ou le cauchemar des laïcards

Les 1.200 habitants de Lucéram (Alpes-Maritimes) s'unissent chaque année pour mettre en place des centaines de crèches. Depuis 26 ans, en proposant son traditionnel circuit de crèche, le village devient un centre d'intérêt touristique durant la période de Noël, au grand dam des laïcards...

Du 4 décembre au 2 février, le village de Lucéram doit être le cauchemar de Manon Aubry. Pour l'élue insoumise, la traversée de cette commune de l'arrière-pays niçois s'apparente à une épreuve de Fort Boyard. Des crèches à tous les coins de rue, des grandes, des moyennes, des minuscules. En 1998, le visiteur en comptait 33. Elles sont au nombre de 450, cette année. La mairie détient la plus majestueuse, les autres se nichent jusque dans des fissures naturelles. Manon Aubry capitule.

Petit passage en revue de quelques crèches sur plus de 450 du circuit des crèches de Lucéram @VisitCotedazur @ExploreNCA #ILoveluceram #luceram #creches #CrechesDeNoel #CotedAzurFrance #georgesmiha #geozine #nicetourisme #AmbassadeursCotedAzurFrance #ExploreNiceCotedAzur pic.twitter.com/y71rVh5wXv

— Georges MIHA (@geozine_) December 23, 2024

L'instigatrice du projet, Christiane Ricort, se confie au Figaro : « Tout le village est mis à contribution, c’est aussi ce qui fait notre particularité. Tout le monde, ou presque, participe. » Cette débauche d'étables christiques attire jusqu'à 60.000 visiteurs par saison. L'édile du lieu, Michel Calmet, se félicite de cette manne touristique qui permet aux commerçants de ne pas fermer boutique.

Dix heures de présence au bureau ou à l'atelier le 25 décembre pour exprimer son amour de la laïcité ?

En 2017, la commune a triomphé d'une association qui souhaitait envoyer le mouton, l'âne et le bœuf au tribunal. Christiane Ricort propose une mesure qui mérite d'être soumise à la sagacité du futur ministre du Travail : « Ces gens qui veulent interdire nos crèches, on devrait leur imposer de travailler le 25 décembre. » Dix heures de présence au bureau ou à l'atelier pour exprimer son amour de la laïcité. En télétravail au soir du 24 décembre. Pendant que la famille ripaille, le chantre établit le bilan de fin d'année de son entreprise. Il bûche. La tradition culinaire est respectée.

En vertu de son assiduité à tracasser les municipalités, le militant associatif non présent sur son lieu travail le 25 décembre se voit infliger une amende. Montré du doigt, soupçonné de s'être adonné à une remise de cadeaux à deux pas d'une crèche, il est poursuivi par le maire de Béziers, lui-même régulièrement ennuyé par la Ligue des droits de l'homme dont les deux requêtes en référé viennent d'être rejetées par le tribunal administratif. L'intégrité du combattant ne peut être prise en défaut.

Le lundi de Pâques, il transpire sur le métier ; le jeudi de l'Ascension, il gravit quatre à quatre les marches qui le mènent au sommet de la tour Montparnasse où une réunion l'attend. Il n'est pas de ceux qui prendront l'ascenseur, en ce jour de repos contraire aux vertus de la République. Il montre l'exemple. À quatorze reprises, il chute puis reprend son ascension. Plus tard, ses disciples reproduiront la scène en miniature. Lui, sur la paille pour ne pas avoir été assez assidu, Jean-Luc Mélenchon le réchauffant de son souffle. La mairie de Lucéram ne pourra refuser cette crèche émouvante.

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