[SATIRE À VUE] Une fortune pour un pont construit trop vite

Capture X BFM TV
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À Warcq, dans les Ardennes, trois millions d'euros ont été dépensés pour un pont qui ne mène nulle part. À défaut de rocade qu'il devait desservir, nul véhicule ne vint jamais l'emprunter.

Ce genre d'aberration fort dispendieuse était le pain béni de Jean-Pierre Pernaut, du temps de l'émission Combien ça coûte ? Les années passent. La technocratie maintient le cap. De temps à autre, des ouvrages d'art inutiles peuvent surgir dans le paysage français. À Warcq, dans les Ardennes, les autorités compétentes n'ont pas attendu le résultat des recours déposés par des associations auprès de moult institutions. En 2017, le Conseil d'État annule la décision du préfet. Trop tard. Les ouvriers viennent de tracer la ligne blanche finale qui interdit tout dépassement sur l'édifice. Avec tout ce trafic qui sera dérivé du centre de la commune, la prudence s'impose.

Le futur lien entre la Nationale 43 et l'A304 méprise la voie ferrée qu'il enjambe. Il trône majestueux sur le terrain communal. L'attente de la rocade se fait longue. Elle ne sera jamais construite. Trois millions d'euros furent nécessaires à son surgissement de terre. Abandonnée mais désormais célèbre, l'inutile construction vit dans l'espoir d'une reconversion dans le tourisme de masse. Des curieux venus le toucher pour y croire. Des condoléances déposées contre la rambarde. Péage exorbitant. Le gaspillage devient modèle de rentabilité.

Nul doute que la bonne volonté et la compétence animaient les instigateurs du projet. Les pontologues étaient unanimes. C'était sans compter sur l'inventaire à la Prévert des obstacles à surmonter. Sécuritaires, environnementaux, financiers.... France Info en dresse la liste. Ce pauvre pont n'était pas de taille à lutter contre le rouleau compresseur des multiples réglementations en vigueur. Sandrine Rousseau proposa bien de le déconstruire. Toujours prête à rendre service. Le refus cinglant qui s'en suivit la décomposa.

Les habitants de Warck n'en finissent plus de se désoler de la circulation qui rugit sous leurs fenêtres. Le tabac du coin promet des mille et des cents aux joueurs qui cochent des bulletins. Pour trois euros, on en a vu gagner de quoi construire un pont. La FDJ évite cet exemple dans le département. Certains technocrates confiants en l'avenir du projet y ont été sensibles, à l'époque. Au diable l'avarice ! Le pactole fut dépensé au plus vite. La période après-pont ressemble à ces lendemains de fiesta où l'électeur ne se souvient plus très bien des circonstances qui l'amenèrent à faire barrage au RN. Un abus de BFM et on perd la tête. Les responsables régionaux étaient-il dans un état d'ivresse étatique qui leur a fait commettre l'irréparable ? Qui des constructeurs ou des censeurs administratifs est à blâmer ? Les détectives Dupond et Dupont mènent l'enquête.

Jany Leroy
Jany Leroy
Chroniqueur à BVoltaire, auteur pour la télévision (Stéphane Collaro, Bêbête show, Jean-Luc Delarue...)

Vos commentaires

22 commentaires

  1.  » Trois millions d’euros furent nécessaires à son surgissement de terre. » Gaspillés, mais pas pour tous : « Quand l’Etat jette l’argent par les fenêtres, il vaut mieux se placer au premier balcon ».

  2. Je peux témoigner d’une affaire semblable dans la région proche d’Aix en Provence . Dans les années 1970 par là , un pont de cette taille en Béton armé a été construit par anticipation . Il n’a jamais été mis en service car entre temps , le tracé de la Route ou Autoroute qu’il devait « enjamber » a changé . Cet « ouvrage » n’a donc jamais servi et devenu inutile , il a été probablement détruit , je ne vois pas à quoi il aurait pu servir d’autre !

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