Sauver notre village : merci, Monsieur le Maire !

village

Il était une fois le village de mes parents où, naguère, se trouvaient trois cafés, dont l’indispensable Café des Sports. L’un des trois faisait aussi office de marchand de journaux et de tabac. Il y avait également une épicerie, deux boulangeries, un traiteur, une pharmacie, un médecin, un cordonnier et un carrossier. Tout ce beau monde se tenait dans un mouchoir de poche entre l’église, la poste et la mairie. Mais tout ça, c’était avant !

Cette image d’Épinal du village français a hélas vécu. Aujourd’hui, toutes ces échoppes ont mis la clef sous la porte et le médecin est parti à la retraite sans trouver de successeur. À la place du traiteur, il y a une boutique pour appareils auditifs et toutes sortes de prothèses. La population a vieilli, il n’y a plus de curé pour desservir la paroisse, l’école a fermé et il paraît que les jeunes ne veulent plus se lever à trois heures du matin pour préparer les fournées de pain, ma brave dame ! De toutes les façons, il n’y a plus de jeunes au village, ils ne viennent que pour confier leurs enfants à leurs grands-parents. L’exode rural ne date pas d’hier, mais à l’heure des « circuits courts » et du désir de nature des gens de la ville depuis la crise « covidique », on aurait pu penser que les villages de France allaient se repeupler. Il n’en est rien, car la désertification est le résultat de politiques désastreuses qui, malgré les beaux discours affirmant le contraire, accentuent le phénomène d’abandon des territoires, comme disent nos hiérarques.

Je hais mon époque parce qu’elle est celle des grands mensonges. La désindustrialisation française a provoqué beaucoup de chômage dans les campagnes. L’obtention du bac à une quasi-totale classe d’âge a fait croire que tout le monde était fait pour suivre un enseignement supérieur en faculté. La mondialisation a eu pour conséquence de lâcher le renard dans le poulailler et tous les petits artisans ont du mal à tenir face aux grandes firmes. La numérisation à tout va (beaucoup plus polluante que le contact humain) a provoqué la fermeture de la plupart des guichets de services publics (impôts, Sécurité sociale, formalités administratives) et laisse dans l’isolement bon nombre de gens non équipés en matériel informatique. Encore faut-il un réseau de qualité… Le métier d’agriculteur est devenu si âpre que les exploitations ne trouvent pas preneur. Les privatisations de la poste et de la SNCF n’ont fait qu’aggraver le phénomène. Le coup de grâce est la politique des transports aberrante des pouvoirs publics qui ont laissé tomber les petites lignes, ce qui rend les villageois dépendants de la voiture avant que les écologistes n’interdisent le diesel.

En réaction à ce triste constat, il y a des maires lucides et courageux qui décident de se substituer à l’économie privée et à développer des services, quitte à sortir de leur vocation première. Gloire à ces maires ! Quand les autistes emmurés des ministères comprendront qu’un villageois a les mêmes besoins que les urbains et que le télétravail n’est pas la panacée, ils seront peut-être touchés par la grâce et rétabliront des guichets de postes, des accueils pour effectuer des démarches administratives et des gares où les trains s’arrêtent ! Il y a bien deux France, une des villes et une des champs. Il y a une « politique de la ville » dans laquelle l’État déverse des centaines de millions depuis des décennies. Pourquoi pas une politique de la ruralité ? Merci à ces maires, déjà écrasés de charges, qui veulent sauver leur village afin que le bonheur soit toujours dans le pré !

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Charles-Henri d'Elloy
Écrivain, polémiste

Vos commentaires

22 commentaires

  1. Et il n’y a pas que les villages qui sont confrontés aux problèmes décrits par l’article. Ma commune de 9000 habitants, en grande banlieue parisienne ( 30 kms de la capitale) voit sa poste fermée pour un oui pour un non, entre autre tout le mois d’août, plus de boutiques fermées que de boutiques en activité, médecins qui partent à la retraite sans être remplacés. Notre gare RER qui a été fermée plus de 18 mois pour rénovation alors qu’elle n’en avait pas vraiment besoin, n’a plus maintenant de guichet ouvert, seulement un distributeur de billets à l’extérieur. Et en prime, nous avons eu droit aux saccages et pillages des quelques commerces encore ouverts, des incendies de voitures et de poubelles qui ont détérioré le revêtement de nos rues lors des journées d’émeutes « Nahel ». Il faut dire que nous avons aussi de plus en plus de « chances pour la France » dans notre commune.

  2. exact surtout que nous payons les mêmes taxes que les urbains pour abonder le budget national, mais nous n’avons pas les mêmes services, il serait temps de revoir le régime d’imposition des ruraux, nous n’en avons pas pour notre argent.

  3. La France en pleine dérive. Il fut un temps pas si éloigné de cela certaines personnes un put plus âgées que nous nous faisaient part de leur étonnement des dérives constatées et bien moquées par les bien pensants de l’époque, à présent nous en sommes bien au delà mais les bien pensants non seulement ne désarment pas mais en plus appuient sur l’accélérateur. l’armée des non invités sont leur bras séculier.

  4. C’est la MONDIALISATION qui pourrit toute notre société : plus de fabrication locale, partant plus d’ateliers, plus de petites industries, seuls la gandre distribution et les « services » demeurent (pour le moment…). Ils se retrouvent dans les métropoles, et la France rurale est désertée. Et ruinée, puisqu’à ne plus fabriquer, elle s’appauvrit forcément. – – – – – – – Pensons-y quand on vote, tous les euro-gagas et Cie en sont la cause directe ! – – – – – – Il ne reste plus grand monde qui soient patriotes ? Qu’importe, tant qu’il en reste au moins un, on a la solution.

  5. Mon Village. Qu’il est loin le temps où nos maîtres nous apprenaient la France et le Français avec le livre de l’Oncle Hansi. (Et avec aussi le Tour de France par deux enfants) Nos racines les plus profondes nous ramènent tous à un village de France. Comment ne pas oublier que le massacre des campagnes s’accélèra dans les années 60 (voir le témoignage de Philippe de Villiers dans Le temps est venu de dire ce que j’ai à dire) avec un certain gaullisme moderniste qui était dur avec les lampes à huile et la marine à voile (et peu soucieux d’écologie) et fit construire ces tours et ces barres qui, après avoir entassé les fugitifs de l’exode rural, hébergent aujourdh’ui le grand drame du Pays. S’il y avait une seule raison de rejoindre RECONQUETE ce serait celle là : réorienter les milliards de la politique de la Ville vers les campagnes.

  6. Très bonne analyse ! en rajoutant que ces dernières années ont été les pires, puisque la loi SRU chère à Jospin a créé les communautés donnant retirant certains pouvoirs aux « petits maires » pour le donner au président de la communauté tout en leur donnant plus de responsabilité en les rendant responsables de tous les accidents qui arrivent (même par imprudence des gens). et puis en dernier, la suppression de la taxe d’habitation (mesure démagogique) qui leur a enlevé une autonomie financière car l’Etat compense…. mais s’ils obéissent à l’état (exemple : une commune qui accueille des migrants va recevoir 10 à 80000€, qu’ils ne recevront pas s’ils refusent)

  7. Même les coqs des derniers éleveurs ou des « fermiers », comme on disait avant d’être obligé d’appeler « exploitants agricole », comme on doit dire technicienne de surface…,
    Même les coqs sont dans le collimateur des « écolos-bobo-gaucho », ainsi que les cloches !

  8. Bravo à ce maire. Cela change de certains maires macronistes qui ne lèvent pas le petit doigt lorsque l’école de leur village ferme, lorsque tous les transports en commun y sont supprimés. Par contre, ces mêmes maires n’hésitent pas à claquer un pognon de dingue pour « retaper » SA mairie, qui n’en n’avait vraiment pas besoin urgent et en faire la plus grande mairie de France par rapport au nombre, toujours décroissant, d’habitants. A chacun ses priorités ! Comme ces politicards qui, plutôt que d’assurer le travail de ministre qui leur est confié et pour lequel ils sont payés et entretenus, préfèrent passer leur temps à faire, déjà, campagne électorale !

  9. Tout ça n’est que le résultat de la puissance de la gauche et de l’inaction d’une droite molle depuis 55 ans. Merci Giscard, merci Chirac, la meilleure preuve est que la droite qu’ils représentaient a disparu au profit d’un ventre mou le Macronisme et d’une droite plus dure se reconvertissant dans le social, l’inaction et surtout le manque d’idées neuves pour plaire et se faire élire pour reprendre en fin de comptes une politique vieille de 50 ans mais celle qui plait aux français.

    • la « nouvelle droite  » de Giscard était déjà un « ventre mou », le rapprochement familial pour les immigrés est leur oeuvre

  10. certaines personnes trouvent dans cette désertification organisée un certain plaisir a vivre reclus même si le quotidien n’est pas simple a organiser vivre loin du brouhaha de la ville des papiers gras au sol de la délinquance n’est pas si mal de nos jours croyez moi

  11. Ne pas oublier que ces ruraux paient pour des services qu’ils n’ont plus , celà s’appelle « justice sociale  » pour nos élus destructeurs qui injectent des milliards pour des populations qui ne contribuent en rien à ces services , qui profitent gratuitement de tout , qui ont accès aux meilleurs soins .Un grand merci à ces maires qui essaient d’améliorer le quotidien de leurs citoyens avec souvent peu de moyens .

  12. Pour bien « comprendre » ce qui se passe depuis des décennies en milieu rural, il faut savoir que « l’intercommunalité » est aux villages ce qu’est l’UE à la FRANCE ! … Ces regroupements de communes se retrouvent dans les mains d’une bande de « petits hommes gris » qui décident pour tout un secteur de vie sans même jamais avoir été élus … Ils ne sont même pas connus du peuple mais « décident » ! … Et hollande a été le fossoyeur de cette ruralité. A croire que les corréziens n’ont pas su « l’éduquer » ! …

    Dans ma propre expérience, une « administrative » avait décidé de résoudre un problème de calendrier d’un complexe sportif entre deux associations … Elle avait décrété que le club du JUDO allait faire son tournoi annuel ( depuis 20 ans dans le calendrier ) dans un autre gymnase de l’intercommunalité situé … à 25 Km de son dojo ! …
    Ces gens osent tout … C’est à « ça » qu’on les reconnaît ! …

    • Même chose chez moi, déchetterie du village fermée et exilée au milieu de nulle part entre 2 communes, plus de collecte des déchets verts et des encombrants.

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