Sauvons le camembert français !
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Notre société, un brin vieillissante et un peu patraque, doit aujourd’hui affronter deux périls majeurs. L’un est frontal – immigration de masse, évidemment –, dont découlent d’autres dangers ayant au moins le mérite de la visibilité, tels l’islamisation du paysage et le terrorisme qu’on sait. L’autre est finalement plus dangereux à long terme, car d’insidieuse nature. Un peu comme la grenouille plongée dans l’eau froide et qui ne finit par se rendre compte qu’elle est cuite à point que lorsque le liquide, agréable au premier abord, est porté à ébullition finale.
Et c’est ainsi que notre cher pays donné pour ingouvernable – à cause de ses centaines de fromages, peut-être – n’en finit plus de céder à la tentation d’un monde pasteurisé. La preuve en est cette pétition, publiée dans les pages de Libération – quotidien portant de plus en plus mal son nom – et qui nous alerte sur la disparition programmée de l’un de nos plus chers trésors nationaux, forte de cet intitulé ayant le mérite de l’éloquence : "C’est le camembert de Normandie AOP au lait cru qu’on assassine."
Comment ? Tout simplement en permettant aux aigrefins de l’agriculture industrielle et de la grande distribution de produire un machin censé arborer le beau nom de camembert alors qu’il n’aura pas été fabriqué avec du lait cru. Explications : « Chauffé à des températures élevées, le lait devient une matière inerte et “infromageable” en tant que telle sans le recours à la technologie car on détruit des flores aromatiques et des ferments indigènes. Ce n’est plus du camembert. » Il y a donc péril dans le garde-manger.
Et comme derrière chaque prétendue bonne intention se dissimule une entourloupe, la dernière en date consiste à faire semblant de venir en aide à la filière laitière. Hormis le fait qu’il n'est nullement question, pour les grands groupes, d’acheter le lait plus cher aux paysans, cette nouvelle mesure devrait, au contraire, aboutir à ceci : "Dans cinq ans à peine, le “véritable camembert de Normandie” sera un produit de luxe, réservé aux initiés, tandis que la masse de consommateurs devra se contenter d’un ersatz fabriqué selon les méthodes industrielles."
Péril insidieux, disions-nous. Effectivement, puisque jour après jour, la société française s’aligne sur les normes hygiénistes américaines, que ce soit en matière de rapports entre les sexes, de perversion du langage – les délires de l’écriture inclusive, des transgenres et des racisés nous viennent d’outre-Atlantique – et, désormais, en celle consistant à dignement garnir nos assiettes. Pis : non contents d’adopter ces mœurs aseptisées avec généralisation de la malbouffe et invasion d’obèses à l’appui, de nous plier à des directives européennes ayant fermenté dans les cervelles à pâte molle de la technocratie, voilà encore que nous nous acharnons à persécuter les derniers Français pour lesquels les arts de la table demeurent art à part entière.
Et voilà la nouvelle société qui se profile à l’horizon. Dans laquelle une hyperclasse mondialisée se réservera le plaisir de déguster tandis qu’une masse indifférenciée se contentera de s’alimenter.
En attendant, et tant que cela nous est encore permis, vous reprendrez bien un peu de fromage pour accompagner ce bon vin ?
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