[L’ÉTÉ BV] Scandale des naturalisations : le cas de ces Belges n’est pas isolé !

passeport

C'est Le Dauphiné qui a levé le lièvre : un couple de Belges installés en France, parlant très bien le français, qui est leur langue maternelle, parfaitement intégrés, payant leurs impôts en France mais à qui la France, via la préfecture de la Drôme, refuse la naturalisation, sous des prétextes alambiqués, comme l'a bien mis en lumière Julien Tellier. Il faut entendre leur dépit calme et policé.

Le scandale est double. D'une part, la nationalité leur est refusée sous un prétexte très discutable : ils ne pourraient pas prouver qu'ils parlent français, en dépit de leur CV (elle a écrit un livre en français, a enseigné 28 ans en français, lui a travaillé dans une entreprise française, etc.) et de l'évidence : il suffit de les écouter ! Mais ils n'auraient pas fourni les bons documents

D'autre part, ils se sentent victimes d'un deux poids deux mesures particulièrement injuste en constatant qu'« on donne la naturalisation à d'autres personnes qui ne parlent pas français, ou très très peu ou très très mal. On s'est senti rejetés, avec un sentiment d'injustice. » Ils se disent « complètement abattus, dépités et en colère ». Et ils ont raison.

La chose pourrait être cocasse s'il s'agissait seulement de ces mille et une tracasseries administratives dont notre pays est le champion, une erreur que M. le préfet ou Mme la préfète s'empresserait de corriger. Il suffirait d'une médiatisation, d'une intervention du type « RMC s'engage avec vous » pour rectifier l'anomalie et pour que la France retrouve sa réputation de bon sens. Et ce « oups » de la préfecture de la Drôme deviendrait une belle histoire. Consciente du scandale, la préfecture vient d'ailleurs de leur proposer un nouveau rendez-vous...

Mais si en fait, ce n'était pas un « oups ». À bien y regarder, à questionner autour de soi, on se rend vite compte que le cas de ces étrangers au français impeccable, à l'intégration exemplaire mais à qui l'administration française refuse sa précieuse nationalité, n'est sans doute pas une exception. J'ai pu m'en rendre compte par moi-même. Deux exemples de deux jeunes femmes rencontrées, ces dernières semaines, dans mon milieu professionnel : l'enseignement. L'une est grecque, installée en France depuis dix ans, où sa fille est née, elle est contractuelle employée par l'Éducation nationale où elle enseigne... le français ! Mais sa préfecture, comme celle de la Drôme, lui a refusé la naturalisation. Faut-il ajouter qu'elle aime la France ? Qu'elle aussi a ressenti une injustice immense quand elle a vu qu'elle ne ferait pas partie de la promotion de janvier de ces naturalisés qui ont les honneurs des salons dorés de la préfecture et de la presse locale et où elle voit surtout des femmes voilées dont le français égale rarement le sien… Et puis, il y a cette jeune Américaine, enseignante elle aussi (dans le privé) et qui vient d'obtenir le CAFEP d'anglais, qui sanctionne autant son niveau d'anglais que de français. Mais pour la naturalisation, cela ne suffit pas…

Si ces exemples sont nombreux, comme le montrent aussi les réactions sur X, c'est que le phénomène n'est pas exceptionnel mais peut-être systémique, pour parler comme il faut. Comme sont systémiques les naturalisations automatiques, droit du sol et regroupement familial aidant, surtout lorsqu'on est issu d'un pays ayant des accords particuliers avec la France, comme l'Algérie. Visiblement, des préfectures de France sont donc très peu regardantes sur le niveau de français et d'intégration de certains et claqueraient la porte au nez de parfaits francophones : Belges, Américains, Suisses, Grecs, etc. Les raisons de ces discriminations systémiques, de ce que d'aucuns pourraient justement nommer un racisme d'État, puisqu'il émane de décisions complètement arbitraires de certaines préfectures ? Les dizaines d'exemples qui me sont remontés montrent qu'il s'agit d'Occidentaux, blancs, de culture judéo-chrétienne. Un hasard ? On pose la question.

Peut-être faut-il écouter notre couple belge : parmi les belles raisons qu'ils donnent de leur désir de devenir français, il y a celui de voter...

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 22/07/2024 à 10:36.
Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

30 commentaires

  1. Accueillir des talents, des personnes qui aiment notre pays et notre culture en leur offrant la nationalité française, c’est peut-être beaucoup demander à des fonctionnaires qui ne savent plus où ils sont à force de volte-face de l’exécutif, de l’empilement de lois, décrets, arrêtés et circulaires dans lesquelles quasiment plus personne ne s’y retrouve. Plus vous promulguez de textes confus à souhait, plus le bon sens disparaît et l’apathie s’installe. Si vous y rajoutez une pincée de démagogie du Conseil Constitutionnel ou du Conseil d’État et vous avez le splendide spectacle de notre démocratie, en guise de plat du jour.

  2. Il faudrait plutôt s’occuper de celle de la Maire de Paris née en Espagne. Ces parents viennent en France elle a deux ans elle est naturalisée française a 14 ans ,au début des années 2000 elle redemande la nationalité espagnole donc elle est binationale comment comprendre que cette femme avec son aplomb puisse se présenter a une élection présidentielle nous sommes plus au temps de Louis XIV ou notre cher roi de France avait épousé l’Infante Espagne .

  3. Mais, nan, pas de complot ! La France étant un pays magnifique à vivre où de nombreux citoyens européens (ou d’origine européenne comme les Americains) viennent s’installer pour le décor (ex, les Anglais dans le grand ouest) imaginons qu’ils puissent tous à voter aux Présidentielles. Ces gens pourraient contrebalancer le vote d’origine étrangère des banlieues…

  4. C’est l’évidence même , l’ETAT est fort avec les faibles, et faible avec les forts. Pour ma part des migrants comme nos Belges, mais j’en veux des millions. Bien au contraire. Quand on dit qu’en France on marche sur la tête, c’est la démonstration de l’incompétence de nos dirigeants.

  5. Pour devenir français, on vaut mieux être malien. Un Malien votera Mélanchon puis pour un macronien au deuxième tour. C’est moins sûr pour un Belge.

  6. Nous n’avions pas lu précédemment dans BV le scandale des passeports authentiques faux donnés par des fonctionnaires en échange de paiements. Soit nos amis Belges n’ont pas voulu payer ce qui leur aurait valu honneur, soit l’origine de ces employés administratifs les pousse à favoriser les personnes de leur ethnique, les deux scénarios n’étant évidemment pas contradictoires.

  7. On se demande quel est, actuellement, l’intérêt de devenir Français, dans un pays qui n’a plus grand chose de français. Il est vrai que la Belgique n’a rien à nous envier…

    • La Wallonie n’a rien à nous envier. Mais La Belgique Flamande est, il me semble, beaucoup plus carrée car beaucoup moins aveugle sur tant de choses = c’est elle que nous devrions envier.

      • Effectivement et par ailleurs, la Flandre vote à droite et très à droite alors que la Wallonie vote à gauche et très à gauche, très très à gauche aussi !

  8. Un hasard ? Non certainement pas , le tout est bien orchestré par certains qui savent pertinemment ce qu’ils font , qui sont là pour détruire ce pays , sa culture , ces coutumes et ses habitants .

  9. Les Québécois m’ont demandé de passer le TCF pour une demande de permis de résidence. J’ai fait toutes mes études dans le système français et tous mes ascendants ont des noms, passeports et lieux de naissances français. Ils avaient tout ça dans le dossier!

    C’est purement administratif. Ils passent un DELF/DALF B1, ils parlent le français. Ils ne l’ont pas, ils ne le parlent pas. Juste un tour sur Google « preuve de langue française naturalisation » vous emmènera sur le site du service public.

    Dans leur cas, ils sont dispensés:
     »
    – Vous avez suivi vos études en français dans un pays francophone

    Vous devez fournir une attestation de comparabilité du Centre Enic-Naric: Centre Enic-Naric : Centre français d’information sur la reconnaissance académique et professionnelle des diplômes »

    L’administration c’est chiant. Et honnêtement, B1 c’est très facile et ça ne permet pas de tenir une conversation.

    • En effet, je suis B1 en allemand mais je ne saurais suivre une conversation. Idem en anglais US, je ne capte aucun mot quand ils marmonnent.

  10. Belges, grecs, ou suisses? mais ce n’est pas du remplacement! Et en plus, ils seraient capables de ne pas voter pour le camp du bien!

  11. Essayez donc de demander la nationalité suisse, belge ou luxembourgeoise et ne pas remplir correctement les formulaires en temps et en heure….

    • Le problème n’est pas là mais pourquoi brade-t-on la nationalité à ceux venus d’Afrique et la refuse-t-on à nos cousins européens ? La gauche Macron est un abîme insondable de bassesse

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