Scout un jour, par Rémi Scholtz : donner sa vie tous les jours

Rémi Scholtz scout

Le meurtre atroce, ce samedi 21 septembre, de la jeune Philippine Le Noir de Carlan a été l’occasion, pour Le Figaro, de publier son portrait. Le portrait d’une étudiante brillante de Dauphine, membre d’une fratrie de six enfants mais aussi une guide de France dont le chef scout pouvait dire : « […] on savait qu’on pouvait compter sur elle ». C’est là qu’est l’essence même du scoutisme que raconte et décrit Rémi Scholtz dans son livre-témoignage Scout un jour… Le scoutisme comme expérience intérieure aux Éditions D’un autre ailleurs paru en juillet dernier.

Une étude de l’IFOP, réalisée par Jérôme Fourquet pour Le Rasso et publiée le 19 septembre dernier, mesure l'utilité sociale du scoutisme. Elle démontre de façon édifiante l’impact du scoutisme dans la société sur le temps long, c’est-à-dire les bénéfices qu’en retirent les anciens scouts quand ils ont quitté le mouvement, mais aussi les avantages qu’ils représentent pour la société. Ainsi, des vétérans des trois principaux mouvements scouts ont été interrogés (Guides et Scouts d’Europe, Scouts et Guides de France et Scouts unitaires de France) et ont été comparés à un panel de mille personnes représentatives de la population française. « Il faut être enraciné pour être ouvert », écrit Rémi Scholtz dans son livre : le scoutisme offre cet enracinement profond et durable qui permet l’engagement et l’ouverture aux autres.

Un « ferment positif pour la société »

Le résultat de l’enquête de l’IFOP est sans appel : les anciens scouts profitent personnellement et font profiter la société de leur engagement : on retrouve chez les anciens scouts 87 % de bénévoles quand la société, en général, en compte 33 % ; 88 % donnent à des associations ou à des personnes dans le besoin, contre 55 % pour le grand public ; les anciens scouts votent plus et s’investissent plus, aussi, en politique. Bref, « le scoutisme agit comme un ferment positif sur la société », selon Jérôme Fourquet. Vous savez pourquoi ? Parce que, comme l’écrit Rémi Scholtz dans son livre, le scout apprend pendant toute sa progression à donner, à se donner : « Donner sa vie, l’acte le plus noble qu’un homme puisse accomplir […] le don quotidien de sa vie […] C’est une oblation de chaque instant, c’est le don le plus long, le plus répété, le plus indispensable, le plus couteux. »

Si vous ne connaissez le scoutisme que de loin, on ne saurait que trop vous encourager à ouvrir le livre de Rémi Scholtz. Cet ancien chef de troupe (c’est ainsi que l’on appelle le jeune auquel est confié une quarantaine de scouts chez les Scouts d’Europe, un mouvement catholique) livre ici toute la progression à la fois de sa troupe à travers les différentes activités qu’il a organisées mais aussi sa progression personnelle : comment, depuis le petit louveteau jusqu’au grand chef routier, le scoutisme élève à la fois le groupe et l’individu. Le scoutisme est fait à la fois de défis collectifs et de défis personnels : il vise à donner une colonne vertébrale, une ligne de conduite à celui qui en fait partie, une « route » qu’il s’engage à ne jamais quitter. Parce que le scoutisme, c’est d’abord le sens du devoir, envers soi-même et envers les autres : tout au long de son passage chez les scouts, petits louveteaux ou louvettes, scouts ou guides, grands routiers ou guides aînées, le scout s’engage. Il le promet au cours de chacun des cérémonials qui ponctuent sa progression et que Rémi Scholtz décrypte et transpose dans la vie quotidienne concrète. Le scoutisme, c’est à la fois le fond (l’esprit de camaraderie, faire corps [on appelle d’ailleurs les groupes d’un même mouvement une « unité »], le service, le dévouement) et la forme (l’uniforme si controversé qui permet à la fois de montrer son appartenance et d’en être fier, mais aussi ces cérémonies initiatiques codifiées).

La route des hommes 

Pour Rémi Scholtz, « […] le scoutisme est d’abord fait pour ceux qui n’ont rien à voir avec lui, qui en sont très loin. Il est fait pour ceux qui ne sont pas catholiques, il est fait pour ceux qui n’ont pas de valeurs, il est fait pour les déracinés […] Il est fait pour ceux qui n’ont pas d’identité, pas de racines, pas d’histoire, pas d’espoir, pas d’avenir. » Le scoutisme n’est pas une activité extrascolaire visant à ajouter des compétences ou des capacités au jeune qui s’y engage, le scoutisme se veut école de vie et, comme le dit Rémi Scholtz, le scoutisme, c’est « la route des hommes », il apprend aux jeunes garçons et aux jeunes filles à être des adultes responsables, à aimer, à se dévouer sans rien attendre en retour.

À l’heure où l’épanouissement personnel est devenu la quête d’une vie, l’étude de l’IFOP montre aussi que ces anciens scouts sont en général plus équilibrés et ont une meilleure santé mentale (93 % d’entre eux déclarent se sentir bien, contre 72 % pour le grand public)… une piste de réflexion pour tous ceux qui considèrent que donner la vie, c’est perdre la sienne ! Comme le disait Baden-Powell, fondateur du scoutisme, « la question n’est pas "qu’est-ce que je peux avoir ?" mais "qu’est-ce que je peux donner dans la vie ?" »

Ces jeunes sont une lueur d’espoir dans le tunnel que l’on semble traverser : parce que, selon Baden-Powell encore, « c’est moins par la force de ses armements qu’une nation s’élève au-dessus des autres que par le caractère de ses citoyens », à l’image de Philippine Le Noir de Carlan sur laquelle on savait pouvoir compter. Alors, haut les cœurs ! Parce qu’« à cœur vaillant rien d’impossible » et que ces scouts et guides-là sont et seront toujours prêts à servir !

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