Scrutin de Brandebourg : battue sur le fil par le SPD, l’AfD progresse encore

Hans-Christoph Berndt (AfD). Capture d'écran © Phoenix
Hans-Christoph Berndt (AfD). Capture d'écran © Phoenix

Le SPD, le parti social-démocrate au pouvoir, se maintient de justesse dans le Land de Brandebourg, en Allemagne, face à l’AfD avec 30,9 % des voix contre 29,2 %, lors des élections régionales de ce 22 septembre. Après la victoire de l’AfD en Thuringe le 1ᵉʳ septembre, les prévisions de victoire de l’AFD dans ce troisième et dernier scrutin de l’année sont démenties, la formation est freinée dans sa dynamique.

C’est donc le ministre-président Dietmar Woidke au pouvoir depuis 11 ans qui conserve sa place dans ce Land de l’Est de l’Allemagne qui entoure Berlin, bastion des sociaux-démocrates depuis la chute du mur de Berlin ! « C'est une victoire importante pour moi, […], car l'un de nos principaux objectifs au début de notre campagne était d'assurer la stabilité » a-t-il déclaré dimanche soir. Cette victoire est avant tout la sienne tant il a cherché à dissocier son image de celle du chancelier allemand impopulaire et à centrer sa campagne sur le Land, en témoigne son slogan « Il s’agit du Brandebourg ». Des services et des conditions de vie optimaux ont été promis face à la hausse des prix de l’énergie, au délitement du système de santé et au réseau de transport de ce territoire rural.

Un redécoupage des forces politiques dans cette région rurale

La liste de l’AfD, contre l’islamisation, pour la maîtrise de l’immigration, une Europe des Nations, et un arrêt de l’effort de guerre en Ukraine était menée par Hans-Christoph Berndt : elle fait une remarquable ascension, gagnant 5.7 points depuis le dernier scrutin en 2019. Mais c’est insuffisant, car le SPD a, lui aussi, sensiblement augmenté à hauteur de 4.7 %. La liste AfD était donnée victorieuse jusqu’au dernier moment. Mais tous les partis, sauf peut-être le BSW, refusaient une alliance avec l’AfD. Même arrivé en tête, il n'aurait pas eu de majorité.

Le BSW, nouveau parti crée en janvier, s’invite sur le podium ! Issu de la gauche-radicale, le parti souverainiste de Sahra Wagenknecht plaide comme l’AfD la maîtrise de l’immigration, l’arrêt de l’effort de guerre pour l’Ukraine et la révision de la politique écologique. Il coiffe au poteau le CDU de la coalition gouvernementale à 12.1 % et qui avait remporté les dernières élections en Saxe. Grüne, le parti écolo, n’est qu’en sixième position, derrière Sonstige, et chute de 6.6 points par rapport à 2019 en atteignant le modique score de 4.1 %. L’écologie politique perd ainsi de sa superbe. Linke et BVB/FW se partagent les miettes.

Un désaveu croissant de la politique de la coalition gouvernementale

Déçue de ne pas être arrivée en tête, l’AfD poursuit cependant sa dynamique au niveau des Länder et des municipalités, en particulier à l’Est dans l’ex-RDA. Elle aura 32 sièges sur 88 au Parlement régional. Le parti a surfé sur le mécontentement des habitants d'ex-RDA, particulièrement touchés par la hausse des prix, liés aux sanctions contre la Russie, et le délitement du service public. Sa victoire en Thuringe au début du mois avait déjà pesé sur le gouvernement d'Olaf Scholz pour contrôler le passage aux frontières vers l’Allemagne.

La coalition tripartite du SPD associant les écologistes et les chrétiens-démocrates du CDU devrait continuer à gouverner malgré des différends croissants. Un an avant les élections législatives fédérales du 28 septembre 2025, Olaf Scholz sauve sa peau de justesse, mais pour combien de temps ? Dans un contexte de hausse de la grogne populaire, le maire de Munich, Dieter Reiter, l’appelle déjà à se retirer à l’instar de Biden aux Etats-Unis. C'est Friedrich Merz, le candidat pour le CDU, qui est plébiscité dans les sondages nationaux.

Gabriel Decroix
Gabriel Decroix
Étudiant journaliste

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