Il se peut que François Hollande agisse puisqu’il a commenté durant cinq ans…

CZECH-FRANCE-DIPLOMACY

On comprend de plus en plus que François Hollande aurait adoré être vaincu en 2017 comme il avait vaincu Nicolas Sarkozy en 2012.

L'insupportable, dont les Français paient la rançon depuis l'élection d'Emmanuel Macron, est qu'il s'est senti obligé de jeter l'éponge et qu'il ne cesse plus depuis, par frustration, de faire assumer par le pays une décision qu'il a prise seul, de lui faire subir une posture ostentatoire et intrusive après à hauteur de son discrédit d'avant.

En effet, après un délai de décence et de silence beaucoup trop court, l'ancien président de la République s'est piqué de donner des conseils à Emmanuel Macron en se posant, lui, en défenseur des Français et de leurs intérêts alors qu'il les a trahis ou exaspérés. Il a déçu ceux qui avaient voté pour lui et a confirmé tous les autres dans leur opposition.

Bien plus : avec l'arrogance que donne un destin avorté, il se rengorge et déclare qu'il est hors de question qu'il se retire de la vie politique et qu'il interviendra à sa convenance.

Il y a là une tentative désespérée de rester dans le jeu pour qu'on parle de lui. En bien, espère-t-il, puisqu'il a quitté le pouvoir, donc à rebours du mal l'ayant accablé quand il l'exerçait.

Il avait déjà tenté, lors de l'élection de son successeur, de l'entourer, de le choyer, comme son protégé, telle sa créature.

Nous avions bien perçu, très peu de temps après sa déclaration de retrait, que François Hollande la regrettait et qu'à peine placé sur la touche de sa propre initiative, il s'estimait pourtant irremplaçable comme au premier jour. Nous n'avions pas imaginé pourtant à quel point son abandon allait avoir des effets dévastateurs sur lui. Il lui faudrait à toute force rattraper la candidature perdue. Il allait parler, faire savoir, conseiller, se camper en modèle. Tous les mots qu'il n'a pas pu dire durant la campagne de 2017, les discours qu'il n'a pas pu prononcer, les nouvelles promesses à ne pas tenir, les commentaires infinis à ne plus développer auprès des journalistes, cette béance, ce vide, depuis que, par une aberration qu'il ne s'explique pas, il a laissé ses adversaires se combattre médiocrement - ils ne méritaient pas d'être laissés en déshérence.

Il va nous offrir à foison ce dont on l'a privé, ce dont il s'est privé.

Ce n'est que le début. Peu lui importe son impudeur politique et qu'on lui reproche de faire preuve de l'autosatisfaction du fossoyeur, de la bonne conscience qui se vante d'avoir réussi mais sous une autre présidence.

Il va nous jouer le rôle d'un père de la patrie d'autant plus accablant qu'il n'aura pas été jusqu'au bout de la patrie. Des temps difficiles nous attendent : n'étant plus en charge, il se peut que François Hollande agisse puisqu'il a commenté durant cinq ans.

Je crains tellement le pire que j'aurais été prêt à valider une nouvelle candidature de François Hollande puis sa défaite, avec sans doute son silence, plutôt que de devoir subir l'interminable palliatif d'une déconfiture selon lui trop tôt proclamée.

Un lassant Président pour de faux, se repentant d'avoir manqué le vrai.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 26/08/2017 à 16:42.
Philippe Bilger
Philippe Bilger
Magistrat honoraire - Magistrat honoraire et président de l'Institut de la parole

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