Sébastien Chenu, sur la fermeture de l’usine Bridgestone : « On n’a pas besoin des larmes de crocodile de Bruno Le Maire ou Xavier Bertrand ! »
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Le groupe japonais Bridgestone a annoncé, le 16 septembre, la fermeture de son usine de Béthune (Pas-de-Calais), employant 863 personnes dans la fabrication de pneumatiques pour voitures.
Au micro de Boulevard Voltaire, Sébastien Chenu dénonce « des choix industriels indécents » et l'hypocrisie des politiques qui « soutiennent un modèle économique qui amène à ce résultat ».
L’usine de Bridgestone, à Béthune, va fermer. 863 familles restent sur le carreau. Concrètement, quelle est la situation, là-bas ? Qui est responsable de cette situation ?
On est en train de revivre ce qui a été vécu avec Metaleurop, il y a 17 ans. La réalité nous oblige à dire que c’est la fin d’un système économique ou, en tout cas, la mise en lumière d’un système économique à bout de souffle. On gave ce système économique d’argent public des entreprises sans leur demander de contrepartie en termes d’emploi ni en termes d’investissement sur leur outil de travail pour maintenir un site comme celui que l’on connaît à Béthune. C’est effarant économiquement, intellectuellement et philosophiquement. Cela devrait surtout amener ceux qui sont responsables à différents niveaux à rendre des comptes. Ce modèle économique à bout de souffle continuera si on ne le change pas durablement. Les choix industriels des dirigeants de Bridgestone méritent d’être revus. C’est absolument indécent de leur part d’avoir empoché un chèque de 1,8 million de CICE et de fermer ce site. C’est cynique et indécent de la part du gouvernement d’investir 8 milliards dans un plan de relance de l’automobile sans avoir aucune condition de maintien des emplois. C’est navrant de la part du président de région de faire semblant de découvrir cette situation. S’il la connaissait, c’est encore pire… Ils ne l’ont pas anticipée, alors que même les ouvriers nous disent qu’ils avaient tout compris depuis longtemps, que l’absence d’investissement dans l’outil de travail amènerait à ce genre de résultats.
Bruno Le Maire a jugé révoltante la fermeture de l’usine. Jean-Baptiste Djebbari a déclaré que Bridgestone aurait à rendre des comptes. Le gouvernement peut-il agir ou est-il trop tard pour les ouvriers de Bridgestone ?
Ce sont des larmes de crocodile. De Bruno Le Maire à Jean-Baptiste Djebbari et de Xavier Bertrand à tous ces élus qui, de toute façon, savaient ce qu’il en était, parce qu’ils soutiennent un modèle économique qui amène à ce genre de résultats. On n’a pas besoin de larmes de crocodile. Sur quoi le gouvernement peut-il agir, aujourd’hui ? Il peut faire pression sur le groupe, même si on ne se fait pas beaucoup d’illusions. La réalité, c’est qu’il faut exiger le remboursement des 1,8 million des CICE, il faut créer un PSE suffisamment solide, inventif et large pour venir en aide aux ouvriers. Il faut repenser complètement la politique de diversification de la filière pneu. On parle de pneus écologiques et du recyclage du pneu. Toutes ces filières n’ont pas été pensées et anticipées. C’est d’ailleurs le rôle de la région…
Vous êtes député de la 19e circonscription du Nord. Le Nord est connu pour faire partie de ces régions qui ont été impactées de plein fouet par la désindustrialisation progressive de la France. Reste-t-il encore un peu d’industrie, dans le Nord ? Comment faire redémarrer la région ?
Il reste, bien sûr, de l’industrie. On continue à désindustrialiser notre région et nos départements. C’est bien le modèle économique qu’il faut changer. Le modèle économique national auquel est adossé le modèle économique de la région. Tant que l’on n’investira pas dans un outil de travail, tant que l’on n’aura pas la volonté de mettre en place un fonds pour la réindustrialisation du Nord, tant que l’on ne diversifiera pas des filières, et notamment la filière automobile, et dans la formation, on sera confronté à ces fermetures d’usines et aux pleurs de ces élus, alors que c’est leur faute.
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