Sébastien Meurant : « C’est le comportement du Président qui fait de l’affaire Benalla une affaire d’État »

Le sénateur du Val-d'Oise, Sébastien Meurant, dénonce au micro de Boulevard Voltaire le "théâtre organisé" que sont les auditions devant les deux chambres parlementaires. Il déplore le comportement du Président, qui porte atteinte à l'image de la France et de la fonction présidentielle.

Maintenant que le Président a déclaré que la responsabilité lui revenait exclusivement, ces auditions ont-elles encore un sens ?

La question mérite effectivement d'être posée. Les auditions cherchent à comprendre comment cette affaire a pu se dérouler au plus près du pouvoir et du président de la République.
À quoi bon continuer à partir du moment où il déclare être le responsable et va jusqu'à adopter un comportement de défi avec cette phrase : ''Qu'ils viennent me chercher''.
Toutes les personnes du ministère de l'Intérieur et le directeur de cabinet de l'Élysée ne sont que des exécutants. D'ailleurs, lors de l'audition du ministre de l'Intérieur, les questions posées n'ont pas de réponses. Le directeur de cabinet de l'Élysée dit même qu'il n'a pas eu de mandat du Président pour répondre sur les avantages octroyés à monsieur Benalla.
C'est donc plus une mise en scène, du théâtre certes organisé parce qu'on prête serment de répondre, mais du théâtre tout de même. Soit on n'a pas mandat pour répondre, soit la question ne relève pas de son champ de compétence. On a même un ministre de l'Intérieur qui prétend apprendre des choses dans la presse. C'est moralement très limite. On a l'impression qu'on se moque de nous.

Que pourrait-on apprendre de plus avec ces auditions ?

Nous espérions avoir des réponses à des questions précises. Comment est-il possible que le Président puisse faire entrer dans son entourage quelqu'un qui relève plus d'un agent de sécurité de supermarché que quelqu'un qui est amené à protéger le Président d'un grand pays comme la France ? Comment se fait-il que de tels privilèges soient octroyés à ce jeune homme de 26 ans. Il devient soudainement lieutenant-colonel alors qu'on ne sait pas d'où il vient et qu'on ne connaît pas son expérience. Ce grade me fait évidemment penser, comme beaucoup je pense, au lieutenant-colonel Beltrame. Il est logé sous les ors de la République. Il se permet de ''faire régner la terreur'', selon les termes mêmes de certains représentants syndicaux de la Police. C'est quand même incroyable. La Police est très remontée, car son image a été salie. Je pense en particulier à la manière dont cette femme qui n'avait pas l'air bien dangereuse a été violentée lors d'une manifestation. Cela me choque.
L'image de la France est atteinte, car cette affaire fait le tour du monde sur les réseaux sociaux avec l'image du pays des droits de l'Homme, dirigé par un président volontiers donneur de leçons et qui s'estime être dans le camp du Bien. L'image de la France et de la fonction présidentielle est atteinte par le comportement du Président. Il dit qu'il est responsable, mais il sait très bien qu'il ne risque rien juridiquement. Il sait qu'il ne sera pas entendu par la commission parlementaire. Alors, on a des personnes aux ordres de la présidence qui n'ont pas mandat pour répondre, ce qui est un peu incroyable quand on est entendu par l'Assemblée nationale, ou alors qui ne répondent pas à certaines questions précises, notamment la raison pour laquelle cette personne-là s'est retrouvée à cet endroit-là, avec autant de responsabilités et dans un temps aussi court. On est très loin de la République exemplaire prônée par le président de la République et le parti En Marche.

Pensez-vous que l'opposition en a trop fait dans cette affaire ?

On nous a présenté un Nouveau Monde qui prétend être exemplaire et représenter le camp du Bien. Cette image-là est totalement écornée. Le comportement du chef de l'État en fait une affaire d'État. Si lui ou ses services avaient tout de suite dit la vérité, ça ne se serait pas passé de cette façon. Or, il y a une volonté de masquer les choses. Nous avons quand même un directeur qui s'est exprimé sous serment devant la commission d'enquête et qui ensuite est revenu par écrit sur ses déclarations. Et là, ça devient une affaire d'État, car on est au plus près de l'État et la parole publique, la parole du Président, est atteinte.

Sébastien Meurant
Sébastien Meurant
Sénateur LR du Val-d'Oise

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