Second tour des municipales : l’exécutif tergiverse, se défaussant de sa responsabilité
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« Municipales : le nouveau dilemme de l'exécutif », titre Le Monde. Faire ou ne pas faire le second tour des élections avant la fin du mois de juin, telle est la question. Les deux solutions sont insatisfaisantes : il faut pourtant choisir ! L'exécutif pèse le pour et le contre, cherche surtout à se défausser de sa responsabilité en consultant le Conseil scientifique, des maires de grandes villes, les chefs des partis politiques, peut-être même le Parlement. Il devrait rendre sa décision, au plus tard, le 27 mai. « Un consensus politique ne suffit pas à forger entièrement une décision », confie un proche du président de la République. « Il y a aussi la façon dont la société ressent cette nécessité. » Ah, la démocratie, son exercice serait plus facile s'il n'y avait pas le peuple !
Emmanuel Macron serait hésitant. Il ne voudrait pas qu'on pût lui reprocher la tenue d'un second tour à la fin du mois de juin, si jamais ça tournait mal et que les malades du coronavirus se multipliaient. Sans compter les abstentions probables. Mais si l'on reporte l'élection à plus tard, il faudrait aussi refaire le premier tour dans les 4.922 communes concernées, principalement de grandes villes et villes moyennes. Pas question de décider tout seul : il en a assez de prendre des coups. Il a donc demandé à son Premier ministre de mouiller encore davantage sa chemise, pour protéger sa sacro-sainte personne. Lui, il se donne pour mission de préparer sa résurrection !
De nombreux élus locaux souhaiteraient que le second tour fût rapidement programmé, surtout s'ils sont en bonne position après le premier tour. Ainsi, les maires d'une trentaine de villes ont signé une tribune dans le JDD pour réclamer la fin du « confinement démocratique ». Parmi eux, Christian Estrosi à Nice, Anne Hidalgo à Paris, Nicolas Florian à Bordeaux. Moins par souci de la démocratie, semble-t-il, que par intérêt personnel : ils espèrent tirer bénéfice de leur avantage au premier tour ou de leur gestion de la crise sanitaire.
Richard Ferrand, le président de l'Assemblée nationale, est plus circonspect. Il met en garde ceux qui sont tentés d'aller vite : « Je les comprends », souligne-t-il, « ce sont essentiellement les sortants qui se disent : moins d'autres feront campagne, mieux je me porterai. » Il est vrai que la majorité LREM attend peu de ces élections, surtout à Paris où Agnès Buzyn n'a guère suscité l'enthousiasme. L'exécutif cherche à « gagner du temps », selon le mot d'un cadre de la majorité, et à se couvrir, quelle que soit la décision finale.
Le Conseil scientifique a déjà botté en touche, ne s'opposant pas à la tenue du second tour en juin, mais demandant de réévaluer la situation quinze jours avant le scrutin. Il considère que la date, c'est « une décision politique ». Il ne veut plus servir d'alibi : c'est au Premier ministre, au chef de l'État qu'il appartient de prendre leurs responsabilités. On devrait donc savoir, fin mai, si le second tour aura lieu ou non le 28 juin. Avec le risque, si la décision est favorable, qu'une recrudescence de l'épidémie n'arrête le processus. Voilà qui ne va pas faciliter la campagne électorale : aux contraintes sanitaires va s'ajouter l'incertitude.
La presse n'a guère cité un autre paramètre, qui pourrait avoir son importance dans la décision qui sera prise. Emmanuel Macron a tout intérêt à ce qu'Édouard Philippe, lui-même en lice au Havre, soit élu rapidement, pour s'en débarrasser en douceur et nommer au plus tôt un autre Premier ministre et un autre gouvernement. Il n'aura quand même pas le culot de prétendre à une politique différente avec les mêmes ministres ! Encore qu'avec ce mythomane de la politique, on peut s'attendre à tout.
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