Sécurité des JO : l’heure du bilan. Quoi qu’il en ait coûté ?

Capture d'écran France 5
Capture d'écran France 5

Il faut le reconnaître, tout s’est donc bien passé. Ces Jeux olympiques de Paris sont un succès. Pluie de médailles pour la France, le monde ébahi par ce que la France peut encore accomplir, dans ce qu’elle a de pire (on pense à la cérémonie d’ouverture) mais aussi de mieux en matière d’organisation et, évidemment, de sécurité. Ainsi, le maire socialiste de Saint-Denis, interrogé sur le bilan de ces JO pour sa ville, de déclarer au Figaro : « La présence de la police est efficace pour lutter contre l'insécurité. » Sans blague, il a trouvé ça tout seul ? Il faudra qu’il passe le message à ses petits camarades du Nouveau Front populaire, estampillés LFI, qui estiment que la police tue. Mais foin de polémique, l’heure est à la concorde nationale. Tout s’est donc bien passé, mais tout n’est pas fini car il reste encore les Jeux paralympiques. Tout n’est pas fini, non plus, car après les Jeux paralympiques, la vie reprendra son cours normal. Un peu comme lorsque la fête foraine est partie, la magie s’en est envolée et il ne reste que les papiers gras à balayer sous le ciel qui devient tout de suite plus gris. Ainsi va la vie. Mais on peut - doit - d’ores et déjà essayer de tirer un bilan.

L'affront du Stade de France lavé...

Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur démissionnaire, est satisfait. Il a, du reste, déclaré : « Il y a des médailles d’or à décerner aux policiers et aux gendarmes. » Il aurait pu ajouter aussi les militaires de l’armée de terre, de l’armée de l’air et de l’espace, les pompiers de Paris (qui sont aussi des militaires). Tout ce monde a plus que largement apporté sa contribution à la sécurité du dispositif. Alors, le bilan ? France Info rapporte que les incidents durant ces deux semaines ont été « marginaux », que seulement 212 affaires en lien avec les JO ont fait l’objet de poursuites, que 44 de ces affaires ont concerné à 44 % des violences volontaires, des infractions au Code de la route, des survols de drones ou d’aéronefs, que 86 condamnations ont été prononcées, dont 49 d’emprisonnement. Bref, pas grand-chose, au total, si l’on considère l’ampleur de l’événement. Quand on se souvient du chaos au Stade de France et à ses abords, lors de la finale de la Coupe de l’UEFA, le 28 mai 2022, on se dit qu’a priori, le RETEX (retour d’expérience) a du bon. « Seul point noir » (le mot est faible), concède France Info, le sabotage de la ligne TGV, le 26 juillet, à quelques heures de la cérémonie d’ouverture.

Tout le monde sur le pont

Mais souligner le peu d’incidents et d’infractions lors de ces Jeux, ce n’est pas faire un bilan. Pour faire un vrai bilan, il faut mettre en face le coût humain et financier que cela a représenté. L’euphorie, c’est bien, mais les promoteurs d’une société de la performance que sont les macronistes, en bons gestionnaires qu’ils sont comme chacun sait, ne peuvent qu’adhérer à la démarche. Or, 30.000 policiers et gendarmes sur les sites de la région parisienne durant ces deux semaines, c’est énorme. Il fallait sans doute cela – quoiqu’un policier de haut rang ait confié à France Info qu’« on a peut-être vu trop large sur les effectifs engagés » -, mais c’est énorme tout de même. Car derrière ces 30.000 agents « sur le pont », prélevés sur les effectifs répartis sur le territoire national, il faut imaginer les sacrifices que cela a demandé à ces hommes, ces femmes et leurs familles, en pleine période de congés. Certes, ils ont été indemnisés pour cela (un coût financier à ajouter au bilan), mais il faudra bien que ces congés soient pris à un moment ou à un autre. Ce qui signifie qu’à un moment ou à un autre, lorsque le temps ordinaire sera revenu, il y aura moins de forces de police et de gendarmerie disponibles.

La forte contribution des armées

À ces policiers et gendarmes, il faut en outre ajouter les militaires mobilisés pour cette véritable opération : avant, pendant et après (il faut bien « démonter le barnum »). Passons sur les 400 militaires mobilisés rien que pour hisser les couleurs lors des remises de médailles. C’est la pointe du haut de l’iceberg. Passons sur le véritable camp monté sur la pelouse de Reuilly en un temps record et destiné à accueillir les 4.500 militaires de l’armée de terre chargés de patrouiller durant les Jeux olympiques et paralympiques. 4.500 militaires ? L’équivalent de quatre régiments. Mais ces 4.500 militaires ne représentent qu’une partie des effectifs engagés pour les JO. Le 26 juillet dernier, le général Schill, chef d’état-major de l’armée de terre, saluait l’engagement de « 24.000 soldats de l’armée de terre déployés en posture opérationnelle en vue d’assurer la sûreté et la sécurité des festivités ». En mars dernier, on évoquait un effectif de 15.000 soldats... Pendant ce temps, la vie continue : préparation opérationnelle, engagements opérationnels extérieurs, etc. Il faut aussi évoquer l’engagement de l’armée de l’air et de l’espace, qui a mis en place « un système de protection du ciel français à une échelle "jamais mise en œuvre jusqu’ici" ». Là aussi, cela veut dire des hommes, des femmes, des moyens. Bref, des sous...

Un pré-rapport de la Cour des comptes, publié à l’été 2022, évoquait un coût de 419 millions d’euros pour les forces de sécurité publique. On imagine que ce montant a, depuis, largement explosé. On découvrira sans doute l’an prochain, dans un rapport de la Cour des comptes, lorsque ce gouvernement ne sera plus aux affaires (courantes), ce qu’aura été le « quoi qu’il en coûte » de ces JO en matière de sécurité.

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

42 commentaires

  1. Je crains que nous ne connaissions jamais le vrai coût de ces JO car on oubliera celui des constructions éphémères , celui de leur déconstruction quand ce ne sera pas celui des 1.4 milliards pour retraitement des eaux de la seine …
    Bref serions nous une nouvelle fois victime des errements de NERON ; pour lui on sait comment le peuple s’est retourné contre lui et comment il mit fin au problème.

  2. Pensée socialiste : « Les dépenses publiques sont une richesse, pas une charge, pour l’économie ». Ils ont oublié de dire « quand elles sont bien gérées »…

  3. Il se dit que le cout des jo serait  » d’environ 14 milliards ».. » comme le covid..en même temps on apprend qu’un Canadair coûte 20 millions d’euros,et que seuls 3 sur douze sont en état de voler…qu’on ferme les urgences dans la plupart des hôpitaux du pays( sauf Paris bien sûr),que la plupart des ponts du pays nécessitent des travaux, reportés car pas d’argent que les émeutes de 2023 ont coûte plus de 10 milliards…et ça continue..la cour du roi petaud les ministres  » demissionnnaires » prétendent tout réparer en faisant une coalition dont les français ne veulent pas….ras le bol des discours d’auto satisfaction…

    • Vous exagérez 14 milliards, enfin ! Cela ne représente qu’à peine 500 millions par jour si nous comptons 30 jours de joueuses festivités, en incluant les Jeux paralympiques. Et puis, comme disait l’autre, vous savez celui qui ne s’aime pas, puisqu’il n’aime pas les riches. Ce n’est pas cher, c’est l’État qui paye… Alors. Arrive ce que pourra, dormez en paix, Monsieur, je vous conjure ! De ma maison, voilà le meilleur lit ; buvez, mangez, ayez bon appétit ; et vogue la galère ! « Jean-François Boisard »

  4. Pendant la parenthèse enchantée des JO, Paris a été le plus grand village Potemkine de la planète . Vidangé de toutes les populations à problèmes , nettoyé au Karcher, désinfecté au maximum , et , des milliers de forces de l’ordre et de militaires sur place .

  5. Dans la série « hypocrisie et mensonges » médaille d’or pour Darmanin, le ministre de l’intérieur en suspension jusqu’au… Bon vouloir de Macron !

  6. Ouf! mission réussie, mais à quel prix…pas de quoi se pâmer. L’équipe sortante n’a pas tant de mérite que ca, pour une fois ils ont fait le taf… On a juste oublier de remercier tous les bénévoles qui ont fait aussi leur part dans la bonne organisation et l’accueil du public. Je tiens juste à préciser que ces hommes et ces femmes bénévoles n’étaient donc aucunement rétribués ni même indemnisés d’aucun de leurs frais sur le site pendant leur « service » (stationnement ou déplacements, panier…) Ils avaient l’entièreté des 17 journées des JO à leur charge (hébergement, voyage, restauration) Leurs « avantages » (intérêt) une tenue offerte (gilet, casquette, pantalon … ) et l’accès gratuit aux sites JO en temps que spectateur (hors plage mission). Tristement certains d’entre eux recevaient sans préavis une « fin » de service car au fur et à mesure le besoin en bénévoles diminuait avec les éliminations d’épreuves sportives. Ceux là en étaient non seulement pour leurs frais jusqu’au bout des JO, mais n’avaient plus droit à l’accès gratuit en temps que spectateur… uniquement droit à la salle des écrans qui transmettait les épreuves… Voilà, merci aux bénévoles

  7. Policiers: 35.000
    Gendarmes: 18.000
    Militaires (autres que gendarmes) entre 15 et 24.000
    Privés: 22.000
    Soit plus de 90.000 personnes !
    Demandons nous pourquoi un tel déploiement de force est nécessaire dans un pays en paix dont la majorité des citoyens aspirent à en bénéficier.
    La réponse est dans la question. Le risque principal vient des minorités intérieures.
    Quand nous serons à même de traiter ce problème, alors nous pourrons recevoir sereinement des événements comme ceux que nous venons de vivre.

  8. Macron, Darmanin et consort : CHAMPIONS du monde de l’auto satisfaction et de la DETTE abyssale qui nous vaudra peut être ? 1 mise sous tutelle ?
    a part, 1 petit viol et quelques attaques au couteau : tout allait bien (pas de chiffres de la délinquance bien sur )
    la rentrée = le Retour du réel

  9. Par mesure de sécurité même les aéromodélistes n ont pu voler avec leur avions modelés réduits sur leur terraine région parisienne

  10. Puisqu’on parle de l’épisode su stade de France, force est de constater que les anglais étaient bien encadrés, et je pense que les parents de Kevin et Matéo les avaient enfermés à la maison.

  11. En appliquant le quoi qu’il en coûte dans tous les domaines, tout irait bien dans le meilleur des mondes. Ce n’est évidemment pas possible. Les surplus de budget accordés aux uns doit être retranchés aux autres. On préfère en France augmenter encore la dette

  12. Une armée pour sécuriser un tout petit bout de territoire ! Belle réussite ! heureusement que les terroristes n’ont pas eu l’idée d’attentat dans les villages comme Crépol. C’était le carnage assuré.

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