Sélection des lycéens : vers la fin de l’excellence à la française ?

La modernité agressive dont la Macronie est une expression aboutie a trouvé son nouveau cheval de bataille : miner, saper dans ses fondements ce qui restait de bastions d’excellence dans l’Éducation nationale française. Derniers en date dans la ligne de mire du ministère : Henri-IV et Louis-le-Grand, lycées d’excellence qui ont formé, pendant des générations, l’élite littéraire et scientifique – et donc industrielle - française.
Le recrutement des élèves de seconde se faisait sur dossiers, soigneusement étudiés par les enseignants. C’était la voie royale pour espérer entrer ensuite dans les classes préparatoires de ces lycées. Désormais, selon les vœux du recteur de l’académie de Paris Christophe Kerrero, ancien directeur de cabinet de Jean-Michel Blanquer et moteur de cette « révolution », l’admission en seconde se fera par la magie d’un algorithme agissant sur la plate-forme Affelnet. Seront surtout pris en compte l’adéquation entre le projet de l’élève et les options offertes dans les lycées depuis la réforme du bac, mais aussi la position géographique des candidats et - nouveauté - un indice de position sociale des parents. Ce qui compte le moins est donc ce qui est le plus important, c’est-à-dire le niveau de l’élève, sa capacité de travail et son aptitude à réussir dans un environnement exigeant et concurrentiel.
Mixité sociale contre mérite
Il s’agit clairement d’aller dans le sens d’une plus grande mixité sociale, au détriment du mérite. « La réforme dans son ensemble a pour objectif d’apporter plus de transparence et plus d’équité. Henri-IV et Louis-le-Grand possèdent une forte visibilité et font figure de référence au niveau national. Ils ont vocation à montrer la voie en termes d’ouverture sociale », explique, dans les colonnes du Monde, Claire Mazeron, directrice académique des services de l’Éducation nationale (DASEN) de Paris chargée des lycées. Un argument qui ne résiste pas à une minute de réflexion : sous couvert de mixité sociale, et alors que des systèmes comme les cordées de la réussite, favorisant des élèves boursiers, étaient déjà mis en place, c’est à un nivellement du niveau des lycées publics parisiens que tend ce funeste dispositif. Et comment revendiquer une plus grande transparence dans l’étude des dossiers si on en confie la tâche à un algorithme, qui plus est sélectionnant les dossiers sur des critères sociaux ? C’est d’ailleurs à ce titre que la sectorisation ne sera pas opérante pour ces deux lycées : qui, en effet, habite dans le 5e arrondissement de Paris, si ce n’est des classes sociales très aisées ? La déconstruction de ces derniers lycées d’excellence ne va faire qu’accélérer et creuser ces fameuses inégalités sociales : la sélection, interdite ici, aura lieu ailleurs et les meilleurs lycées privés seront pris d’assaut… au détriment des bons élèves, méritants, qui ne pourront se permettre d’en supporter le coût. C’est une gifle morale et sociale qui leur est ici infligée.
Un test pour mieux identifier les talents
Dans le même ordre d’idées, Clément de Seguins Pazzis, professeur de mathématiques en classe préparatoire, normalien, agrégé et docteur en mathématiques fait partie de l’AORES, l’Association pour une orientation raisonnée vers l’enseignement supérieur scientifique. Son objectif : « Améliorer la liaison entre l’enseignement secondaire et supérieur. […] et aider les élèves de terminale générale du système éducatif français à mieux connaître leur potentiel à suivre des études scientifiques exigeantes, et permettre aux formations du supérieur de mieux identifier les talents scientifiques de demain quelle que soit leur origine. » C’est dans ce but que Clément de Seguins Pazzis a mis sur pied un test national indépendant en mathématiques destiné à tous les élèves de terminale qui le souhaitent, le test TeSciA (test scientifique avancé), qui, s’il est totalement indépendant de l’Éducation nationale, pourra être intégré au Projet de formation motivé du candidat sur la plate-forme Parcoursup. Un atout précieux pour tous, élèves et enseignants, selon le seul critère du… mérite, que l’élève provienne d’un lointain lycée rural ou d’un prestigieux établissement de centre-ville. Cela valait bien les quelques difficultés rencontrées lors de la mise en place de ce test. Le seul credo de l’AORES est, en effet, celui de la méritocratie républicaine. Il semble que dans la Macronie finissante, ce soit devenu une insanité. Pour mieux masquer l’échec de tout un système ?
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22 commentaires
Robinson
à 79 ans, j’ai vu comment s’est décrépite l’école de la FRANCE .
De famille ouvrière , en province , j’ai pu accéder avec un examen au collège , avec un concours à l’ENP (école nationale professionnelle) puis pour finir avec un autre concours à une école d’ingénieur publique (équivalente à l’ENSAM , à laquelle j’avais été reçu) . J’en suis très fier car c’est grâce à la persévérance à la pugnacité , au travail , que j’ai pu réussir ces concours ..aujoud’hui , plus de concours !
Comment croit-on que l’on a amené plus de 90 % des élèves au niveau du bac que n’obtenaient que 6 % des jeunes en 1950 et 19 % en 1968 et 60 % en 1980 ? En abaissant le niveau, pardi ! L’égalitarisme, c’est la médiocrité pour tous. Un ancien prof.
cela fait 40 ans que la France baisse le niveau de l éducation nationale pour faire 100 pour 100 de bacheliers qui feront chômeurs au final
et des bacs au rabais!!
Née vers 1950 dans une famille d’immigrés, orpheline de père (5 enfants de 5 à 17 ans au foyer), j’ai pu sans problème rejoindre le collège puis le lycée. Des médecins, des ingénieurs, des cadres, des infirmières, …., copains de classe ont pu faire les études qu’ils souhaitaient, grâce à l’école de la république et au soutien de leurs parents. D’autres ont préféré s’orienter vers l’apprentissage et ont aussi réussi leur vie. Alors pourquoi cette obsessions de tirer tout le monde vers le bas ?
Félicitations, de la part d’un ancien prof.
Encore une fois, les progressistes de la macronie s’apprêtent à utiliser la vieille méthode de la discrimination positive. On peut imaginer aussi, qu’une fois intégrés dans ces établissements prestigieux, les élèves issus des classes sociales défavorisées bénéficieront, non pas d’une mise à niveau, ce qui serait tout à fait positif, mais plutôt d’une révision à la baisse des objectifs à atteindre. Le mérite est bel et bien devenu une valeur obsolète, décidément.
Eh oui, l’égalitarisme c’est la médiocrité pour tous.
Dans notre Suisse voisine, n’entrent au lycée que les élèves capables de RÉUSSIR des études supérieures. Ce critère qui s’affranchit des origines sociales n’est-il pas le meilleur pour disposer d’élites à la hauteur ? Il faut dire que le système est secondé par d’efficaces filières d’apprentissage. Ainsi, un charpentier gagne aussi bien sa vie qu’un directeur de banque.
Les ´’ élites ´´ actuelles sont tellement ignares qu’elles confondent égalité et égalitarisme. L’une est légitime et appartient à notre devise nationale, l’autre est un dévoiement de la première. L’égalitarisme, qui introduit des critères qui n’ont rien à voir avec la valeur et le mérite individuels, est une injustice. Seul le mérite et le travail, doivent être pris en compte pour l’admission à un établissement scolaire, ou à un emploi. Les quotas n’ont pas leur place dans ces processus.
C’est une évidence ironique : le haut niveau intellectuel de nos petites tête lycéennes nous permet aisément d’écarter tout degré d’excellence…
PAUVRE FRANCE ! ! !
Je pense sincèrement que la France que nous avons connue est définitivement en état comateux avant la fin programmée. Tout cela à cause d’une égalité mal comprise et stupide
Le niveau de l’école baisse, entre autres à cause de l’accueil massif d’immigrés, à défaut de pouvoir augmenter le niveau des élèves, on abaisse le niveau des établissements, c’est la discrimination positive, le meilleurs moyen de détruire la valeur des établissements et des diplômes qu’ils délivrent, voir le niveau de nos universités, voir le niveau de Science Po….
J’ai enseigné 35 ans : vous avez raison.
L’élitisme voici l’ennemi, la France meurt et nul n’en est conscient.
Qui a dit « les cancres d’aujourd’hui seront les profs de demain » ??
On y est
Une vitrine du racisme consiste à abaisser le niveau de l’obstacle pour en favoriser l’accès aux plus faibles , cette forme de mépris discrédite les deux.
C’est fait.
Merci à notre suite de présidents et de ministres animés de faux bons sentiments et remplis d’ambition pour notre pays.
Au lieu de stériliser les grands lycées parisiens il il faut en créer 3 ou 4 en province. On verra si les parisiens sont toujours aussi bons…
Et voilà, à force d’égalitarisme social on formate bas-niveau… Normal, il faut abaisser les curseurs scolaires et universitaires pour valoriser la prétendue noblesse de cœur plutôt que celle de l’esprit; sans cela nos Bien-pensants deviendraient vite inaudibles sur tous les plans. Voyez Science-Po à l’époque du brillant Eric Zemmour, ce que l’institution est devenue désormais :) !
« La macronie finissante » semble déterminée à faire table rase des valeurs de la France en dynamitant tous les bastions de notre pays : de l’industrie au savoir en passant par l’énergie et la liberté…
Sommes nous devant un suicide ?
Non, un assassinat. Cordialement.