Selon la presse locale, Michelin pourrait quitter l’Algérie

@Tino Rossini/Wikimedia commons
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Selon le quotidien algérien TSA, « le fabricant français de pneumatiques Michelin a décidé de quitter l’Algérie ». Contactée par BV, la direction du groupe français n’a pas souhaité s’exprimer pour l’instant sur le sujet, mais l’information a depuis été reprise par plusieurs titres de la presse algérienne, ainsi que par Maroc Diplomatique, Abidjan TV et plusieurs autres journaux africains.

Michelin s’était implanté en Algérie en 1963, en ouvrant une usine de fabrication de pneumatiques pour véhicules de tourisme et poids lourds à Bachdjerrah, une commune située dans la proche banlieue sud-est d'Alger. A partir de 2002, l’usine avait recentré son activité sur les pneumatiques pour poids lourds, avec un effectif de 700 personnes produisant alors 250 000 pneus par an, dont 40 % pour l’export.

Des aspects politiques

Mais en 2013, Michelin a opéré un virage stratégique. La production a été stoppée et Michelin Algérie s’est mis à importer et revendre des pneus produits par ses usines, notamment en France. C’est cette activité commerciale qui pourrait donc prendre fin. Cette décision profiterait alors au constructeur local Iris, qui a annoncé des projets de développement très ambitieux avec des partenariats technologiques allemands, italiens, finlandais et américains. Cette décision intervient après une série de mesures prises par le gouvernement algérien contraignant les entreprises étrangères à produire localement pour pouvoir vendre en Algérie. Ce que confirme TSA, pour qui « l’activité de Michelin était concentrée depuis un peu plus de dix ans sur la commercialisation, un modèle incompatible avec la nouvelle orientation économique de l’Algérie, portée sur l’encouragement de la production locale. Selon nos sources, le manufacturier français peine à obtenir les autorisations d’importation pour pouvoir poursuivre ses activités de commercialisation en Algérie ». Si cette hypothèse devait se vérifier, il est sûr que les tensions politiques actuelles entre l’Algérie et la France ne pourraient qu’envenimer des négociations déjà difficiles.

Renault aussi ?

Michelin pourrait ne pas être la seule entreprise française à partir d'Algérie. Renault, qui avait investi cinquante millions d’euros en 2014 pour ouvrir un site de production de 75 000 véhicules par an à Oran, pourrait bien lui emboiter le pas. Comme le rapporte le site algérien ObservAlgérie, « Renault a vu son activité chuter de manière dramatique. En 2019, elle produisait encore 60 000 unités, principalement des Renault Symbol, mais depuis 2020, sa production s’est effondrée, atteignant à peine 2 400 véhicules en 2023 ». Et là encore, les difficultés seraient dues à des mesures protectionnistes : « Cette paralysie résulte principalement des nouvelles exigences imposées par le gouvernement algérien, qui exige que 30 % des pièces utilisées soient fabriquées localement ».

Si Renault peut se consoler avec près de 400.000 véhicules produits par ses usines marocaines de Tanger et Casablanca, il n’en va pas tout à fait de même pour Michelin, confronté à des difficultés liées en grande partie à la concurrence très féroce des industriels chinois au niveau mondial.

L'Algérie chassera-t-elle donc de son sol des entreprises françaises tout en envoyant en exigeant de la France qu'elle ouvre plus généreusement ses frontières ? Un dossier compliqué de plus dans les relations franco-algériennes. Le macronisme mondialiste a décidément du plomb dans l'aile.

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