Pour les sénatoriales, les élus locaux doivent montrer à Macron leur mécontentement

Pendant que leur chef enchaîne coups de menton et essayages de treillis sur du Daft Punk, les petits soldats du Président Macron organisent, en coulisses, la prise d'un nouvel objectif : le Sénat. L’Élysée, Matignon, l'Assemblée : il ne reste plus qu'à s'imposer au palais du Luxembourg pour que la République soit totalement macronisée.

L'objectif n'est pas seulement symbolique. Une arrivée en force de sénateurs LREM permettrait, d'une part, de faciliter l'adoption des textes gouvernementaux car, même si l'Assemblée a le dernier mot au terme d'une navette, la capacité d'opposition de la haute assemblée a toujours été réelle, sous de Gaulle comme sous Mitterrand. D'autre part, un groupe conséquent donnerait au Président cette majorité des trois cinquièmes qui permet de modifier la Constitution à sa guise, sans passer par la voie référendaire.

M. Delevoye, ancien ministre (et ancien sénateur) chiraquien, déjà à la manœuvre pour les investitures des législatives, s'active donc pour désigner les candidats LREM pour les sénatoriales de septembre prochain. Au Sénat, le parti présidentiel part de presque rien : trente sénateurs. D'anciens socialistes. Rien d'étonnant : on retrouve la marque - la tare ? - originelle du nouveau parti présidentiel : une excroissance d'un PS moribond... Rien d'étonnant, encore, à voir s'agiter derrière l'ambitieux M. Mercier ces centristes et radicaux qui, de tout temps, se sont plu dans ces combinaisons sénatoriales, héritées de la IVe République. Donc, vendredi soir, LREM a annoncé une liste de seize noms. Aucune surprise : une majorité de socialistes, et quelques figures de la société civile.

Mais l'objectif d'une vague macroniste au Sénat se heurte à bien des obstacles. D'une part, ce scrutin est peu favorable aux grands renversements. En effet, les sénateurs ne sont renouvelés que par moitié tous les trois ans, et ils sont élus au suffrage universel indirect, essentiellement par les conseillers municipaux. Or, les élections municipales de 2014 ayant été perdues par la gauche - sauf à Paris et Lyon -, la droite LR, pourvu qu'elle soit cohérente dans la désignation de ses candidats, devrait encore se renforcer au palais du Luxembourg. Et cela, d'autant plus que son groupe compte déjà 142 sénateurs et qu'elle n'en remet « en jeu » que 53.

D'autre part, les élus locaux, les « grands électeurs », sont au premier rang des mécontents face aux premières mesures décidées par le nouveau pouvoir, notamment les treize milliards d'économies demandées aux collectivités locales. Ils sont aussi à l'écoute des mécontentements des Français. Il se pourrait alors que ces sénatoriales se transforment en révolte contre les excès du nouveau Président.

Ainsi,; les candidats macronistes pourraient vite devenir des cibles privilégiées. D'ailleurs, sur les trente élus LREM, vingt sont renouvelables, pour l'essentiel des traîtres PS ; quant aux quarante-trois centristes UDI-MoDem, vingt le sont aussi en septembre. Pas sûr que les élus locaux soient particulièrement attirés par la trahison inscrite en lettres d'or sur l'écharpe tricolore.

Et puis il y a l'arithmétique : pour atteindre les 3/5, soit 555 parlementaires, il faudrait 150 élus au Sénat. C'est inatteignable.

Après la crise d'autoritarisme du Président, il est plus que jamais souhaitable que nos élus locaux envoient au palais du Luxembourg une majorité d'élus de droite, bien décidés à s'opposer fermement aux dérives de ce nouveau pouvoir arrogant, et imperméables au débauchage des marcheurs ou des centristes.

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