Ce serait bien, mais c’est comme ça !

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Ce serait bien si le simplisme nous faisait plaisir et venait se poser comme une grâce sur la réalité française, allemande, internationale.

Ce serait bien si, comme par miracle, le clivage gauche/droite qui a structuré notre histoire et depuis toujours nos joutes partisanes avait disparu depuis l'élection d'Emmanuel Macron.

Ce serait bien si la droite classique avait été définitivement reléguée alors qu'elle a augmenté ses forces lors des élections sénatoriales.

Ce serait bien si La République en marche avait continué son élan et tout renversé au Sénat comme pour l'Assemblée nationale alors que pourtant, avec ce mode de scrutin particulier, ce bouleversement était impossible.

Ce serait bien si le départ de Florian Philippot avait été une hirondelle faisant l'hiver du FN.

Ce serait bien si Angela Merkel avait pu gagner triomphalement sans qu'à aucun moment, dans son camp, on la discute ou qu'ailleurs, violemment, une opposition extrême vienne la contrer en exprimant des peurs, des critiques, une exigence de fermeté rude avec une autre appréhension du réel.

Ce serait bien si l'univers dans toutes ses facettes obéissait à nos désirs et correspondait à notre vision paresseuse.

Ce serait bien si Donald Trump n'était qu'un clown, Erdoğan un dictateur et Poutine une brute totalitaire.

Ce serait bien si on avait droit aux comparaisons les plus bêtes et les plus insultantes, en plaçant par exemple le nazisme au sein d'une France qui, heureusement, en est radicalement éloignée.

Ce serait bien d'être persuadé que le mariage pour tous ne va pas, par l'entremise de la PMA, nous entraîner tout droit et honteusement vers la GPA.

Tous ces "serait bien" renvoient à des étonnements, à des stupéfactions, à des indignations incompréhensibles. Ils aspirent au simplisme de la morale et de la cohérence alors que le chaos, le désordre, l'aléatoire, l'imprévisible, la résistance des peuples, la liberté des citoyens, le dérèglement de l'éthique gouvernent et détruisent les perspectives enthousiastes d'une politique en chambre.

Ce serait bien, certes, mais c'est comme ça. Tant pis ou tant mieux.

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Philippe Bilger
Magistrat honoraire - Magistrat honoraire et président de l'Institut de la parole

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