Si le coronavirus n’existait pas, il faudrait l’inventer

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Serait-ce la pensée de nos gouvernants, tant ils cherchent à tirer avantage de cette épidémie ? Cette actualité a supplanté toutes les autres : la réforme des retraites, le chantage d'Erdoğan sur l'immigration, les enjeux des élections municipales... Mieux encore : le chef de l'État bouleverse son agenda pour « se consacrer sur la gestion de la crise » du coronavirus : il va, enfin, faire l'unanimité autour de sa personne !

Certes, ce n'est pas une machination montée de toutes pièces, le gouvernement n'est pas le seul responsable de la psychose naissante. Les médias, qui rivalisent en audience, contribuent à faire de cette épidémie le problème n° 1 de la France. Au nom d'une transparence, parfois opaque, les autorités commentent quotidiennement les progrès de la contagion, les moyens de s'en protéger, les mesures prises par le gouvernement. Tout le reste passe au second plan.

On imagine aisément l'état de l'opinion si l'on faisait, chaque jour, le point sur la mortalité routière, sur les ravages de l'alcool, sur les actes de délinquance... Il ne s'agit pas de nier la gravité de ce virus ni ses conséquences économiques, mais force est de constater que l'exécutif, à commencer par Emmanuel Macron, semble exploiter, sans vergogne, la situation.

Le risque du coronavirus, toujours mis en avant, occulte d'autres sujets, tout aussi importants, sinon plus. Comme le chantage exercé sur les Européens par le président Erdoğan, qui laisse 15.000 migrants menacer la frontière grecque et se dit prêt à en envoyer des millions. Ou les élections municipales. Le raffut fait autour des précautions à prendre dans les bureaux de vote dissuadera une partie des électeurs de se rendre aux urnes. En outre, le débat politique est quasi inexistant, comme si le gouvernement avait intérêt à le passer sous silence.

Quant à Emmanuel Macron, il veut donner l'image de rassembleur qu'il n'a pas su acquérir par sa politique. Il proclame bien fort qu'il se consacre à cette seule tâche. Son entourage insiste sur les dispositions qu'il doit prendre pour ne pas être contaminé : ne plus serrer les mains ni faire de bises, se laver les mains régulièrement. Au moins évitera-t-on, pendant quelque temps, des « selfies » de mauvais goût ! Il paraît même, selon RTL, qu'« un scénario ultime » prévoit de transférer le Président, le Premier ministre et quelques collaborateurs dans un lieu confiné, avec dossiers et vivres !

Il ne faut ni céder à la psychose, ni faire l'autruche, mais le pire est d'instrumentaliser la crise du coronavirus !

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 19/03/2020 à 10:54.
Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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