Sibeth Ndiaye juge fort stupides les propos d’Alain Finkielkraut… et c’est fort déplacé
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Sur Radio J, dimanche, Sibeth Ndiaye a jugé « fort stupides » les propos d’Alain Finkielkraut sur le viol au cours de l’émission « La Grande Confrontation » (LCI) et « fort heureux » que quatre députés - de La France insoumise - aient saisi la justice sur le fondement de l’article 40 du Code de procédure pénale.
« Évidemment, rajoute-t-elle, on voit bien à l’écran que c’est du second degré. Mais je suis gênée par cette manière d’utiliser ce mot viol, viol, viol, viol, viol. »
Puisque le mot « fort », en revanche, a l’heur de lui plaire et qu’on ne risque rien, celui-là, à le répéter, on va en profiter.
Il est fort préjudiciable, pour Emmanuel Macron, d’être doté d’une telle porte-parole. Car évidemment, ce n’est pas Mme Ndiaye à titre personnel qui est invitée dans les médias, mais la porte-parole de l’Élysée : « Ma personne n’est rien, mon principe est tout », disait le comte de Chambord… la sienne non plus, le sien aussi ; or, le principe d’un porte-parole est de porter la parole, pardi. Ni plus, ni moins.
C’est donc l’Élysée - et c’est fort désinvolte - qui qualifie d’ineptes les propos d’un philosophe académicien septuagénaire. C’est aussi l’Élysée - et c'est fort étonnant - qui, dans cette émission télévisée, n’a trouvé que ce passage à déplorer : l’ingratitude revendiquée de Maboula Soumahoto envers la France n’a pas été relevée.
C’est encore l’Élysée qui exprime sa satisfaction de voir du second degré faire l’objet d’une saisine en Justice. On conviendra que c’est fort inquiétant. Humoristes de tous poils, préparez vos valises. Professeurs de lettres aussi. L'ironie et les figures de style sont désormais bannies. Rétorquer, les yeux au ciel, « Mais bien sûr, je mange les petits enfants ! » à qui veut vous faire passer pour plus méchant que vous n’êtes, ou ricaner « Tu ne savais pas ? J’ai un compte aux îles Caïman ! » à qui fait semblant de vous croire nanti vous vaudra, aussi sec, une descente de la brigade des mineurs ou de l’administration fiscale. Commenter telle turpitude par l'antiphrase « C’est du joli » ou « C’est du propre », des poursuites pour incitation à la débauche.
« C’est malin ! » sera également uniquement compris dans son acception littérale - pour louer, par exemple, l'astuce et le talent de Sibeth Ndiaye. La communication va devenir à la fois fort simple et fort effrayante.
Notre gouvernement est décidément formidable. Ou fort minable, comme dirait la chanson, c’est selon.
Il y a fort… à parier, en tout cas, que les saillies fort déplacées de nombre de ses membres ne sont pas pour rien dans l’extrême défiance nourrie par les Français à son endroit.
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