Silence, c’est notre jeunesse qu’on sacrifie !
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C’est reparti ! Pour la deuxième fois en 2020, on confine la jeunesse. Dans un pays qui sombre dans la crise économique et sociale bien plus violente que la crise sanitaire, le gouvernement impose à nos forces vives les cours « en distanciel » (quelle ignoble expression, technocratique, pour évacuer sans l’évoquer le lien irremplaçable entre les professeurs et leurs élèves), les charentaises et l’abonnement Netflix, avec pour seul horizon, pour beaucoup d’étudiants, la fenêtre de leur chambre de bonne et les apéros virtuels. Beaucoup sont, d’ailleurs, repartis chez leurs parents : dans une société qui leur impose de vivre comme des "Tanguy", autant se faire réellement materner !
On somme notre jeunesse, la future classe laborieuse, celle qui engendrera les prochaines générations, qui créera des entreprises, qui sera chargée de transmettre ce qu’elle a reçu, de recréer du lien social, de relever un pays en faillite économique, morale et spirituelle, de penser le bien commun, on lui ordonne donc de se jeter dans la gigantesque bataille qui se joue… du fond de son canapé avec, comme seule arme pour lutter contre la déprime qu’engendre inévitablement l’inaction, la fragile certitude, née de cet hygiénisme dévorant, qu’ils « sauveront des vies »… Et pour cela, on leur interdit de vivre, ils doivent se contenter de survivre.
On est en train de former une jeunesse qui, ainsi déresponsabilisée, comme notre Président, ignorera « que le danger est le pays de l’avenir, et que pour cette raison il vaut mieux préférer le courage au calcul », comme le dit Chantal Delsol dans les colonnes du Figaro. Et la philosophe de poursuivre : « On met à l’arrêt toute la jeunesse d’un pays, qui perd ses emplois, arrête ses entreprises, pour sauver les ancêtres. Mais pour pouvoir arrêter l’économie, on grève l’avenir de dettes énormes, à payer par nos enfants et petits-enfants. »
« C’est dur d’avoir 20 ans en 2020 parce que ce sont eux qui vivent un sacrifice terrible. Quand on est jeune, on fait la fête, on a des amis, je ne culpabiliserai personne », disait Emmanuel Macron, le 14 octobre 2020.
Quelle sinistre vision de la jeunesse, que celle de notre Président qui ne voit en celle-ci qu’un avatar de l’Homo festivus. Le Président du nouveau monde et de la start-up nation « ne dispose d’aucune clé pour saisir une situation si étrangère » : il plaque sur « les jeunes » une grille de lecture complètement has been. Il a sorti l’idéologie libertaire soixante-huitarde de la naphtaline : pour lui, il faut enfermer notre jeunesse à la maison, puisqu’elle ne sait que « faire la fête ». Et pour cette raison, par un sophisme que je n’ai pas encore réussi à élucider, nos jeunes seraient donc des assassins en puissance.
Tout ça pour masquer la terrible impréparation gouvernementale et la capacité de réanimation hospitalière rigoureusement semblable à celle du mois de mars.
On prive donc notre jeunesse de ces moments si précieux indispensables à la vie étudiante et, partant, à la construction de leurs personnalités : plus de sorties, plus de voyages, plus de rencontres, plus de conférences, plus de musées, plus de contacts humains autres que le cercle strictement familial - comme pour des nouveau-nés -, plus de visites chez le bouquiniste, le libraire. Car comme l’écrit joliment Sylvain Tesson : « Lire fait douter. Les barbus de tout poil ne doutent de rien parce qu’ils ne lisent qu’un seul livre. Une librairie contient des milliers de grilles de lecture du monde. Dans le même espace, saint Augustin côtoie les anarchistes russes. »
Plus de messes non plus. En ces temps où le sacré, la transcendance sont les biens immatériels les plus précieux à l’homme, et essentiels pour maintenir, vaille que vaille, la petite flamme de l’Espérance, on prive notre jeunesse de la rencontre personnelle avec le Christ. Ce n’est pas un hasard si la pétition lancée en ligne pour le rétablissement de la liberté de culte l’a été par un groupe d’étudiants.
Ainsi, un gouvernement qui, à la suite de ses prédécesseurs, a fait rentrer des millions d’« autres » sur notre sol, provoquant un choc de civilisations inédit dans l’Histoire, prive aujourd’hui les « nôtres » d’une partie de leur histoire.
L’odeur douçâtre et écœurante du confort ouaté qui leur est imposé remplace l’excitante et violente saveur de la vie.
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