Silvio Berlusconi : le milliardaire de droite passe l’arme à gauche

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C’était la bête noire de la gauche. Tel le loup dans Le Petit Chaperon rouge, il terrifiait les bonnets rouges des bonnes consciences bien au-delà de l'Italie. Milliardaire et propriétaire de médias : chacune des deux caractéristiques suffisait à le faire haïr à gauche.

Ce lundi 12 juin, l'Italie a perdu l'une de ses personnalités politiques les plus influentes avec la disparition de Silvio Berlusconi, âgé de 86 ans. Surnommé « Il Cavaliere » en raison de son titre honorifique de chevalier de l'ordre du Mérite du travail, celui qui détient le record de longévité comme président du Conseil sous la République italienne a marqué la vie politique locale de son empreinte.

Initialement investisseur dans le secteur de l’immobilier, Berlusconi s'est rapidement tourné vers les médias. En 1979, il devient l'actionnaire majoritaire du quotidien Il Giornale. Puis, il profite de la remise du paysage médiatique italien, en 1976, pour créer près d'une centaine de chaînes de télévision en France, en Allemagne et en Espagne. Parallèlement, il acquiert, en 1986, le club de football Associazione Calcio Milan (AC Milan), avec lequel il remporte huit championnats d'Italie et cinq trophées européens.

Néofasciste ?

Assis sur une immense fortune, Berlusconi ne s’arrête pas au monde des médias et se lance dans l’aventure politique. Elle débute le 26 janvier 1994, lorsqu'il annonce sa candidature aux élections législatives à la télévision, avec des accents partriotes : « L'Italie est le pays que j'aime, lance-t-il. Je me refuse à vivre dans une dictature gouvernée par des forces immatures et par des hommes liés à un passé politiquement et économiquement en faillite. »

Selon les justes mots de Marc Baudriller sur cet homme d'affaires et de médias :


La comparaison s'arrête aux frasques tapageuses du sulfureux milliardaire italien. Fondateur du parti Forza Italia, il parvient, la même année, à rallier les divers partis de droite dans sa coalition Pôle des libertés-Pôle du bon gouvernement. Pour sa première candidature, il bat électoralement la gauche. Cette alliance des partis remporte la majorité absolue à la Chambre des députés (366 sièges sur 630) et la manque de peu au Sénat (156 sièges sur 315). Deux mois après sa fondation, Forza Italia s'impose comme la première force politique du pays. À la suite de cette victoire, Il Cavaliere est nommé président du Conseil des ministres en mai 1994. La gauche française s'étrangle et passe aussi sec au point Godwin. Le 10 mai suivant les élections, François Mitterrand répondait à PPDA : « Le peuple a décidé de donner des voix aux néofascistes […] Si ce nouveau parti devenait majoritaire, il y aurait des problèmes. »

Berlusconi occupe par la suite ce poste à trois reprises : de 1994 à 1995, de 2001 à 2006 et, enfin, de 2008 à 2011. Durant ses mandats, l'homme de droite lutte inlassablement contre le communisme, s'oppose aux magistrats qu'il considère comme des « rouges » et prône l'entreprise ainsi que la baisse des impôts. En 2008, après deux années d'opposition, Silvio Berlusconi et la coalition de centre droit Le Peuple de la liberté (PdL) remportent les élections parlementaires italiennes de 2008 face à la coalition de centre gauche.

Une grande victoire pour l’homme d’affaires. Au Sénat, la coalition menée par Silvio Berlusconi obtient la majorité absolue, avec 47,3 % des suffrages, contre 38,0 % pour celle dirigée par la gauche. À la Chambre des députés, elle obtient 46,8 % des voix, contre 37,5 %.

« Adieu, président »

Depuis la disparition de Silvio Berlusconi, les hommages affluent de toutes parts, notamment des personnalités de la droite conservatrice. Le ministre de la Défense italien, Guido Crosetto, a déclaré sur Twitter : « La mort de Silvio Berlusconi laisse un grand vide. Je l'aimais beaucoup. Au revoir, Silvio. »

La présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, évoque un « combattant qui a dirigé le centre droit et a été un protagoniste de la politique en Italie et en Europe pendant des générations ». Giorgia Meloni, présidente du Conseil des ministres issue du parti Fratelli d'Italia, a souligné le courage et la détermination de Berlusconi. Des qualités qui ont fait de lui l'un des hommes les plus influents de l'Histoire de l'Italie. Orphelin, le parti Forza Italia ajoute : « Nous aurions voulu ne jamais vous laisser partir. Adieu, président. »

Félix Perrollaz
Félix Perrollaz
Licence de Science politique à l'Université de Lille, étudiant en journalisme, journaliste stagiaire à BV

Vos commentaires

4 commentaires

  1. Dépourvu de toute hypocrisie, qui est l’ADN des politiciens,, Berlusconi a tout réussi. Philorusse, ce qui lui coutera entre autre la défaite de 2006, on peut lui reprocher tout au plus sa précipitation en 2003 de se rendre aux Açores avec Aznar et Blair auprès de Bush jr apporter sa caution á l’invasion de l’Irak.

  2. >>> Un peu comme si Bolloré fondait son propre parti pour se lancer en politique <<<

    Une idée à ne pas sous-estimer !
    Depuis plus de quarante ans, la France ne cesse de subir des personnalités et influences autrement moins bien référencées que Vincent Bolloré.
    Outre sa réussite professionnelle, cet homme peut, je crois, se prévaloir d'un parent ayant participé au débarquement de juin 1944 et surtout, d'un media ouvert à la liberté d'expression, ce qui est devenu tout-à-fait exceptionnel.
    Trois qualités dont notre présent éventail politique ignore jusqu'à l'existence !!!

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