SMS entre Ursula von der Leyen et le PDG de Pfizer : la Cour des comptes européenne tire la sonnette d’alarme
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Nouveau rebondissement dans l’affaire des SMS échangés entre la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, et le PDG de Pfizer-BioNTech, le Grec Albert Bourla. Dans un communiqué publié ce 12 septembre, la Cour des comptes européenne pointe du doigt l’opacité des échanges entre les deux personnalités, lorsque celles-ci avaient négocié les termes d’un contrat d’une certaine envergure, entrainant la commande d’1,8 milliard de doses de vaccins, facturés à 35 milliards d’euros.
Étonnamment - ou pas -, il semblerait que certains ne se satisfassent pas de régler cette facture plutôt salée sans en connaître les tenants et les aboutissants. C’est un journaliste du New York Times, tout d’abord, qui s’était penché sur la question en avril 2021. Celui-ci avait demandé à la Commission européenne l’accès public aux SMS et autres textes relatifs à l’échange conclu entre les deux compères. Vœu qui n’avait été qu’à moitié exaucé, puisque la Commission avait déclaré n’avoir identifié aucun SMS. Le Médiateur européen s’était alors saisi de l’affaire et les conclusions de l’enquête avaient révélé que la Commission n'avait pas explicitement demandé au bureau personnel du président de rechercher les SMS. En janvier 2022, le Médiateur avait conclu à un cas de « mauvaise administration », déclarant que « l'accès aux documents de l'UE est un droit fondamental. Bien qu'il s'agisse d'une question complexe pour de nombreuses raisons, les pratiques administratives de l'UE doivent évoluer et se développer avec l'époque dans laquelle nous vivons et les méthodes modernes que nous utilisons pour communiquer. » Rebelote, donc, pour la Commission européenne, sommée de repartir en chasse pour dénicher les précieux messages de sa présidente. Le 27 juin 2022, l’institution daigne enfin se fendre d’un communiqué pour justifier ses agissements. Si elle se défend de toute mauvaise administration, l’institution reconnait tout de même les difficultés rencontrées pour récupérer les messages de la présidente, du fait de leur durée de vie limitée. Et de promettre que, désormais, ils mettront tout en œuvre pour adapter leurs techniques aux nouvelles technologies.
En juillet 2022, un nouveau rapport du Médiateur tire la sonnette d’alarme : « Un an après la demande initiale d'un journaliste, la Commission n'a toujours pas précisé s'il existe des messages signalés comme concernant d'importantes transactions d'achat de vaccins et si le public a le droit de les voir », précise le communiqué. Un flottement que le Médiateur analyse comme « un signal d’alarme pour toutes les institutions de l’UE », et pour cause : une procédure dont les délais sont plus qu’indéfinis, pour un contrat d’une ampleur telle… il y a de quoi se poser des questions sur le fonctionnement de ces institutions et sur leur véritable utilité.
Près de trois mois plus tard, rien de nouveau sous le soleil. Un délai qui n’est pas pour plaire à la Cour des comptes européenne – après tout, on parle d’argent -, qui hausse le ton à son tour dans un communiqué publié ce 12 septembre. L’instance regrette ainsi « que la Commission [n’ait] pas encore procédé à un examen approfondi ni à une analyse comparative de ce processus afin d'en tirer des enseignements pour l'avenir ». Faisant écho à cette semonce Michèle Rivasi, députée verte européenne, sort du silence et dénonce le manque de transparence des relations entre la présidente et le PDG, alors même qu’il s’agit du « plus gros contrat d’achats de vaccins d’Europe ». « D’ordinaire, la Commission européenne donne toujours accès à l’information demandée par la Cour des comptes, même lorsque les autres institutions n’y ont pas droit. Dans cette affaire des SMS, c’est la première fois qu’elle refuse de transmettre à la Cour les rapports demandés. » L’élue enjoint, de plus, le parquet européen à se saisir de l’affaire ; il y va, selon elle, de la « confiance des citoyens dans les institutions européennes ».
Contactée par Boulevard Voltaire, la députée RN Virginie Joron, de son côté, abonde : « Il y a suspicion sur cet achat massif de doses avec un laboratoire Pfizer, qu’on voit aujourd’hui devenir le numéro un dans l’accès aux vaccins. On se retrouve avec une espèce de monopole qui nous oblige à nous tourner vers Pfizer pour nous faire vacciner, avec des tarifs exponentiels. C’est de l’argent public, lorsqu’on dit à tous les États membres de faire des nettoyages contre la corruption, la première règle, c’est de se l’appliquer à soi-même : on parle de milliards d’euros. » Et de poursuivre : « Elle n’a pas appliqué la procédure, c’est le seul contrat et c’est le plus gros, c’est un scandale. Avec les députés, on va continuer à demander à ce qu’elle rende des comptes. » La députée rappelle, en outre, que la présidente de la Commission européenne jouit d’une légitimité toute relative : élue avec 383 voix pour et 327 contre, Ursula von de Leyen a été nommée de justesse.
De quoi fragiliser encore davantage le lien de confiance entre les Français et ces institutions européennes, dont le fonctionnement opaque n’est pas pour rassurer.
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23 commentaires
alors c’est pas bien le monopole de marché pour EDF, en revanche pour Pfizer-BioNTech c’est permis et organisé