Sondage : horrifiés par LFI, les électeurs regrettent leur barrage anti-RN !
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Si le second tour du 7 juillet semble avoir figé la situation politique, l'été Castets et les consultations interminables pour dégager une majorité introuvable et un gouvernement ont toutefois fait bouger les lignes. LFI et Mélenchon, en assumant ce qu'ils sont, se sont exclus de l'équation et l'on va probablement (réponse lundi ?) vers une majorité PS-Renaissance-LR, dirigée par un Bernard Cazeneuve ou quelque chose dans le genre. Cette fracturation du NFP répond, en fait, aux désirs de Mélenchon comme de Macron. L'un pour s'ériger en seul leader de la vraie gauche qui ne trahit pas et continuer à tirer les dividendes d'une posture d'opposition extrémiste. L'autre pour replâtrer sa majorité défaite dans un énième élargissement du « en même temps ». PS et LR - ou du moins ce qu'il en reste - vont une nouvelle fois passer à la centrifugeuse de cet attelage qui se délitera jusqu'à la prochaine dissolution.
Mais les lignes ont aussi bougé dans l'opinion vis-à-vis de LFI et de Mélenchon, comme le montre l'enquête post-électorale d’Ipsos, réalisée pour Le Monde, le centre de recherches politiques de Sciences Po, l’Institut Montaigne et la Fondation Jean Jaurès.
LFI de plus en plus rejetée
C'est l'enseignement majeur de cette enquête : pour 74 % des Français, LFI est une formation d’extrême gauche, un chiffre en progression de 9 points par rapport à septembre 2023 ; elle attise la violence (72 %, +12 points) et elle est dangereuse pour la démocratie (69 %, +12 points). Un tel portrait-robot désigne clairement la cible du prochain barrage électoral.
LFI et Mélenchon seulement attractifs chez les électeurs... musulmans
L'autre enseignement spectaculaire - mais guère surprenant - relevé par Brice Teinturier, c'est que le socle de LFI est « numériquement faible » : « 7,5 % , soit moins que le PS qui obtient 10 % sans passer par le canal de la radicalité, autant que LR et loin derrière les 21 % qui choisissent le RN ». Et, surtout, ce réduit mélenchoniste est bâti sur un électorat bien spécifique : les musulmans. Ainsi Mélenchon est-il la personnalité politique la plus rejetée des Français mais, souligne Brice Teinturier, « seuls les Français musulmans portent sur Jean-Luc Mélenchon un regard positif, avec 64 % de jugements favorables ».
Un RN solide
Face à ce rejet massif de LFI, le RN se distingue : pour Brice teinturier, « l’examen comparé de ces deux formations est sans appel ». Sur l'accusation d'attiser la violence, le RN fait 18 points de moins que LFI ! Dangereux pour la démocratie ? 16 points de moins que pour La France insoumise. La stratégie de désextrémisation a porté ses fruits. Le stade ultime de la conquête du pouvoir repose donc sur le renversement du fameux barrage du front républicain. Le parti extrémiste, antidémocratique, outrancier, avec toute une rhétorique plus ou moins antisémite assumée, contre lequel il faut voter, c'est bien LFI !
Les électeurs du centre et de droite regrettent d'avoir voté NFP !
Justement, cette même étude Ipsos a judicieusement questionné les électeurs sur leur sentiment postélectoral, notamment ceux qui, au centre ou à droite, ont « fait barrage », allant même jusqu'à voter NFP et LFI, à l'appel d'un Gabriel Attal ou de leaders LR (p. 8 de l'enquête). Chez les électeurs macronistes, ils sont 46 % à regretter ce vote en faveur du NFP. Chez les électeurs LR et divers droite, le regret est nettement majoritaire : ils sont 62 %, dont 24 % à éprouver des regrets importants ! Pourquoi ce revirement ? D'abord, l'épouvantail LFI, bien sûr. Ensuite, la prise de conscience d'avoir été victime d'un hold-up électoral du NFP et de la Macronie suscite des sentiments négatifs chez une majorité de Français (p. 17), d'autant plus forts que l'on va vers la droite. Enfin, le retour au réel, avec Solingen, La Grande-Motte, Mougins et Vallauris fait voler en éclats les subterfuges du NFP et de la Macronie sur l'immigration et l'insécurité.
Ces électeurs manipulés, floués, peuvent certes se réjouir de l'exfiltration en cours de LFI par Macron et les groupes parlementaires qui ont prévenu qu'ils censureraient un gouvernement NFP, mais l'arnaque électorale reste amère. Pour la droite et le RN, tout l'enjeu de cette législature chaotique sera d'accompagner cette frustration, d'accueillir ces électeurs et d'ouvrir une perspective crédible d'alternance : derrière la déception et la colère, l'attente est immense. Il ne s'agit pas de refaire le match mais de préparer le prochain. Et de le gagner.
147 commentaires
Curieux. Les sondeurs savent , connaissent même les regrets ! Bon, le NFP n’existait pas et certains électeurs ont pu prendre la mesures de leur exigences ( nous avons gagné et imposons Mme etc ). Mais il y a eu la Nupes. La mémoire a flanché ? Ce dont, je suis sûr, en revanche, est que les électeurs ( les gens , en général ) n’aiment pas les « tambouilles » qui aboutissent, in fine,… à la situation actuelle.