Sondage : Mélenchon, la meilleure chance de Marine Le Pen !

© Geoffroy Antoine
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« S’il fallait choisir entre les deux, et si le vote blanc n’était pas une option, j’irais à 19 h 59 voter pour Marine Le Pen en me disant, sans y croire, "plutôt Trump que Chávez". » En juin 2021, le philosophe Raphael Enthoven mettait le feu à Twitter en expliquant qu’entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, il voterait pour la première contre le deuxième au second tour de l’élection présidentielle de 2022. Si de l’eau a coulé sous les ponts, le philosophe a en tout cas devancé le sondage publié par Harris Interactive, ce mercredi 13 septembre. Avec au moins 30 % des voix, Marine Le Pen est effectivement donnée en tête au premier tour, dans toutes les hypothèses. Avec Jean-Luc Mélenchon en dauphin quel que soit le cas de figure… à l’exception d’un seul : la candidature d’Édouard Philippe. L’ancien Premier ministre d’Emmanuel Macron a en effet le vent en poupe et semble être, à l’heure ou nous écrivons ces lignes, le mieux placé pour succéder à Emmanuel Macron et porter les idées du centre droit.

Mélenchon face à Marine : le scénario idéal pour Marine Le Pen !

Il avait failli y croire. Le soir du premier tour de l’élection présidentielle, alors que les médias avaient annoncé sans contestation possible l’accession de Marine Le Pen et Emmanuel Macron au second tour, l’écart entre la candidate du RN et celui de LFI s’était considérablement réduit, au cours de la soirée. De quoi permettre à Mélenchon de lancer la séquence « Matignon » et inciter son électorat à propulser la NUPES (pour ne pas dire LFI) en tête des élections législatives pour forcer Macron à une cohabitation avec les forces de gauche. Peine perdue. Si la NUPES est arrivée première après la majorité, c’est uniquement grâce à la notion d’inter-groupe dont le bénéfice s’étiole au fur et à mesure des divergences qui agitent la gauche. D’ailleurs, les élections législatives ont été rudes, pour LFI, qui a vu ses duels avec le RN au second tour perdus « à plus de 70 % », se félicite un membre de l’entourage de la présidence du RN. Plus largement, dans les 59 oppositions entre NUPES et Rassemblement national, le RN s’est imposé 33 fois, contre 26 pour la NUPES. En d’autres termes, si la NUPES arrive à résister à la vague RN, LFI reste le maillon faible du barrage républicain à gauche. D’ailleurs, sur les 62 candidats Ensemble éliminés au profit d’un duel NUPES-RN, seuls 7 ont appelé clairement à faire barrage au RN.

L’arc républicain contre le front républicain

« Nous ne devons pas oublier notre naïveté. N’oublions pas, non plus, nos erreurs. La mienne et quelques-uns d’entre nous : d’avoir cru que la violence de la guérilla urbaine pouvait venir à bout d’un régime et que c’était une méthode qui pouvait avoir du succès. » En quelques mots, Jean-Luc Mélenchon a admis le naufrage de LFI pendant les émeutes et au-delà, un regret qui n’attire pas la sympathie du député Stéphane Vojetta (REN) : « Cette erreur avouée ne sera pas pardonnée. Lui et ces "quelques-uns d'entre nous" devront assumer d'avoir soufflé sur les braises de la violence. »

Au fond, Vojetta a confirmé la tendance des sondages. En rejetant massivement la NUPES et ses excès, la majorité a adoubé en quelque sorte le RN. Comme si on ne pouvait avoir plusieurs ennemis au risque de paraître minoritaire. Comme si, au fond, la stratégie de la cravate, aussi simple soit-elle, avait fonctionné au-delà des espérances du parti à la flamme. Tandis que Fabien Roussel, pourtant lucide quant à la réalité du vote RN, a incité ses troupes à « envahir les préfectures », le RN savoure le bien-fondé de sa stratégie. « Ne faites pas mentir les sondages, envahissez les bureaux de vote plutôt que les préfectures », s’est enthousiasmée, par téléphone, la porte-parole du groupe RN Laure Lavalette.

En bref, derrière le sondage laudatif concernant Marine Le Pen se cachent deux enseignements : La France insoumise va découvrir le poids du barrage républicain et le RN va devoir trouver une parade au phénomène Édouard Philippe. Un sondage pas simple pour le RN, catastrophique pour LFI.

Marc Eynaud
Marc Eynaud
Journaliste à BV

Vos commentaires

39 commentaires

  1. Si des français après avoir bouffé du Macron pendant dix ans avaient l’idée de continuer avec Philippe, ce serait à se flinguer (au sens propre!)

  2. Je ne comprends pas la popularité d’Edouard Philippe, dont les seuls faits d’armes sont la gabegie entrainée par la limitation à 80 km/h, le mouvement des gilets jaunes et, beaucoup plus grave, l’invention du fameux « quoi qu’il en coûte ».
    Si les Français considèrent que notre pays n’est pas encore assez endetté, il faut effectivement voter pour Edouard Philippe en tombant dans le panneau des enquêtes d’opinion plus que discutables.
    N’en déplaise à Alain Minc, les candidats « du cercle de la raison » sont loin d’être raisonnables !

  3. Faut bien se rendre compte que cet orateur ne ménage pas ses peines au quotidiens pour favoriser Madame Le Pen dans les résultats des sondages par ses déclarations tonitruantes. A mon sens Zemmour avec Reconquête doit être jaloux.

  4. Philippe est promu dans les médias publics et privés.
    Le mouton conduit par son berger à la mort ne connaît pas son bourreau, l’électeur le désigne (Octave de Mirbeau).

  5. Illusion? « L’Italie à l’épreuve du feu » montre que le programme de Mme Meloni a été brisé par « l’UE ». En France idem? Un programme RN, même légitimé par une majorité de Français, sera dans « les choux de Bruxelles ». Les fondements de « l’UE » reposent sur des Traités. Il ne fallait les signer. Ni non plus celui dont ne parle étonnant pas, dit « de Marrakech »… « L’UE » reste un rideau et un masque de fer indéboulonnable.

  6. Et un sondage très mauvais pour la droite puisqu’il crédite Zemmour de 6% et Wauquiez de 5% soit une droite à 11% (Zemmour considère que Marine Le Pen est de gauche et cette dernière se dit ni de droite ni de gauche, ce qui lui réussit très bien ) quand le camp des patriotes (MLP et NDA ) raffle 32 à 35% selon le candidat macroniste. On dirait bien que le bon positionnement est celui de MLP (elle n’est ni libérale, ni conservatrice mais « sociale ») et que l’utilisation compulsive des mots « droite » et « conservateur » n’enthousiasme pas les foules.

  7. S i je vote Le Pen, ce n’est pas par un amour immodéré pour cette personne, ni pour son programme qui malgré sa bonne volonté, ne pourra être appliqué qu’à la marge, si nous ne sortons pas des griffes de bruxelles, mais par un profond dégout que m’inspirent tous ces concurrents qui s’auto proclament républicains et qui on mené et mènent la France au précipice. C’est aussi par instinct de survie pour la France et mes descendants, car pour moi j’ai l’avenir devant moi quand je me retourne. Je suis ,j’allais dire pessimiste, mais hélas, je crains de n’être que réaliste.

    • Faut bien se rendre compte que cet orateur ne ménage pas ses peines au quotidiens pour favoriser Madame Le Pen dans les résultats des sondages par ses déclarations tonitruantes. A mon sens Zemmour avec Reconquête doit être jaloux.

    • Tout a fait exacte, ne plus voter pour ceux qui ont participé a un quelconque gouvernement, les seul responsable de ce qui nous arrive et surtout pas à gauche.

  8. Melenchon souhaite que le RN soit en tête pour pouvoir rallier toutes les voix qui s’oppose à ce Parti et invoquer le sursaut républicain. Quel français sérieux peut imaginer les Panot, Boyard et autres à la tête de l’Etat.

    • Nous avons déjà le théâtre de Guignol alors ajouter quelques comiques au tableau ne nous fera pas changer de registre.

  9. Mais qu’est-ce que les Français trouvent à Édouard Philippe ?
    Les présidentielles successives sont une descente aux enfers.

  10. Nous ne le répèterons jamais assez , il faut une alliance de tous ces partis de droite pour éliminer tous ces nuisibles , la survie de ce pays est en jeu . S’ils aiment ce pays et veulent lui redonner sa gloire d’antan qu’ils le prouvent , c’est maintenant ou jamais .

  11. Cette analyse confirme la tendance lourde, déjà détectée au second tour de juin 2022. Le seul parti capable de trouver des électeurs dans tout l’arc électoral est aujourd’hui le Rassemblement national et il reste le seul parti national à pouvoir battre le prochain Macron que la droite et la gauche unies dans le parti au pouvoir, vont nous sortir de leur chapeau pour 2017.

    • C’est ce qu’on pouvait penser il y a encore quelques mois. Aujourd’hui on se rend bien compte qu’elle a rejoint le club des mondialistes et qu’il n’y a plus grand chose à en attendre puisque tout candidat mondialiste est parfaitement interchangeable. bonnet blanc/blanc bonnet. Ca ne fera aucune différence.

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